Le premier tour des élections législatives du 12 juin a éjecté certains personnages solognots des bancs de l’Assemblée nationale. Certes. Mais pas totalement du Loir-et-Cher. La prochaine session du Conseil départemental, enfin ouverte à la presse, annoncée à Blois sur le calendrier ce lundi 20 juin, promet ainsi, à n’en pas douter, de nouvelles et belles embardées.
Par Émilie Rencien
« Jamais 5 sans 6 » victoires. La formule, qui sonne bizarrement à l’oreille, est signée Guillaume Peltier, prononcée le 7 juin dans une brasserie du centre-ville de Romorantin, «La Belle Époque », lors d’un apéro-débat de campagne législative, devant un public âgé, acquis et conquis. Le « jamais 2 sans 3 » fonctionne mieux, contrairement à la première projection erronée qui n’était pas un sondage concret. Le député sortant ex-jeune FN, ex-LR, parti en janvier 2022 chez Éric Zemmour, a le 12 juin terminé bon cinquième sur neuf candidats (13,99%) sur la deuxième circonscription de Loir-et-Cher. Ses vidéos de communication-séduction rondement orchestrées comme il en possède le talent, fascinant beaucoup l’auditoire sur Facebook, mettant en scène ses sorties pêche avec son chien Milo, ses collages d’affiche en chaussures de ville et même ses pleins d’essence et sa gestion de fuite automobile, n’auront pas suffi pour attirer les voix requises pour atteindre le second tour du 19 juin.
Une consolation : il est arrivé en tête du scrutin non pas à Neung-sur-Beuvron, commune dont il fut le maire, mais à Souvigny-en-Sologne (24,64%). Village où il réside et où il a glissé un bulletin dans l’urne ce même 12 juin, avant de rapidement rallier Paris. Face à cette éviction, certains applaudissaient déjà des deux mains un « bon débarras », pendant que d’aucuns avouaient avoir du chagrin pour ce député qui va devoir rendre son écharpe nationale. À Blois, sous les ors de la préfecture et de la République, le nouveau ministre de l’agriculture, Marc Fesneau (Modem), qualifié pour sa part sur la première circonscription de Loir-et-Cher (Blois-Controis) pour le second épisode législatif, a commenté le résultat solognot : « C’est une bonne nouvelle. Les électeurs ont été lassés de ces atermoiements, de son absence sur le terrain. Les électeurs sont lucides. »
Le retour de la Fête de la violette à la rentrée
Si l’Assemblée nationale s’éloigne, l’élu Peltier, s’il n’est pas encore parti dans les Yvelines ou le Vaucluse comme le sous-entendent depuis des mois ses “haters”, demeure implanté sur la place loir-et-chérienne. Au regard de son palmarès, il trouvera bien tenacement une énième porte d’ancrage politisé (pour ne pas écrire un ixième subterfuge) pour reconquérir du pouvoir, même s’il n’est que local, pour rebâtir sa force de gagne. Un post sur sa page Facebook est venu le 14 juin confirmer notre supputation : entre deux citations en exergue, l’une de Camus et l’autre de Péguy, il ajoute «Je vais continuer à servir notre Loir-et-Cher comme conseiller départemental de Chambord pour les six prochaines années avec nos milliers de sympathisants de Loir-et-Cher, » écrit en fanfare Guillaume Peltier. « Je vais continuer à servir notre patrie comme vice-président exécutif de Reconquête (…). Et bientôt plein d’autres surprises… pour faire grandir nos idées et convaincre notre peuple de l’urgence de sauver notre patrie. (…) C’est dans la défaite que se révèlent les caractères et les personnalités. » Parmi ces surprises, nous pouvons déjà en révéler au moins une : le retour de la fameuse Fête de la violette en Sologne ! Une manifestation de la droite forte à la base estampillée UMP… Détail dans lequel parfois se niche le diable, mais qui n’arrêtera pas l’animal politique Peltier confirmant l’information de vive voix à ses militants et fans le 7 juin, toujours à Romorantin. Sans Sarkozy mais avec Zemmour donc. « Oui, cette fête du monde rural, elle reviendra ! Fin septembre ou début octobre. Les bons évènements, on les prolonge » selon ses propres dires ce soir-ci.
