Le rappel à l’Ordre

En l’absence d’une thérapeutique spécifique, une généraliste installée à Dordives, petite commune du Loiret, avait cru bon de faire sa propre expérimentation d’un traitement pour lutter contre les formes graves de la Covid-19 puis d’en faire la promotion. L’Ordre des médecins a décidé de frapper.

Par Jean-Paul Briand

caducée

En 2020, début de l’épidémie par le Sars Cov 2, cette généraliste de Dordives s’était vantée d’avoir expérimenté un médicament anti-allergique (l’antihistaminique cétirizine) à 18 de ses patients qu’elle avait diagnostiqués malades de la Covid 19 mais, semble-t-il, sans aucune confirmation par un test biologique.

Le Conseil départemental de l’Ordre des médecins du Loiret n’ayant pas de compétence punitive, c’est la chambre disciplinaire ordinale de première instance du Centre-Val de Loire qui a jugé la praticienne. En novembre 2021, elle fut condamnée à un mois de suspension d’exercice (plus deux mois avec sursis) pour manquements au Code de déontologie médicale. Cette sentence n’a pas été exécutée puisque le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) a fait appel, considérant que la peine était trop clémente. Le nouveau jugement devrait arriver dans les prochains jours. Un comité de défense nommé « Collectif Liberté-Vérité-Santé » apporte son soutien à la généraliste de Dordives, qui a momentanément arrêté son activité.

Ne pas faire la promotion de procédés illusoires ou insuffisamment éprouvés

Pour avoir tenu des propos jugés controversés sur l’épidémie de Covid-19, le CNOM a donc décidé de mettre dans le même panier disciplinaire des personnalités médicales particulièrement médiatiques tels que les professeurs Didier Raoult, Christian Perronne et Henri Joyeux et quelques menus fretins comme cette généraliste dordivoise. 

Le CNOM considère que ces professionnels de santé, quelque soit leur notoriété, ont oublié que tout médecin doit avoir une ligne de conduite respectant la déontologie médicale et les réglementations régissant les essais cliniques impliquant la personne humaine. Même de bonne foi, un médecin ne peut donner de faux espoirs de guérison avec un traitement ne respectant pas les données acquises de la science. Il ne doit pas faire la promotion de procédés illusoires ou insuffisamment éprouvés, ni faire courir à ses patients des risques injustifiés. 

Des méthodes commerciales très proches du charlatanisme

Si le CNOM sanctionne logiquement les dérives de certains médecins qui ont vanté, au début de la crise sanitaire, les mérites de traitements à l’efficacité non prouvée scientifiquement, va-t-il le faire vis à vis des personnalités médicales qui, durant toute l’épidémie, ont manqué de prudence dans leur communication auprès du grand public ?

Le CNOM va-t-il s’attaquer à toutes ces officines qui proposent des méthodes aberrantes ou magiques, jamais validées, mettant parfois en danger la santé de patients crédules et vulnérables et utilisant des pratiques commerciales très proches du charlatanisme ? Pour le faire le CNOM peut s’inspirer de la récente enquête de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) sur les soins « non conventionnels », que sont la naturopathie, le crudivorisme, le jeûne détox, la réflexologie, le Reiki et autres thérapies irrationnelles et ineptes.

Commentaires

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  1. Dans le même ordre d’idée, existe -t-il une déontologie politique qui garantirait aux “patients” (du latin pati : qui souffre) d’être protégés des agissements de politiques (terme générique désignant une personne ayant fait de la politique son métier, comme d’autres font de la médecine leur métier) qui auraient dans leur comportement professionnel des gestes (voter une loi) ou des paroles ( “je vais les emmerder”) pathogènes c’est à dire provoquant une blessure physique ou mentale?

    • héhé ! Et que diriez-vous des personnes cumulant les métiers de la médecine et de la politique ?

  2. “que sont la naturopathie, le crudivorisme, le jeûne détox, la réflexologie, le Reiki et autres thérapies irrationnelles et ineptes.” : comme vous y allez ! Personnellement, j’ai tendance à penser que, si certaines d’entre elles (oui, un tri s’impose) ont du succès, il doit bien y avoir une raison.

    Il aurait été bien de préciser à des fins de pédagogie que la dite chambre disciplinaire est placée auprès du Conseil REGIONAL de l’Ordre des médecins (le CROM, donc, entre le niveau départemental – le CDOM – et le niveau national – le CNOM).

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