Quand la Sécurité sociale n’existait pas, les enfants n’étaient pas protégés des conséquences des accidents dont ils pouvaient être victimes à l’école mais aussi parfois responsables. En 1932, des instituteurs décident de créer la Mutuelle assurance de l’éducation (MAE), une structure permettant de mutualiser les risques afin de protéger les enfants et leur famille en cas d’accident scolaire. Après avoir été l’une des plus importantes assurances scolaires, la MAE semble devoir faire face à de graves difficultés qui entraînent la fermeture d’agences dont celles de plusieurs villes du Centre-Val de Loire. MagCentre a interrogé d’anciens responsables de la MAE du Loiret.
Propos recueillis par Jean-Paul Briand
MagCentre : Toutes les agences aujourd’hui fermées, le sont-elles définitivement ?
Les anciens responsables de la MAE du Loiret : En Centre-Val de Loire, les agences d’Orléans, de Blois, de Chartres, de Châteauroux et de Bourges sont définitivement fermées. Celle de Tours devrait pouvoir fonctionner dès que de nouveaux salariés seront recrutés, mais ce sera une agence exclusivement dédiée aux services commerciaux et non à la gestion des sinistres.
MagCentre : Pour quelles raisons ces agences de la MAE ne fonctionnent-elles plus ?
Les anciens responsables de la MAE du Loiret : Depuis plusieurs années, la MAE doit faire face à trois difficultés majeures : l’arrêt de la promotion des assurances MAE par les enseignants, l’obligation de se conformer aux nouvelles règles qui régissent mutuelles et assurances et la concurrence intense sur le marché de l’assurance scolaire. Pour ces trois raisons, la MAE a perdu de très nombreux adhérents et leurs cotisations. Les difficultés économiques ont suivi. Pour réduire ses charges de fonctionnement, le Bureau national de la MAE a choisi de fermer massivement les agences locales et d’investir dans la communication numérique.
Le choix des agences à supprimer s’est effectué sans aucune concertation, ni explication
MagCentre : La MAE étant une mutuelle, les résolutions sont normalement décidées démocratiquement et solidairement par tous ses adhérents ?
Les anciens responsables de la MAE du Loiret : Oui ! Mais il est regrettable que les élus nationaux n’aient pas entendu les élus locaux pour décider. Ils ont uniquement informé les représentants départementaux en assurant qu’ils n’avaient pas d’autre choix que de fermer un grand nombre d’agences. Le choix des agences à supprimer s’est effectué sans aucune concertation, ni explication. Les adhérents n’ont jamais été mis dans la boucle décisionnelle et il n’y a jamais eu aucune communication pour justifier les fermetures.
MagCentre : Quelles vont être les conséquences de la disparition de ces agences ?
Les anciens responsables de la MAE du Loiret : Toutes ces disparitions d’agences vont pénaliser les plus démunis face au numérique. Ils n’auront plus ce contact humain direct indispensable à leur accompagnement dans toutes les démarches en rapport avec les adhésions, la réglementation et les déclarations de sinistres.
MagCentre : Comment envisagez-vous l’avenir de la MAE ?
Les anciens responsables de la MAE du Loiret : Comme beaucoup de structures mutualistes de protection, basées sur la solidarité, l’avenir de la MAE est très préoccupant. L’ensemble du Conseil d’administration de la MAE Solidarité du Loiret a démissionné pour marquer son opposition à la politique menée par le Conseil d’administration national et en soutien à la présidente départementale brutalement sanctionnée pour avoir exprimé son désaccord avec la direction nationale. Pour nous, anciens responsables, qui avons connu une mutuelle chaleureuse, humaine, conviviale et authentiquement solidaire, il nous semblait important de témoigner de notre inquiétude et de notre désarroi à la veille de ses 90 ans d’existence. Nous aimerions tant que la MAE continue à vivre avec dynamisme et bienveillance…