Le maire d’Orléans et président des Républicains du Loiret a officialisé samedi 27 août 2022 sa candidature à la présidence nationale de LR. Une candidature de « témoignage » mais qu’il souhaite porter au nom d’une « troisième voie », celle d’un accord de gouvernement sur la base de cinq urgences : régalienne, climatique, sociale, financière et institutionnelle.
Par Jean-Jacques Talpin
Il a déjà la prestance, a adopté un nouveau phrasé de son discours, se déplace sur scène avec un micro-cravate a l’image des stars médiatico-politiques : le nouveau Serge Grouard est arrivé. Mais cette fois avec un positionnement présidentiel. Pas encore celui de la présidence de La République (qui sait, plus tard…) mais celui de futur patron des 45 000 Républicains encore encartés. Le maire d’Orléans mais qui est aussi président LR du Loiret a donc officialisé samedi 27 août 2022 au matin lors de la rentrée de son parti sa candidature à la présidence nationale de LR, élection qui se tiendra les 3 et 4 décembre et où devraient concourir de nombreux élus (entre autres Éric Ciotti, Virginie Calmels, peut être Michel Barnier) qui veulent occuper le siège laissé vacant par Christian Jacob. Loin pour lui de mener campagne pour assouvir « une ambition personnelle par le biais d’intrigues courtisanes ou de jeux de pouvoir ». Mais à l’image du Général ou de Jeanne d’Arc, Serge Grouard a entendu des voix lui demandant de sauver la droite et la France. « Il y a affirme-t-il urgence à redresser la France qui va mal avec une délinquance qui explose, une dette abyssale, une école et un hôpital en crises, une immigration non contrôlée ». L’absence de majorité née des élections législatives lui fait craindre aussi un “risque de chaos », une évolution de « Charybde en Scylla » avec l’inconnue d’une éventuelle dissolution.
Cogestion Grouard/Macron…
A cela s’ajoute la crise des Républicains devenu un « petit syndicat d’élus qui s’étiole d’élection en élection », un parti « sans ligne politique claire, sans stratégie définie ». Face à cette double crise Serge Grouard esquisse trois alternatives : un parti qui reste seul, en affichant une opposition constructive mais sans issue. Ou alors une union des droites avec le RN, une « Nupes de droite mais qui serait notre mort assurée, comme le PS dans la Nupes de gauche ». Face à cela il préconise donc une « troisième voie » qui récuse la « politique du pire » : celle d’un contrat de gouvernement avec Emmanuel Macron. « Nous sommes plaide-t-il la clef de voute du système politique. Rien ne peut se faire sans nous. Nous pouvons trouver un accord, qui n’est pas une compromission, sur la base de nos urgences sur le régalien, le climat pour préparer l’après-pétrole, le social, le financier pour contenir la dette, l’institutionnel pour relancer la décentralisation ». Ce contrat de gouvernement qu’il est le seul à proposer aurait l’avantage de remettre LR au cœur du jeu politique afin de rompre « avec la politique du flou et cde la droitisation mortifère ». S’il est élu le maire d’Orléans proposera donc une cogestion Grouard/Macron.
Le « génie de Serge Grouard » …
Pour cela il a commencé par arrondir les angles avec un ton plus mesuré et sans attaques verbales ou écrites vengeresses contre le Président de la République. Mais pour être élu encore faut-il réunir une majorité de voix au sein des adhérents LR qui se cherchent toujours un positionnement clair. Pour faire pencher la balance il met en avant son bilan municipal : « baisse de la délinquance de 80%, impôts stables, agenda 21, réduction effective de 17% (et 50% à l’horizon 2030) des émissions de gaz à effet de serre”. Orléans deviendra donc un modèle national. Pour conforter son image et lui donner un écho national Serge Grouard avait convié à cette rentrée politique quatre intervenants : Nicolas Forissier, un des deux députés LR survivants de la région, Patrick Stéfanini, spécialiste des questions de sécurité et d’immigration (ancien directeur de campagne de Valérie Pécresse) ainsi que Gilles Carrez un pro des questions financières et Yann Moix l’écrivain originaire d’Orléans. Tous trois ont vanté les mérites du maire d’Orléans, Yann Moix jamais avare de bons mots louant même le « génie de Serge Grouard… ».
Serge Grouard croit-il vraiment à ses chances de mettre la main sur LR ? Difficile à dire tant la confusion est grande dans ce parti en mal d’existence. « Je mets les pieds dans le plat » insiste Serge Grouard pour qui sa candidature a déjà au moins un mérite : celle de « rallumer la flamme de l’espoir ! »