Le FRAC fait son cinéma en juillet

Le Fonds Régional d’Art Contemporain du Centre-Val-de-Loire vous invite à trois soirées nocturnes de cinéma gratuites et en plein air tout le mois de juillet sur le site des Turbulences à Orléans. La première séance a mis à l’honneur ce 7 juillet 2022 les pionnières du cinéma.

Par Sophie Deschamps 

La première séance de cinéma de plein air du FRAC a réuni une quarantaine de personnes le 7 juillet à Orléans. À l’écran, Making an Américain Citizen d’Alice Guy. Photo Sophie Deschamps

Une petite laine était de rigueur ce jeudi 7 juillet à 22h pour déguster cette première nocturne dans la cour des Turbulences à Orléans. La programmation était résolument féministe en cette deuxième saison avec sur l’écran sept court-métrages réalisés par des pionnières du 7ème Art au début du XXe siècle. 

Alice Guy, première cinéaste de fiction 

Parmi elles, Alice Guy (1873-1968) première réalisatrice de l’histoire du cinéma. À 23 ans, elle est secrétaire chez Léo Gaumont qui vend à cette époque des caméras.  Elle lui demande un beau jour de 1906 de lui en prêter une pour filmer des petites scènes, écrites par ses soins : la fiction cinématographique est née avec La Fée aux choux. L’année suivante, en 1907, elle ouvre sa propre société de production de films aux États-Unis. Le public orléanais lui a pu découvrir trois court-métrages de la cinéaste : Making an Américain Citizen (1912) dans lequel un russe émigré aux USA au début du XXe siècle apprend peu à peu à respecter sa femme grâce à des leçons d’américanisme. Féministe, burlesque et savoureux. Son originalité tient aussi au fait que les dialogues sont chantés.

Matrimony’s Speed Limit (1914, 13 minutes) Une course-poursuite haletante qui met en scène un jeune homme, ruiné par le jeu, qui doit épouser sa dulcinée avant midi afin toucher une grosse somme d’argent. Succulent et haletant avec déjà des effets spéciaux comme on peut le voir sur la photo avec les cartes à jouer qui viennent tourmenter le jeune homme dans son sommeil en une ronde infernale.

Matrimony’s speed limit d’Alice Guy. Court métrage projeté au Ciné Plein air du FRAC le 7 juillet 2022. Capture d’écran Sophie Deschamps

Puis en fin de séance The Girl in the armchair.(1912)Un film de presque 10 minutes, muet et plus classique sur une intrigue amoureuse comme souvent à cette époque.

Germaine Dulac, cinéaste avant-gardiste

Moins connue, Germaine Dulac (1882-1942) est aussi l’une des pionnières du 7ème Art. Féministe, journaliste, très vite attirée par le cinéma. En 1915, elle saute le pas et crée comme Alice Guy sa propre maison de production et tourne son premier film Les Soeurs ennemies.

capture d”écran du film de Germaine Dulac “Celles qui s’en font” avec Liliane Constantini. FRAC Orléans. Sophie Deschamps

Le FRAC lui a choisi Celles qui s’en font (1930) un court-métrage noir de 6 minutes qui raconte le triste destin d’une femme en deux parties Toute seule et À la dérive. La cinéaste adopte un style impressionniste novateur pour l’époque avec notamment de nombreux gros plans. Son film qui fait aussi penser à un clip vidéo avec l’introduction de deux chansons doit également beaucoup à l’interprétation impeccable de l’actrice française Lilian Constantini.

Lois Weber, cinéaste et actrice 

Les femmes aimaient aussi manier la caméra de l’autre côté de l’Atlantique, à l’instar de Lois Weber(1879-1939) réalisatrice, scénariste, actrice et productrice américaine. Le FRAC a projeté deux de ses court-métrages : Suspense (1913, 7 minutes) qui met en scène un vagabond qui s’introduit dans une maison où une femme est seule avec un enfant.

capture d’écran film Fine Feathers de Lois Weber. Ciné plein Air FRAC. Sophie Deschamps

Puis Fine Feathers(1912, 10 minutes). Comme souvent, il y est question de la négligence des hommes avec les femmes, mais aussi du don des femmes à créer. Élégant et résolument féministe. 

 

Fatty et Meibel, vedettes du muet

Les hommes cinéastes n’étaient pas tout à fait exclus de cette première séance avec la projection du moyen métrage américain Mabel and Fatty’s simple Life (1915, 20 minutes) de Roscoe Arbuckle (1887-1933) plus connu sous le nom de “Fatty”. On lui doit notamment le fameux lancer de la tarte à la crème.

Fatty et Mabel Normand dans Mabel and Fatty’s simple Life de Roscoe. Photo Sophie Deschamps

D’ailleurs Mabel and Fatty’s simple Life est hilarant et trépidant. Plusieurs scènes font bien sûr penser à Charlot ou Buster Keaton. L’occasion de voir d’immenses vedettes de cette époque dont Fatty lui-même derrière et devant la caméra et l’américaine Mabel Normand (1892-1930). Elle aussi était d’ailleurs réalisatrice, scénariste et productrice. A vingt ans, elle a ainsi codirigé des films avec une jeune vedette, un certain Charlie Chaplin.

Il est donc urgent de redécouvrir toutes ces femmes qui ont fait avancer le 7ème Art.

capture d’écran au FRAC de Sophie Deschamps

Les prochaines séances (gratuites) de Ciné Plein Air du FRAC, place de la romancière à Orléans :

Jeudi 21 juillet à 22h : le film d’animation Nausicaä de la Vallée du Vent d’Hayao Miyazaki (1984, 1h57) adaptation du manga japonais éponyme d’Hayao Miyazaki lui-même. Un long-métrage d’une actualité brûlante puisqu’il parle « d’une Terre ravagée par la folie des hommes ».

Jeudi 28 juillet à 22h30 : Mutantes : punk porn feminism de Virginie Despentes (2009, 1h30) déconseillé aux moins de 16 ans. Mutantesgratuites  dessine les contours d’un féminisme qui revendique une liberté sexuelle totale, à l’exemple du mouvement américain « prosexe » des années 80.

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