Rencontre avec Charles Fournier (54 ans), le nouveau député EELV-Nupes de la 1ère circonscription d’Indre-et-Loire, élu dimanche 19 juin avec 53,51 % des suffrages. Désigné jeudi vice-président du groupe Ecologiste à l’Assemblée, qui compte 23 députés, le Tourangeau semble avoir déjà trouvé ses marques.
Propos recueillis par Zoé Cadiot
Comment vivez-vous votre élection depuis dimanche ?
C’est un tourbillon de sentiments : une joie personnelle certes mais aussi collective tant mon élection est le fruit d’une véritable aventure citoyenne. Vous prenez aussi conscience de l’immense tâche qui est devant vous. Aussi pas de temps à perdre.
On annonce une session parlementaire compliquée….
Il est vrai qu’on fait face à une composition inédite avec cette majorité relative. Les débats s’annoncent passionnants. Nous ne sommes pas dans une logique d’opposition stérile mais bien de construction. Oui, tout est ouvert avec cette nouvelle assemblée qui semble tout droit sorti d’un scrutin proportionnel. C’est un peu la Sixième République qui s’est invitée dans la Vème. A nous maintenant d’y aller, de faire avancer les choses.
Membre du tout nouveau groupe Ecologiste, aurez-vous un rôle particulier ?
Si je viens d’être élu vice-président du groupe en charge des relations avec la société civile et le parlement de la Nupes, je n’oublie pas que notre action est collective. Ce n’est pas un hasard si nous avons désigné Julien Bayou (Paris) et Cyrielle Chatelain (Isère) à la tête de notre groupe. Certes c’est une coprésidence « de fait » car l’article 19 du règlement de l’Assemblée nationale ne prévoit qu’un nom par présidence de groupe, mais on espère bien faire changer les règles. Vous voyez que les questions démocratiques sont partout et que nous sommes déjà à l’action. Sur des questions institutionnelles mais aussi sur celles du quotidien. En attendant d’avoir cette coprésidence mixte sur le papier, nous aurons une présidence tournante, qui je vous le rappelle a déjà existé par le passé. En 2012.
Quel genre de député serez-vous ?
Je ne suis pas le premier député écologiste de la région. C’est Marie-Hélène Aubert, élue dans la 4e circonscription d’Eure-et-Loir en 1997 qui a ouvert la voie. Pour ma part, je veux rester connecter à ma circonscription, ma véritable boussole. Je n’oublie pas d’où je viens. Je serai donc un député de la nation mais aussi un député de terrain. On ne change pas le monde sans les gens.
Est-ce à dire que vous avez déjà votre permanence ?
Pas encore. Nous sommes en train de peaufiner notre dispositif car nous voulons instaurer en plus une permanence itinérante, qui s’inviterait dans les quartiers. Je vais aussi installer un parlement de circonscription avec des représentants politiques mais aussi des personnes de la société civile. L’idée avec ces ateliers citoyens est de partager et pourquoi pas d’écrire tous ensemble des projets de loi. Plus que jamais les enjeux sociaux sont liés aux enjeux écolos. C’est pour cela aussi que j’aimerai rejoindre la commission des Affaires sociales. Vous voyez l’éducation populaire, la démocratie, les transformations écologiques et sociétales des politiques publiques font toujours partie de mon ADN !
On dit que vous allez garder votre écharpe « régionale » ?
Je reste conseiller régional même si dans quelques jours je ne serai plus l’un des vice-présidents de la région Centre-Val-de-Loire, en charge notamment du climat et des transformations écologiques et sociales des politiques. Héritier notamment de Gilles Dequet et Jean Delavergne, je sais depuis mon premier mandat à la Région, en 2010, l’importance de l’ancrage territorial. Comme je sais qu’un député peut être une courroie de transmission entre l’Etat, les collectivités locales et les habitants.
Avec votre nouveau mandat, vous serez moins disponible à la Région. La relève est-elle prête ?
La nouvelle génération est là, emmenée par Jérémie Godet, président du groupe Ecologiste et solidarité et conseiller régional d’Argenton-sur-Creuse (Indre). Il devrait me succéder à la vice-présidence, lors de la prochaine plénière du conseil régional, les 30 juin et 1er juillet prochains. On travaille ensemble depuis longtemps. Aussi pour lui ce passage de témoin n’est pas une surprise même s’il arrive un peu plus vite que prévu avec mon entrée au palais Bourbon.