Bernard Lavilliers pose ses valises à Orléans

Ce baroudeur dans l’âme fait escale au Zénith d’Orléans ce jeudi 9 juin 2022 à 20h30, pour présenter son dernier album : Sous un soleil énorme.

Par Rosa Tandjaoui. (CulturAdvisor)

Lavilliers en concert au Liberté à Rennes le 22 avril 2022

Une conscience de classe

Bernard Oulion, dit Lavilliers, naît le 7 octobre 1946 à Saint-Étienne d’une famille ouvrière : un père ancien résistant, syndicaliste, ouvrier et une mère institutrice.Il vit une enfance difficile avec des problèmes de santé (pneumonie), qui obligent ses parents à s’installer à la campagne.

Il pratique la boxe dès l’âge de 13 ans, fait un séjour en maison de correction à 14 ans, devient apprenti tourneur à 16 ans, adhère au parti communiste à 17 ans et devient ouvrier dans la foulée. À 19 ans, il part pour le Brésil sans avoir effectué son service militaire.

Considéré comme déserteur, il sera embastillé à Metz pendant un an, dès son retour et ce n’est qu’à l’âge de 21 ans qu’il débute sa carrière de chanteur dans les cabarets parisiens. Il touche ses premiers cachets à La Pizza du Marais, qui deviendra ensuite le théâtre Les Blancs-Manteaux ; y partageant la scène avec Jacques Higelin et Renaud.

Cette appartenance à la classe ouvrière lui permet de recruter son public auprès des exclus et de sillonner la France de Mai 68, en jouant dans les usines occupées.

Poète bourlingueur

En 1968 parait son premier album, Chanson pour ma mie ; très largement influencé par Léo Ferré et les mouvements anarcho-syndicalistes.

Le succès arrive avec Les Barbares, en 1976 ; qui entremêle chanson engagée et jazz-rock. Il se produira à l’Olympia pour la première fois en octobre 1977 et, à la faveur d’une tournée commune, rencontrera Léo Ferré avec lequel il nouera une amitié durable.

Pouvoirs est très certainement son album le plus politique : « En 1979, il y avait pas mal de chômeurs en plus, des terroristes, les Brigades rouges, l’ETA, l’IRA. J’ai écrit ça dans ce climat. »

O Gringo, sorti en 1980, est l’album de la consécration ; mélangeant les influences du reggae jamaïcain, de la salsa sud-américaine, de la samba brésilienne, du rock et de la poésie française. Il se vendra à plus de 400 000 exemplaires et forgera son image d’artiste voyageur.

En 1983, sort État d’Urgence, album sombre et tourmenté ; d’où émerge le titre Idées noires interprété en duo avec Nicoletta. Avec Voleur de Feu, publié en 1986, il renoue avec le succès, notamment sur le tube antiraciste Noir et Blanc et son célèbre refrain : « De n’importe quel pays, de n’importe quelle couleur, la musique est un cri qui vient de l’intérieur. »

IF.., sorti en 1988, est un énorme succès avec une adaptation du poème de Rudyard Kipling et un nouveau tube, On The Road Again. Cette capacité à fabriquer des tubes se confirme en 1995, avec Champs du possible et ses deux hits : Melody Tempo Harmony en duo avec Jimmy Cliff et une nouvelle version de Stand The Ghetto.

En 2001, Arrêt sur image sonne comme un retour aux sources, notamment sur Les mains d’or, qu’il compose en hommage au monde ouvrier.

Sur Carnet de Bord, en 2004, on retrouve un Bernard Lavilliers voyageur, sur un album enregistré aux quatre coins du monde.

En 2010, sort Causes perdues et musiques tropicales, dont le titre est inspiré d’une réponse au président François Mitterrand, qui lui demandait ce qu’il faisait de ses journées : « Comme toujours, je chante des causes perdues sur des musiques tropicales. », et recèle une véritable pépite, Angola, en duo avec Bonga Kuenda.

Âgé de 70 ans, dont près de 50 ans de carrière, il publie, en 2017, son 22e album, 5 minutes au paradis, sans rien renier de ses engagements et de ses goûts musicaux.

La tournée 2022

Bernard Lavilliers repart sur les routes pour faire la promotion de son dernier album, Sous un soleil énorme, paru en 2021 et inspiré d’un voyage en Argentine. Il y a là, la même qualité artistique et les thématiques préférées du stéphanois ; un état des lieux global, social, politique, climatique et intime.

Un moment à ne surtout pas rater pour celui qui est devenu, bien malgré lui, un monument de la chanson française.

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