Combien parmi le 1,9 million d’électeurs inscrits dans la région se déplaceront dimanche pour déposer un bulletin dans l’urne ? Le taux de participation est une des clefs du scrutin qui peut déjouer les pronostics. La victoire annoncée d’Emmanuel Macron, le match retour avec Marine Le Pen pourraient être remis en cause si Jean-Luc Mélenchon, en pleine dynamique, bousculait les sondages.
Par Jean-Jacques Talpin
En 2017 pour le premier tour de la présidentielle le Centre avait été plutôt un bon élève : 80% du 1,8 million d’électeurs inscrits s’étaient en effet déplacés pour voter alors qu’au niveau national ce taux atteignait 77,7%. Ce sont les deux « grands » départements de la région, là où les urbains sont les plus nombreux, que la participation avait été la plus importante : 81,31% en Indre-et-Loire 80,56% dans le Loiret. Et logiquement les électeurs ruraux avaient davantage boudé les urnes : 74,66% dans le Cher, 77,75% dans le Loir-et-Cher.
Quel match au second tour ?
Si les sondages restent dans le vrai, Emmanuel Macron devrait plus ou moins largement arriver en tête comme en 2017. Le Centre avait pourtant été moins généreux pour le futur président avec 22,7% des voix contre 24% au niveau national. C’était notamment vrai dans l’Indre et le Loir-et-Cher avec guère plus de 20% des bulletins. La différence avait été apportée par le vote des grandes villes : 27,6% à Bourges, 26,8% à Chartres, 26,7% à Tours et – record de la ville la plus macroniste – 29,05% à Orléans. De même le Centre avait réservé un bon score à Marine Le Pen (23,08%) mieux que les 21,30% du score national. Dans quatre départements la cheffe du Front National d’alors tutoyait les 24-25%, seule l’Indre-et-Loire étant entrée en résistance avec 19%. Là encore le vote lepéniste cadrait mal avec le monde urbain : 12% à Orléans et Tours et à peine plus de 15% dans les autres grandes villes régionales.
Plusieurs inconnues
Et si le second tour introduisait l’intrus Jean-Luc Mélenchon en pleine remontada et qui rêve de reproduire son score de 2017. Pourtant le vote dans le Centre ne lui avait guère été favorable avec 17,7% des bulletins contre 19,6% au national. Il avait malgré tout réussi de jolis scores dans le Berry (21,7% à Bourges, 22,4 % à Châteauroux) et 23,5% à Tours.
Malgré tout, la projection de 2017 sur le scrutin de 2022 paraît d’avance invalide. Il faut en effet compter sur la présence d’Éric Zemmour qui rebat les cartes du jeu politique à droite et à l’extrême droite. N’oublions pas non plus le naufrage annoncé de Valérie Pécresse alors que le Centre avait donné 21,04% des voix à Fillon (20,01% au niveau national). Enfin en 2017, Jean-Luc Mélenchon était seul sur le terrain de la gauche de protestation alors qu’il doit cette fois affronter le communiste Fabien Roussel.
Pour tous ceux qui doutent de la réélection d’Emmanuel Macron tout en redoutant une victoire de Marine Le Pen, il est banal d’affirmer « qu’Emmanuel Macron n’aura pas de réserves de voix » pour le second tour à l’inverse du camp lepéniste qui pourra grossir des flots de Pécresse-Ciotti, Zemmour et autres Dupont-Aignan. Pourtant l’équation est la même qu’en 2017 : sans véritable renfort le score d’Emmanuel Macron est passé entre les deux tours dans la région de 22,68% à 63,32%.
Cap sur les législatives
Mais il est vrai qu’il y a cinq ans l’appel à faire barrage à l’extrême droite avait davantage de sens. Aujourd’hui Marine Le Pen, devenue « centriste » par la force des outrances d’Éric Zemmour fait moins peur et mobilise plus difficilement contre elle.
Pour de nombreux élus le « match semble aujourd’hui plié » avec un duel probable Macron-Le Pen ou Macron-Mélenchon. Mais la véritable interrogation porte sur le «3ème tour », celui des élections législatives des 12 et 19 juin puisque Emmanuel Macron semble avoir abandonné l’idée de raccourcir les délais.
Quelle sera alors sa majorité ? Dans la région le risque est important. En 2017, La République en Marche alliée au Modem et à Agir avait réalisé une véritable razzia dans la région avec 14 députés contre seulement 8 à la droite. La campagne législative sera donc active dès le 24 avril au soir de l’élection du Président de la République.
D’ici là aux urnes citoyens !
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