L’été grenadine

C’est le numéro un des sirops les plus consommés en France et sa création est un pur produit français. Plus qu’une boisson d’enfance, la grenadine a gagné les cocktails des bartenders, les cuisines et pâtisseries des chefs grâce aux recettes innovantes des sirupiers toujours plus à l’écoute des consommateurs. À base de fruits rouges, naturelle, peu calorique, et très économique, la star des sirops est aujourd’hui l’alliée du pouvoir d’achat. Focus, la paille dans le verre, sur cette douceur créée il y a plus de 300 ans.

Par Estelle Boutheloup

La grenadine, c’est tout sauf de la grenade ! Mais un délicieux mélange de fruits rouges (cassis, framboises, groseilles, fraises), de sureau, de citron et de vanille selon les recettes. « La grenade n’existant pas en France, il a donc fallu compenser », explique Olivier Mercier, président du Syndicat français des Sirops.
La grenade ? L’origine historique remonte au XIe siècle, à l’heure où les croisés découvrent au Moyen-Orient un certain charâb. « Un breuvage à base de pulpes de grenade. » Si les Grecs et les Romains élaborent dès l’Antiquité un sirupus, sirop de fruits à base de miel dissout, avec Vatel au XVIIe siècle, l’idée d’évaporer l’eau des fruits et d’incorporer ce jus à un sirop de sucre fait son chemin, jusqu’à la création, un siècle plus tard, d’une recette de grenadine. Mot qui, aujourd’hui, n’existe nulle part ailleurs dans le monde.

Un litre de sirop pour 55 verres

Entre orgeat, framboise ou encore citron, la grenadine a ce petit quelque chose d’acidulé qui séduit les palais. Au fil du temps, elle devient ainsi le parfum n°1 des sirops consommés en France « avec 44 millions de litres par an, soit entre 20 et 25% du total des ventes de sirops, le double de la menthe », souligne Olivier Mercier. « Un succès lié au parfum de fruits rouges, à la couleur, au plaisir apporté et au savoir-faire français unique avec des entreprises qui accompagnent les familles depuis des générations. » Mais pas que.

Si les sirops, en général, ont autant la cote c’est qu’ils ont su évoluer et répondre aux attentes des consommateurs. Notamment en termes de pouvoir d’achat, le sirop reste un le produit plus économique de l’univers des boissons : un litre de sirop prépare en moyenne 10 litres de boisson, soit 55 verres, « contre cinq verres pour un jus ou un soda. » Saine (plantes, sucre, arômes naturels) avec de moins en moins de colorants artificiels et de conservateurs, locale (sucre français et fruits au maximum issus des terroirs de l’hexagone), c’est aussi l’une des boissons les moins caloriques du marché : 112 kcal en moyenne pour 40 cl de sirop (dilué à hauteur de un volume de sirop pour dix volumes d’eau), contre 176 kcal pour un verre de soda et 188 kcal pour un jus d’orange.

Bousculer les classiques culinaires

Longtemps associé à l’enfance et aux goûters des maisons de retraites, l’usage de la grenadine, comme la plupart des sirops, a aujourd’hui bien évolué, en particulier autour de nouvelles saveurs originales. Thé blanc, rooibos, café, banane verte, mojito mint, basilic, brownie, donut, mais aussi bio, sans sucre, pour frappés et smoothies, vins aromatisés, sauces sur les yaourts, les glaces, les gâteaux… chez les célèbres sirops Monin (Bourges, Cher), les gammes se renouvellent, innovent et collent les tendances. « Pour la grenadine, en 2018 nous avons souhaité faire évoluer notre recette pour proposer une version naturelle et plus authentique. Une amélioration qui s’est réalisée à plusieurs niveaux avec le passage en aromatisation naturelle et l’ajout de différents jus concentrés de fruits : cassis, framboise, sureau », explique Hadrien Descamps, chef de marques (Consommation hors domicile) chez Monin.

Offrant une large palette inédite de parfums et de couleurs, les sirops aujourd’hui bousculent plats et recettes par des touches fantaisistes et décalées. Notamment auprès des professionnels (bartenders, pâtissiers, chefs…) qui osent des mélanges inattendus dans les cocktails et mocktails (cocktails sans alcool), font pétiller milkshakes et freakshakes, détoner salades et tartines, subliment viandes et filets de poisson, revisitent les traditionnelles mousses au chocolat. « Innover autour du sirop c’est pour nous développer de nouvelles saveurs gammes et/ou de nouvelles fonctionnalités, comme les nouveaux Concentrés sans sucres ajoutés, permettant de réaliser des boissons sans calorie et sans édulcorant », poursuit Hadrien Descamps.
Des savoir-faire et R&D français qui placent toute une profession dans une filière d’excellence avec des sirops qui, selon le Syndicat, se révèlent l’équivalent en non alcoolisé des liqueurs les plus prisées.

Rubrique Conso soutenue par Codifrance

Le sirop en chiffres
• 16 entreprises sont regroupées autour du Syndicat Français des Sirops
• Elles produisent et commercialisent 90 % des sirops consommés en France
• Leur chiffre d’affaires : 420 millions d’euros.
• Chaque année, les Français boivent 1,5 milliard de litres de boissons à base de sirops, plus que l’iconique soda américain !
• La France, 2e pays consommateur de sirops d’Europe
• Le sirop est une spécificité gastronomique française protégée des imitations

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