Avec son dernier concert de la saison 2021 2022, l’OSO a offert une prestation magistrale ce week end au théâtre d’Orléans. La Grèce antique était à l’honneur pour une évocation des mythes et légendes caractéristiques de cette culture fondatrice de notre civilisation. Et le plaisir d’entendre le chœur symphonique aux côtés de l’orchestre est un brillant final de saison dans lequel Beethoven tient la place centrale, magnifiquement servi par un étrange pianiste venu d’ailleurs : Mikaïl Bouzine.
Par Anne-Cécile Chapuis
L’OSO se prépare au concert du 18 juin salle Touchard. Photo AC Chapuis
Un programme savamment concocté et dirigé par Marius Stieghorst a empli de musique la salle Touchard. Les spectateurs, bravant la canicule, ont pris place pour un embarquement immédiat avec le grand Beethoven sur les pas de Prométhée, puis ont sillonné « Les Ruines d’Athènes » qui permettent de découvrir le chœur symphonique tout en nuances et sensibilités, dans une belle prestation construite en amont par Elisabeth Renaud, cheffe de chœur.
C’est ensuite le poème symphonique « Pan et Syrinx » de Carl Nielsen, présenté au public avec mise en évidence des thèmes, illustrés par de belles photos des sites et statues antiques, qui révèlent si besoin en était les agréables couleurs des solistes de l’OSO.
La première partie se termine avec « Les Eolides » de César Franck, cette pièce évoquant les filles du dieu Eole et qui met particulièrement en valeurs les pupitres de vent.
Un pianiste époustouflant
Mikaïl Bouzine entre rapidement et démarre de suite le premier mouvement du Rondo pour piano chœur et orchestre. D’emblée il met la barre haute. Il joue, il bouge, il mime, sans aucune complaisance sauf une : tout pour la musique. Son jeu n’est pas sans rappeler les attitudes repérées par un étudiant de l’ESAD dont les photos figurent dans l’exposition « carte blanche ». Axel Martinache a été saisi par « le flow » qui habite les musiciens lorsqu’ils sont en musique. Mikaïl Bouzine est entièrement happé par la musique qu’il produit, emportant l’auditeur dans la frénésie de son jeu et de ses sonorités. Au diapason avec l’orchestre et le chœur, plus rien n’existe dans la salle ni dans l’instant, sauf Beethoven.
Une respiration est ensuite proposée au spectateur pour qu’il puisse reprendre son souffle avec le « ballet des ombres heureuses » de Gluck, où Delphine Paquin et Laure Mauduit-Blin, flûtistes, font merveille.
L’apothéose du concert se situe avec la célèbre « Fantaisie pour piano, chœur et orchestre » de Beethoven, où l’on assiste à un déferlement de musique. Le ton monte, la température aussi, et l’on mesure combien cette œuvre de 1808 annonce la future symphonie n°9 qui sera le couronnement de Beethoven. C’est un beau final d’une saison qui a vu le retour de la musique en concert, et qui sait le dire avec brio et jubilation.
Final du concert du 18 juin avec le chœur et l’orchestre symphonique d’Orléans accompagnant Mikaïl Bouzine au piano. Photo AC Chapuis
Deux bis complètent cette profusion de musique : un hommage à l’Ukraine avec une pièce en solo interprété par Mikaïl Bouzine dans laquelle le musicien d’origine russe et lauréat du concours de piano d’Orléans 2020 montre un autre aspect de son superbe toucher pianistique.
En fin de concert, c’est « Orphée aux enfers » de jacques Offenbach, joli clin d’œil à la parodie hellénistique et souligné par un chœur partie prenante par les voix et les gestes.
Un concert salué par l’ovation du public, prêt à poursuivre le chemin avec son orchestre centenaire lors de la saison prochaine.
Pour en savoir plus :
https://www.magcentre.fr/233442-exposition-de-lesad-quand-symphonique-rime-avec-graphique/
https://www.magcentre.fr/evenement/orchestre-symphonique-dorleans-concert-fantaisies-grecques-2/
www.orchestre-orleans.com