La BMW du team Tecmas n’est pas née pour être sauvage à la manière de Steppenwolf. Ce n’est pas plus le Joe Bar Team, même si cette BD est à la moto ce que Michel Vaillant est à l’automobile. L’écurie basée à Bourges, désormais dirigée par Arnaud Sassone, est l’unique structure professionnelle moto de haut niveau en région Centre-Val-de-Loire. C’est le pilote Orléanais Kenny Foray qui en est la figure de proue pour la nouvelle saison.
Par Fabrice Simoes
Maxime Bonnot, Kenny Foray, Arnaud Sassone, et Michel Augizeau les figures de proue de Tecmas en 2022. Photo Fabrice Simoes
Au siècle dernier, au milieu des années 1980, c’était le temps de Mécasports. Un club sportif parfait pour débuter à une époque « où il y avait beaucoup d’effervescence en termes de sport moto… » À l’intérieur de l’estafette de Michel Augizeau, alors pilote, on trouvait tout le nécessaire pour faire tourner un engin sur une piste. Pour continuer d’exister, la structure a dû passer au statut professionnel. L’association Mécasports est devenue l’écurie Tecmas en 1990. Le pilote Michel Augizeau a peu à peu lâché l’affaire pour devenir le patron Michel Augizeau. Tandis que les pilotes se sont succédé, les titres nationaux, européens, mondiaux se sont additionnés aussi, dans différentes catégories. Les coupes auraient pu garnir les murs, mais les étagères, à Bourges, avaient été faites pour ranger le matériel. Il n’est d’ailleurs pas du tout certain que le boss ne soit pas favorable au remplacement des coupes par des pièces de moto. Alors, les gamelles en fer blanc « elles s’entassent au hasard un peu partout dans l’atelier… » Pas matérialiste sur ce coup-là, le responsable berrichon sait bien que l’équipe a fait le plein de choses et même de belles choses.
Tecmas a été performant pour son entrée en matière. Photo Sébastien Valembois
Connue et reconnue l’écurie, installée à Bourges depuis ses débuts, a ainsi drivé une belle brochette de champions. Entre Sébastien Gimbert, Vincent Philippe, Mathieu Gines, Sylvain Guintol devenus champions du monde en endurance, Régis Laconi, champion d’Europe de vitesse et vainqueur d’un Grand prix du championnat du monde, Olivier Jacque, champion du monde de vitesse 250, la liste des poulains formés chez Tecmas est copieusement garnie. Ça en fait des bouteilles de mousseux secouées pour asperger, du haut des podiums, mécanos et supporters.
Nouveau boss, nouvel atelier, nouveaux challenges…
C’est désormais une nouvelle ère qui débute. La décision a été prise voilà quelques semaines. À la fin de l’année 2021, Michel Augizau a passé la main. Pas totalement tout de même, si le co-fondateur de Tecmas n’en est plus le dirigeant, il en reste toutefois team manager. Pour gérer l’écurie c’est un ancien de la maison qui va s’y coller : l’ancien pilote Arnaud Sassone.
Dans le même temps, Tecmas est confrontée aux évolutions géopolitiques du moment, à celles de l’économie aussi. Pour poursuivre son activité compétition, le team propose ses compétences aux pilotes amateurs. Et pas qu’un peu…
« Il faut générer de la marge en multipliant par 5 le chiffre d’affaires ! Si on veut poursuivre avec une équipe compétition, c’est une nécessité », assure-t-on côté direction. La poignée en coin, c’est bien, mais il faut se donner les moyens d’envoyer les gaz. Pour se faire, en juin prochain, c’est un nouvel atelier qui sera inauguré. Pas trop loin du camp de base originel. Pas plus de 250 mètres… L’investissement immobilier est accompagné d’investissement humain et matériel. Dans ce contexte, un ingénieur a été recruté et planche sur une moto de course à hydrogène. « C’est encore plus compliqué que de faire voler un avion », souligne le manager.
La BMW est équipée en Michelin cette année encore. Photo Stéphane Valembois
Côté pilote, on retrouve, pour cette saison, l’Orléanais Kenny Foray, déjà titré avec Tecmas en 2017 et dans la maison berruyère depuis 2016. Il a conclu la dernière saison par trois succès consécutifs et une troisième marche du podium en championnat de France.
Au fait, la bécane, c’est un BMW. Une M1000RR équipée de pneus Michelin pour être plus précis. Et, pour débuter le programme de cette année, Kenny et la BMW ont conclu leur week-end au Mans par deux troisièmes places, à la fin mars. Pas mal comme entrée en matière dans le championnat de France de Superbike.
Par ailleurs deux pilotes sont engagés en parallèle en European bikes : le Toulousain Alexandre Leleu (8 victoires sur 14 courses l’an passé, NDLR) et Lucas Sassone, le fils du néo-boss !