Les crises : une opportunité pour la réindustrialisation

Organisé à l’INSA Blois le 8 juin dernier dans le cadre de l’exposition départementale « De la Révolution jusqu’aux Trente glorieuses », la table-ronde sur l’avenir de l’industrie a pointé les conditions de la réindustrialisation. Innovante, décarbonnée et rajeunie, l’industrie conserve un avenir en Loir-et-Cher… comme ailleurs.

Par Jean-Luc Vezon

Marie-Noëlle Amiot, dirigeante de Thiolat Packaging invite les femmes à venir travailler dans l’industrie.
Crédit photo Jean-Luc Vezon.

Signe de l’intérêt du sujet à un moment où la souveraineté industrielle s’affiche dans les programmes des candidats aux législatives, près de 150 personnes avaient répondu présent à l’invitation de la CCI 41, du département, de l’agence d’attractivité BeLc, de Dev’Up, de l’UIMM et de l’INSA. Parmi elles, de nombreux jeunes étudiants ingénieurs.

Ancien dirigeant d’une entreprise vendômoise (ECOFIT Rosenbeg), l’animateur de la soirée, Jean-Baptiste Anginot, a parfaitement posé le cadre des échanges de la table-ronde. Citant l’ouvrage de Nicolas Dufourq « la désinsdustrialisation de la France », il a précisé que « notre pays s’est vidé de près de la moitié de ses usines et du tiers de son emploi industriel entre 1995 et 2015 ».


Constat confirmé par Lionel Henry, directeur de l’Observatoire de l’économie et des territoires de Loir-et-Cher qui a rappelé le recul du secteur industriel (16 % des emplois en 2020, 28 % en 1989) en Loir-et-Cher sous l’effet notamment des délocalisations et de l’automatisation. Cette évolution doit néanmoins être corrigée car beaucoup d’entreprises industrielles ont externalisé des services et ont recourt à l’intérim (1). Ces emplois sont comptabilisés dans les Services marchands qui, dans le même temps, sont passés de 31 à 43 % des emplois.

Si toute la société française s’est détournée de son industrie, la situation a évolué sous l’effet du chômage, de la dépendance et, plus récemment, des crises. Pour retrouver une souveraineté industrielle, les pouvoirs publics font de la réindustrialisation une priorité. Trois enjeux sont aujourd’hui identifiés : les compétences, l’innovation et la transition.

Le Loir-et-Cher est le 14e département le plus industrialisé en France.
Photo Jean-Luc Vezon.

En présence de quatre représentants d’entreprises, une table-ronde a permis de mieux les cerner. Dirigeante de Thiolat Packaging (groupe Guillin), une PMI de 160 salariés spécialisée dans l’emballage alimentaire, Marie-Noëlle Amiot a insisté sur la nécessité d’accueillir des candidats et de les former plus rapidement et efficacement. Sa cible, les jeunes et les femmes qui ne représentent que 30 % des effectifs aujourd’hui. Pour la présidente de la CCI 41, « les machines sont désormais accessibles aux femmes. Il faut un changement de mentalité et un soutien plus important des OPCO pour former ».

DRH de Dubuis (groupe Stanley Black&Decker) qui fabrique des outils électroportatifs, Guillaume Jacob affiche la stratégie du groupe d’être neutre en carbone en 2030, « une condition avec l’innovation pour maintenir l’activité sur Blois ». L’entreprise joue aussi pleinement la carte de l’apprentissage avec plus de 10 % d’alternants qui se forment au CFAI : “La formation, c’est no limit, quelque soit le niveau”.


Montrer notre savoir-faire


Montrer le savoir-faire technologique et accélérer la décarbonation, c’est la volonté de Sylvain Garcia, le patron de Procter & Gamble, dont l’usine blésoise de 120 salariés fabrique des shampoings. D’ici trois ans, l’entreprise « pilote monde » au niveau du groupe ambitionne d’être neutre en carbone et d’utiliser du plastique recyclé pour ses 300 millions de flacons produits annuellement. Là-encore, il en va de la pérennité. « Sinon, ce sera la Roumanie ou la Pologne » assure le dirigeant qui travaille d’arrache pied sur le sujet avec Dev’Up.


Avec 1 000 emplois, dont 500 en R&D, sur son site blésois, le groupe américain BorgWarner spécialisé dans la fabrication d’injecteurs essence et diesel est confronté à la disparition prochaine des moteurs thermiques. Pour garder le leadership et conserver les emplois, le groupe mise sur le moteur à combustion interne à hydrogène. « Il n’y a pas de solution unique, l’hydrogène est une alternative propre aux moteurs électriques. Avec le soutien de nos partenaires, nous développons cette technologie » assure Jean-Luc Beduneau, directeur de l’innovation de l’entreprise en précisant que l’on verra bientôt des véhicules circuler à Blois et « qu’il a déjà des contrats signés ».


Au-delà de ces témoignages, la question des compétences reste bien essentielle. Avec un taux de chômage de 5,8 % (5,3 % dans le Vendômois), le Loir-et-Cher est entré dans le dur alors même que les départs en retraite s’accélèrent : 3 à 4 % des effectifs en moyenne contre 1 à 2 % en 2015. Pour envisager des solutions globales et partagées, la CCI 41 et ses partenaires organisent le 28 juin prochain Les Assises de l’Emploi.

(1) Le secteur des agences d’emplois travaille à 45 % pour l’industrie

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