En 1938, accueillant à Paris les souverains britanniques, Jean Zay y apprécia la personnalité de la reine Elisabeth. Il raconta ses premières impressions en 1943 dans son ouvrage Souvenirs et solitude.
Dans Souvenirs et solitude, le 27 juillet 1943, Jean Zay évoque le souvenir de l’accueil des souverains britanniques, parents de la future Elisabeth II, à Paris en juillet 1938.
“Etrange souvenir des derniers jours de fête, quand les jours de malheur sont venus ! On peut bien les évoquer sans amertume. C’est lâcheté que de les fuir…Au reste, ce qui avait de l’importance en ces jours de juillet 1938, c’était moins d’accueillir convenablement des hôtes royaux – devoir élémentaire – que d’éprouver toujours vivace une amitié si naturelle. La France et l’Angleterre se serraient les coudes.
Les souverains britanniques se montrèrent, tout au long de ce voyage, simples et souriants. […] Mais c’est surtout la reine Elisabeth qui, en quarante-huit heures, fit la conquête des Parisiens et charma tous ceux qui l’approchèrent. On lui vit, avec une petite taille et une constante modestie d’attitude, une majesté naturelle qui marquait tous ses gestes, toutes ses paroles. Son sourire plein de finesse et de grâce que chacun recevait pour lui, son salut accueillant, l’harmonie de toute sa personne et visiblement de toutes ses pensées, frappaient dès qu’elle apparaissait. A beaucoup elle inspira la même réflexion : c’était une féminité curieusement française que celle de la reine d’Angleterre. […]
Pendant ces trois journées, on aperçut parfois dans un coin, en simple veston de touriste, avec un imperméable et un chapeau rond, un homme qui, ne détenant point de fonctions gouvernementales, n’avait pas été invité officiellement, mais s’était associé spontanément à cette rencontre franco-britannique : M. Winston Churchill, le sourire et le cigare à la bouche.”