Un come-back Perruchot, et après ?
La vraie question est finalement le devenir le la majorité du Conseil départemental de Loir-et-Cher, déjà bien secouée par les affaires du président Perruchot. Quoique, pas tant que ça puisque le souvenir semble bon, au regard du retour de ce Nicolas-là sur la profession de foi législative du candidat Peltier, en soutien d’image express. Depuis des mois, il n’y avait plus de son ni d’image concernant M. Perruchot. Selon la rumeur publique, il serait parti vivre dans sa famille dans la Sarthe, ou bien à l’étranger chez son fils, ou dans sa villa qui doit être terminée, en Corse… quand il ne vient pas rendre visite à ses anciens collègues élus du Département à Blois, le soir à l’abri des regards. Son badge d’accès fonctionnerait toujours, selon un autre bruit persistant. Un retour inopiné en mode one-shot ou les prémices d’une nouvelle surprise dans ce placard à moult rebondissements ?
Les morceaux du puzzle s’imbriqueront peut-être bientôt : après la programmation de très nombreuses commissions permanentes, pratiques car non accessibles aux curieux journalistes, une session publique se tiendra enfin le 20 juin à l’Hôtel du Département à Blois. À quoi faut-il s’attendre exactement, au milieu des délibérations à l’ordre du jour ? Cela tanguera inévitablement, à la lumière d’un soutien supplémentaire affiché pour le candidat Peltier pendant ces élections législatives 2022. Celui de Virginie Verneret, sa binôme au Département. Rien de bizarre, excepté le fait qu’elle n’est pas zemmouriste mais plutôt LR… Le vase de cette majorité UPLC (Union pour le Loir-et-Cher et indépendants), pesant 15 voix et non plus 16, suite au statut d’élu non inscrit du Reconquérant Peltier, risque-t-il de se fissurer, voire de se briser, en conséquence ?
Pas certain puisque le président de cette assemblée, Philippe Gouet (UDi), paraît se laisser porter par le flot des évènements pour le moment, tentant de naviguer en eaux troublées sans rien bousculer, à lire sa courte déclaration à nos confrères la Nouvelle République, arguant « un choix personnel» de Mme Verneret qui pour lui n’implique pas « d’exclusion ». De son côté, le blésois Hervé Mesnager, vice-président du Parti Radical de Gauche, président de la fédération Centre Val-de-Loire, a demandé « un besoin urgent de clarification au Conseil départemental. Notre département serait-il géré par une coalition allant de l’extrême-droite aux orientations antirépublicaines et xénophobes jusqu’à des socialistes défroqués en passant par la droite ? ».
Dans l’opposition, rassemblant 14 voix, ça bronchera assurément le 20 juin à Blois dans la salle Kléber-Loustau. Pascal Bioulac, maire de Lamotte-Beuvron et conseiller départemental (groupe La droite républicaine), – qui a quitté sa famille LR d’origine en 2016 mais a été investi par ces LR pour ces législatives qu’il n’aura finalement pas remportées,- devrait se montrer plus politiquement correct que le langage fleuri qu’il aura asséné dans un commentaire public sur les réseaux sociaux le 12 juin vers minuit, sur la page Facebook d’un ex vice-président départemental romorantinais… Un mot doux, un seul, qui indiquait laconiquement « con**rd», supprimé depuis. L’ambiance risque de continuer à être survoltée, les règlements de comptes également; c’est confirmé. D’autant plus qu’avec une porosité assumée, la droite LR41 donne l’impression de ne plus trop savoir où elle habite, au point parfois de soutenir et de se mélanger, sans avoir l’air d’y toucher, à la pensée de son ancien mentor Peltier voguant donc sur un courant bien moins modéré.
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