Suite du Focus Raoul en compagnie de nos amis belges, après « Paying for it » la semaine dernière, c’est « Pueblo » qui a été proposé au public orléanais ce mercredi et jeudi, avec David Murgia seul en scène dans une performance étourdissante.
Par Bernard Thinat
Ascanio Celestini, auteur italien, nous a livré un texte d’une grande beauté, par la voix de David Murgia, acteur du Raoul Collectif. Un texte qui parle des petites gens, celles et ceux qui comptent chaque euro pour survivre. Il y a là, pêle-mêle, et sans ordre protocolaire, celle qui au marché crie « clémentines », à côté d’elle le vendeur de pizzas, l’immigré qui charge et décharge des caisses des camions du supermarché du coin et qu’on renvoie dans son pays natal, la dame qui donne des jetons aux adeptes des machines à sous, la mère et sa grande fille caissière à l’essai et qu’on aperçoit à travers la fenêtre, et surtout Dominique. Enfin, le narrateur et son ami Philippe Orivel qui l’accompagne au clavier et à l’accordéon.
Philippe Orivel à gauche et David Murgia à droite – Photo B.T.
Ces gens-là, ce ne sont pas ceux qui font les gros titres des médias, sauf nous dit Murgia, s’ils sont mêlés à un fait divers sordide. Autrement, ils passent inaperçus. Et ils mourront comme ils ont vécu, dans l’indifférence.
Dominique, au centre du texte de Celestini, n’a jamais eu de chance dans sa vie. Plus de parents, elle finit dans une cabane près du supermarché et vit des conserves périmées qu’on lui donne. Sa vie n’aura été que descente aux enfers, entre maltraitances au pensionnat, agressions sexuelles, suicide raté. Murgia nous raconte sa mort quand elle retrouve celles et ceux qui ont quitté ce monde avant elle.
L’artiste belge projette le long, très long texte dans une fulgurance de mots, jet continu d’éléments de la vie sociétale, celle dont personne ne parle parce qu’elle n’intéresse ni les médias, ni les décideurs, ni les starts-up. David Murgia foudroie le public de son texte, comme quoi les mots conservent encore du sens aujourd’hui. Une performance ahurissante pour cet acteur, frère de Fabrice (quelle famille !), capable de tenir en apesanteur un public durant une heure trente. Chapeau l’artiste !
Après les prostituées dans « Paying for it », les gens de peu dans « Pueblo », que nous réservent les belges lors du troisième volet du focus Raoul ?
A suivre…
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