Juin 2022: les Orléanais en manque de jazz !

Durant trente ans, les plus grandes stars mondiales du jazz ont foulé sous le ciel étoilé de juin la scène du Campo Santo d’Orléans. Juin à Orléans était aussi le mois de toutes les rencontres avec une jeune génération de musiciens dont les carrières ont très souvent confirmé le talent naissant. Partout, la musique respirait sur de multiples scènes dans la ville pour un public qui n’a jamais démenti sa passion et sa fidélité, laissant à chacun les souvenirs d’une émotion musicale partagée.

Par Gérard Poitou

Photo Patrice Delatouche

Depuis, de réductions de budget en promesses non tenues*, avec en point d’orgue le prétexte de la pandémie, le jazz à Orléans est passé sous le tapis d’une municipalité incapable de pérenniser un événement majeur de la vie culturelle locale. Qui nous redonnera James Brown, Michel Petrucciani, Dizzy Gillespie, Wayne Shorter, Carlos Santana, Wynton Marsalis,  Al Jarreau, Touré Kunda, Ray Charles, Manu Dibango, The Blues Brothers, Chick Corea, John McLaughlin, Martial Solal, Keith Jarrett, B. B. King, Bobby McFerrin. et tant d’autres. ?
Il parait que ces gens-là ne contribuaient pas à la notoriété d’Orléans… il parait même qu’on leur aurait reproché leurs limousines et leurs cachets disproportionnés…. et notre adjoint à la culture en est  réduit pour meubler ce plat mois de juin à faire la promotion de la guinguette du quai de Loire qui certes ne grève pas trop son budget peau de chagrin.

D’autres que les Orléanais découvriront peut-être les talents de demain, que furent les Majnun, les frères Ceccaldi, Lila Tamazit, Quentin Biardeau, Roberto Negro, Adrien Chennebeault, David Sevestre, Benoit Lavollée, Nicolas Larmignat et tant d’autres qui me pardonneront de ne pas les citer et pour lesquels ces années-festivals furent un formidable tremplin, grâce aux découvreurs que furent O’Jazz, le Nuage en Pantalon ou ABCD.
Durant quinze jours, Orléans Jazz faisait vibrer la ville, sur des scènes qui se multipliaient dans une convivialité culturelle qui fait tant défaut aujourd’hui…

De tout cela, il ne reste que des souvenirs que Magcentre vous propose de partager en ouvrant les albums de photos de quelques photographes de talent.

* “le festival de jazz sera recréé au Campo Santo en partenariat avec la Nouvelle Orléans“, promesse électorale du candidat Serge Grouard juin 2020

Avec les photos de Didier Depoorter, Patrice Delatouche, Marie-Line Bonneau, Jean-Dominique Burtin et Jean-François Grossin

A lire aussi: Marie-Anne Aubry rend hommage à Augustin Cornu, créateur du festival de jazz d’Orléans

 

Commentaires

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  1. Oui, des artistes de niveau international, ça manque quand même à Orléans. Pour entendre de l’opéra (il y a aussi des amateurs ici) il faut aller à Tours ou à Paris ou à la Scala de Milan. Pas très pratique. Sauf si le Festival de Sully en programme (comme cette année à Sully sur Loire avec un opéra de Mozart).

    Bon, j’y vais de ma petite anecdote musicale : une année j’étais allé en voyage à San Francisco et on entendait Bobby Mc Ferrin partout (don’t worry, be happy ! ).

    Quand j’ai vu qu’il avait été invité au Festival de jazz d’Orléans (2011 ?) j’y suis allé. Il pleuvait et je n’avais pas de billet. J’ai fait la queue pour en acheter un aux côtés d’un couple de brésiliens venu visiter Chambord et qui m’a dit avoir été attiré par le programme, mais qu’il ne savait pas comment s’y prendre et qui n’avait pas de parapluie. Je leur ai passé un parapluie, puis on a eu nos billets et on a assisté (bienheureux) au concert. Comme quoi un festival comme ça permet des moments (internationaux) agréables. Faudrait qu’il revive..

  2. Oh ces photos ! que c’est beau et triste parce qu’aujourd’hui place du Martroi, avec ses cyprès qui crèvent c’est bac à sable géant pour volley (ou canisette pour concours de chiens géants?) la semaine dernière et maintenant gravillon sur feutre pour jouer aux boules.
    Cette place est devenue le miroir d’une ville dont ses gestionnaires sont en train de faire un exemple de ce qu’aujourd’hui on doit éviter : des trucs énormes, du gaspillage. A quand une place du Martroi avec course de trial dans la bo

  3. Que de bons souvenirs !
    Quel gâchis d’avoir supprimer cet événement.
    L’arrêt de ce festival n’était pas fatal, ce fut un choix. Si nos élus à la culture ne savent pas comment faire, je leur suggère un stage à Marciac, petit village du Gers où perdure, depuis 1978, un magnifique festival de jazz créé par….le maire de Marciac.
    Mais c’est vrai que eux ils n’ont pas Jeanne d’Arc, les pauvres.

  4. Parmi les artistes cités dans ce très bon article il y a beaucoup de grands jazzmen. Malheureusement ils ont vieilli et un grand nombre sont déjà disparus. Il faudrait donc faire venir de nouveaux artistes qui ne sont jamais venus ou faire revenir ceux qui déjà venus jouent encore . Deux exemples : Ron Carter, a accompagné Miles Davis et Joe Lovano saxophoniste multi style et répertoires : il a accompagné Juliette Gréco … Ils jouent tous les deux les 10 et 13 juillet à Valencia en Espagne. Ils auraient pu jouer à Orléans au Campo Santo fin juin si on les y avait invités. Et vu le prix des places en Espagne, ils ne doivent pas être chers en termes de cachet. Cela aurait pu rentrer dans le budget culture d’Orléans sans mettre à mal les finances publiques. Je pense tout simplement que le maire actuel n’aime pas le jazz. Et il faudrait aussi une nouvelle équipe d’animateurs, organisateurs déterminés à relancer ce festival qui hissait la ville d’Orléans plus haut dans sa réputation nationale et internationale.

  5. Je garde un souvenir merveilleux de ces années d’Orléans Jazz, de ces deux semaines (et soirées) marathon où je m’abreuvais jusqu’à plus soif de cette superbe programmation, assez pour tenir jusqu’à l’année d’après, de ces artistes de grande qualité qui se produisaient dans le cadre magnifique du Campo Santo, et je mesurais la chance que nous avions de les avoir ici, chez nous. J’ai pu écouter et découvrir des artistes que je n’aurais jamais eu la chance de rencontrer autrement.
    Et puis je me souviens de cette année où Monsieur Grouard a préféré consacrer 800 000€ à l’accueil de la finale de Miss France pour supprimer Orléans Jazz (il fallait faire des choix a-t-il dit), pour le remplacer ensuite par un ersatz de festival au Jardin de l’Evêché qui n’a plus jamais eu la splendeur des années passées.
    Quel dommage.
    Merci pour cette belle évocation.

  6. d’autres bons souvenirs : Keith Jarrett sous une pluie battante, ainsi que Bobby Mac Ferrin qui s’est versé une bouteille d’eau minérale sur la tête en solidarité avec les spectateurs trempés, et les martinets, et André Francis qui parlait du festival sur Radio France car c’était le premier festival de l’été. Il contribuait au rayonnement d’Orléans qui ne s’était pas encore endormie……..
    Merci pour cet article.

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