[Rétro] Malaguti tête de liste FN en 1989 à Orléans, ancien auxiliaire de la Gestapo: un passé qui ne passe pas

Pour les électeurs, notamment les plus jeunes, qui ignoreraient ou auraient oublié d’où vient le Front National ripoliné Rassemblement National, nous republions cette archive de Magcentre dans laquelle Christian Bidault rappelait le passé d’un candidat FN aux élections municipales d’Orléans. L’Histoire éclaire le présent, n’oublions pas !

Article publié le 8 octobre 2013

Philippe Lecoq sera tête de liste du FN (Bleu Marine) aux municipales de mars 2014. En pays de Jeanne d’Arc, ce sera la première fois à  Orléans depuis 1995 pour le parti lepéniste.

De deux choses l’une: soit le Front national du Loiret a la mémoire courte. Soit il veut effacer des archives les pages noires de son histoire et de ses fondateurs au passé sulfureux, marqués à l’extrême droite. Dimanche dernier, lors du point presse qui a suivi l’inauguration de la permanence de campagne de Philippe Lecoq 150px-Stele_commemorative_42_Bd_Montfleurypour les municipales, Bernard Chauvet, le secrétaire départemental, s’est souvenu du nom de la tête de liste 1995, un illustre inconnu. En revanche, il a “oublié” malencontreusement la tête de liste 1989, un personnage beaucoup plus connu, Paul Malaguti, un très proche de Jean-Marie Le Pen, milicien durant l’occupation, auxiliaire de la Gestapo en août 1944, impliqué dans l’assassinat de huit résistants. Et l’un de ses prédécesseurs, comme secrétaire du FN dans le Loiret.

Son passé resurgit

Lorsque Paul Malaguti s’est présenté devant les électeurs aux municipales de 1989 à la tête de la liste Front national, son passé n’avait pas encore resurgi. Cette année-là, Jean-Pierre Sueur (PS) est élu pour la première fois maire d’Orléans et au premier tour Paul Malaguti ne fait que 6,64% des suffrages.

Louis Alliot, vice-président du FN et, à la ville compagnon de Marine Le Pen, a longuement évoqué lors de ces échanges avec les médias régionaux, dimanche à Orléans, les rapports entre la presse et le Front national. Il a admis que son parti était mieux “traité” qu’auparavant. Quant aux menaces de la présidente du FN d’attaquer ceux des journaux qui accoleront le mot extrême droite au Front national, Louis Alliot s’est dit sur la même longueur d’ondes.

Louis Alliot numéro deux du FN à droite aux côtés du candidat, Philippe Lecoq.

Louis Alliot numéro deux du FN à droite aux côtés du candidat, Philippe Lecoq.

Orléans n’était sans doute pas la ville la plus appropriée pour s’insurger contre ce qualificatif attribué au parti de Jean-Marie le Pen qui, à ses débuts, a bénéficié du militantisme d’anciens collaborateurs comme Paul Malaguti. Condamné à mort à la Libération pour ses exploits cannois (il avait adhéré au Groupe action du Parti populaire français), Malaguti, 17 ans, faisait partie des nervis auxiliaire de la Gestapo pour les basses besogne. Après que les Nazis eurent assassiné huit résistant dans les caves de la villa Montfleury à Cannes, le futur copain de Jean-Marie Le Pen, membre du Comité central du FN, poursuivit l’un des résistants qui avait réussi  à s’échapper.

 Conseiller régional du Centre

Engagé dans la Légion, Paul Malaguti réapparut bien plus tard dans le Loiret, loin des Alpes-Maritimes, à Lorris où il monta une entreprise. Parallèlement, il fut du premier carré de Jean-Marie Le Pen lors de la création du FN en 1972. En 1986 il est élu conseiller régional du Centre,  et, peu avant les élections régionales, la presse écrite (la République du Centre, le Monde, le Canard) révèle son passé de collaborateur actif. Ce qui n’empêchera pas le secrétaire départemental de réaliser un brillant score en 1992, presque 15%. Il siégera sur les bancs de la Région jusqu’en octobre 1996, date de sa mort.

C’est de l’histoire ancienne, celle du Front National première mouture de Jean-Marie Le Pen, mais au nom de la “dédiabolisation” faut-il passer l’éponge sur ce passé qui ne passe pas? En tout cas lorsque les médias classent le Front national dans la catégorie “extrême droite” il y a des raisons objectives pour cela.

Christian Bidault

A voir, un succulent document de l’INA sur les élections municipales de 1989 à Orléans.

http://www.ina.fr/video/CAB89010345

A lire aussi: L’Histoire alerte le présent: le Cercil co-signataire de l’appel des lieux de mémoire

 

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