Chronique du Festival d’Avignon #1

MagCentre vous propose cet été, un détour par la Provence et son célèbre festival en juillet dans la cité des papes, lesquels ont laissé à la ville un château-palais à visiter, des églises et chapelles, des remparts…

Par Bernard Thinat

Le Festival d’Avignon, c’est une immense entreprise de spectacles vivants qui vit depuis 1947, et qui, nonobstant 2 ou 3 années de crises, qu’elles soient pandémique ou politique, a su échapper à de nombreux soubresauts et se développer de manière quasi exponentielle. Aujourd’hui, ce sont 1600 spectacles différents qui sont offerts aux festivaliers ainsi qu’aux avignonnais, dans quelques 150 lieux différents, durant 3 semaines et demie.

Le Palais des Papes -Photo B.T.

Historique

Il y a le IN, celui créé par Vilar en 1947, on dit aussi l’officiel quoique cette définition ne soit plus très exacte, et le OFF, géré aujourd’hui par une association, mais qui n’intervient pas dans la programmation des compagnies. C’est en 1966 qu’un avignonnais, André Benedetto, crée un premier spectacle pendant le IN, rejoint par un autre, Gérard Gelas, qui ne s’embarrassant pas de préjugé, nous sommes en 1968, crée « la Paillasse aux seins nus », spectacle aussitôt interdit, et qui le conduisit en garde à vue, pour « risque d’atteinte à l’ordre public ». Aujourd’hui, c’est plutôt du côté de Moscou ou de Téhéran qu’on met les artistes en prison. Libéré, il fut invité, lui et sa troupe, sur le plateau de la Cour d’Honneur, par Maurice Béjart qui l’occupait à ce moment-là. Telles étaient les mœurs gaullistes de l’époque, et les turbulences théâtrales…

En 2022

Le OFF cette année, c’est 1560 spectacles différents, dans des lieux qui vont du théâtre permanent en passant par la chapelle (le temps des papes en a laissé d’agréables et bienvenues par des temps caniculaires), ou le hangar aménagé, voire la salle à manger, tous lieux climatisés évidemment. En arrivant, le festivalier prend sa carte OFF à 16 €, ce qui lui permet d’obtenir 30 % sur le prix des places, évoluant donc après réduction entre 10 et 17 €. Il ne lui reste plus qu’à piocher parmi les 1560 propositions dans un programme papier de près de 500 pages, entre celles de théâtre, les plus nombreuses évidemment, de danse, de concerts, de marionnettes… ou de mime, mais j’y reviendrai. A moins qu’en tant qu’habitué du Festival, vous ne placiez vos préférences sur les spectacles du IN et ses lieux emblématiques, voire mythiques, dont il devient de plus en plus difficile d’obtenir des places.

La rue des Teinturiers et ses anciens moulins – Photo B.T.

Des lieux mythiques, il y en a 2 : la Cour d’Honneur du Palais des papes, à l’immense plateau, régulièrement transformée notamment pour ses gradins, on en est à la 6ème génération. Comme l’écrit Olivier PY qui termine son mandat à la tête du Festival, la Cour « est un symbole de la République, de la décentralisation de la culture et du théâtre comme service public ». Tous les plus grands metteurs en scène, acteurs et actrices, y sont passés, certains avec un tel succès qu’on peut se souvenir de leurs créations longtemps après, d’autres s’y sont cassés les dents, tant l’appropriation d’un tel lieu n’est pas simple.

Le second lieu mythique est situé à une vingtaine de km de la cité des papes, dans une ancienne carrière de pierres. Mais son installation relevait de l’exploit, il fallait tout amener, électricité comprise, tant et si bien qu’elle n’est plus utilisée, en raison notamment de son coût.

Parcourant les rues d’Avignon intra-muros, le visiteur peut être surpris, d’une part par des tonnes d’affiches sur les murs (aucune n’est collée, toutes sont attachées par des morceaux de ficelle, ce qui permet aux services municipaux de tout nettoyer dès la fin du festival), et d’autre part par des artistes distribuant leurs flyers, vous invitant à aller voir leurs spectacles, parfois déguisés et interprétant qui une chanson, qui un sketch. Car pour eux, c’est un combat ! Certains voient leurs salles pleines durant 3 semaines, d’autres pas. Bien que peu de chiffres circulent, on sait que certaines compagnies repartent criblées de dettes.

Un mur d’affiches – Photo B.T.

 Voilà pour la présentation du Festival d’Avignon, considéré par sa durée, le nombre de spectacles, le nombre de festivaliers ou simples visiteurs d’une journée, comme le plus grand Festival d’Europe et sans doute du monde.

A suivre

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