Quelle belle idée du Cercil de convier, ce mardi soir, la musique pour commémorer le quatre-vingtième anniversaire de la Rafle du Vel d’hiv des seize et dix sept juillet 1942 à Paris. L’impétuosité de la clarinette associée à la solennité de de l’orgue dans la lumière déclinante de la cathédrale d’Orléans invitaient le public à une méditation d’une exceptionnelle intensité.
Par Gérard Poitou
Yom & Baptiste-Florian Marle-Ouvrard Cl GP
Il y avait foule ce mardi soir pour venir écouter ce duo totalement original formé par le clarinettiste Yom (que l’on avait déjà entendu à Orléans en 2014) et le titulaire des grandes orgues de Saint Eustache à Paris, Baptiste-Florian Marle-Ouvrard. La curiosité des mélomanes était grande de découvrir ce duo inattendu entre ces deux instruments “à vent”, d’autant que chaque représentation de ce duo est bâtie sur une improvisation coordonnée des deux instrumentistes que leur virtuosité transcende. Entre le clarinettiste inspiré par les musiques juives ashkénazes et le musicien d’office de Saint Eustache, les répertoires et les deux instruments sont presque aux antipodes, et leur rencontre, le dialogue qui s’instaure entre eux, se révèlent d’une richesse harmonique qui nous fait entrer dans l’universalité de la musique., prémisse de notre universelle humanité.
Car c’est à une véritable méditation, à une mystique musicale que nous invitent la déambulation de la clarinette dans ce lieu chargé de religiosité associée à la gravité toujours contenue, presque humble de l’orgue. Ce voyage sonore immobile auquel nous convie ce dialogue introverti des instruments, nous conduit lentement à l’essentiel, à cette magie abstraite de la musique qui soudain nous interroge au plus profond de nous-mêmes, simplement pour célébrer notre existence collective. Les ombres du Vel d’hiv surgissent alors dans la plénitude de notre condition humaine.
Le Cercil Musée Mémorial