Le courage des résistants loirétains Alice et Jean Pelletier

Ce petit livre de l’historien orléanais Georges Joumas Jean et Alice Pelletier, un couple dans la Résistance et la Déportation publié fin juin chez Corsaire Éditions raconte l’histoire de ces époux. Courageux dans l’action et exemplaires dans l’épreuve, ils méritent tous deux de sortir de l’ombre. 

Par Sophie Deschamps 

Couverture du livre de Georges Joumas, Jean et Alice Pelletier, un couple dans la Résistance et la Déportation (Éditions Corsaires). Photo Sophie Deschamps

Le devoir de mémoire des héros de la seconde guerre mondiale passe par la reconnaissance de personnalités discrètes mais qui ont été un rouage essentiel dans la libération de la France du joug nazi.  C’est ce qui a guidé Georges Joumas, docteur en histoire contemporaine et spécialiste de la Résistance à écrire ce petit ouvrage très documenté et généreusement illustré. Il réside en outre à Saint-Jean-de-Braye à deux pas de la Loire et du parc des Armenault où se trouve une stèle sur laquelle on peut lire ceci : 

Stèle Alice et Jean Pelletier, Parc des Armenault à Saint-Jean-de-Braye. Photo extraite du livre de Georges Joumas Jean et Alice Pelletier, un couple dans la Résistance et la Déportation

Jean Pelletier, grand serviteur de l’État a passé dix années en Afrique avant la guerre où il a cherché sans cesse à améliorer les conditions de vie des populations locales. Aussi, après l’Appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle, il veut se rendre utile comme le raconte sa femme Alice : « L’occupation allemande rendait mon mari fou et il chercha très vite à prendre contact avec la Résistance. C’est alors qu’il a rencontré le colonel Rémy, qui l’a surnommé Jim et il est devenu membre du réseau CND Castille. C’était le plus important réseau de renseignements pendant la guerre ».

Jean Pelletier est ainsi accrédité agent P2 du réseau CND le 1er septembre 1941, suivie de son épouse Alice le 1er novembre 1941.

Le couple habite alors un pavillon à Asnières avec leurs quatre enfants. C’est donc chez lui qu’il va transformer des documents en microfilms pour Londres et qu’il cache ensuite judicieusement dans des tiroirs invisibles de l’extérieur. 

Jim, donc, concentre son action sur trois secteurs géographiques : la région parisienne où il habite, la région orléanaise où ses parents ont une résidence secondaire discrète et enfin en Belgique où il a travaillé en 1937 et noué de solides amitiés. 

Alice elle est agent de liaison, c’est-à-die qu’elle accueille chez elle des membres de la résistance. Autant d’activités très risquées qui ne vont pas tarder à briser leur destin.

Arrêté·e·s en 1942, puis déportée·s 

Le 29 ou 30 mai 1942, l’agent de liaison Capri du CND, affreusement torturé “donne” les noms de 34 membres du réseau dont celui de Jean Pelletier. Ce dernier est arrêté le 10 juin 1942 chez lui à Asnières à 6 heures du matin mais les nazis présents ne trouvent rien. Interné à la prison de la Santé, il rate de peu son évasion. Il est alors transféré à Fresnes et mis aux fers jusqu’à son départ pour l’Allemagne.

Alice est elle arrêtée quatre semaines après son époux, le 6 juillet 1942 à 9 heures du matin : « C’est au retour de l’école que les quatre enfants apprennent l’arrestation de leur mère. On imagine leur douleur et leur désarroi » écrit Georges Joumas p 31.

C’est un long chemin de croix qui débute alors pour Jean Pelletier. Transféré dans de nombreux camps dont ceux de Mauthausen et de Dachau. Il décède d’épuisement, de manque de soins et de nourriture le 29 mars 1945 à Nordhausen, deux semaines seulement avant la libération. du camp par les Américains.

Alice rescapée par miracle 

Alice Pelletier aura plus de chance puisqu’elle survivra aux camps mais après avoir subi de terribles épreuves. Elle aussi va passer par de nombreux camps : Ravensbrück, Lublin, puis Auschitwz où elle échappera à la mort grâce à l’arrivée des soldats russes le 27 janvier 1945. Atteinte de la tuberculose, elle fera de longs séjours en sanatoriums  avant de pouvoir retrouver ses enfants à Orléans en 1948. 

En 1962, elle s’installe à Marseille près de sa fille aînée Lise. Mais elle reviendra à Orléans pour inaugurer en 1987 le collège Jean Pelletier. Elle s’éteint à Marseille le 21 mai 1994, à l’âge de 91 ans.

Jean Pelletier a reçu de nombreuses distinctions à titre posthume : le « King’s Commandation for brave conduct » décerné par les Britanniques le 23 janvier 1946.
En France, le 17 mai 1946 la médaille de la Résistance française, décernée au couple.
Enfin, Jean Pelletier est fait chevalier de la Légion d’honneur le 19 juin 1950.

Jean et Alice Pelletier, Un couple dans la Résistance et la Déportation par Georges Joumas, Corsaires Éditions, 9,50 €.

Photo de Une : Georges Joumas, docteur en histoire contemporaine, auteur du livre.

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