A Valencisse (Molineuf), Sophie et Fréd Mandard ont créé un verger conservatoire. Le site, témoin d’une biodiversité reconquise, sera ouvert aux passants et touristes qui apprécient la riante vallée de la Cisse.
Par Jean-Luc Vezon
C’est sur la terre de ses ancêtres que Fred Mandard a décidé de créer son verger, plus exactement celle de son grand-père, auteur reconnu de l’ouvrage « la société de pomologie ». « Le déclic est venu dès 2019 mais le confinement a accéléré le mouvement et ma prise de conscience d’agir pour la biodiversité », évoque Fréd.
Programmateur musical au Chato’do, la dynamique scène rock blésoise, Fred Mandard se penche sérieusement sur la question, dévore les ouvrages de Stefan Sobkowiak, « l’un des papes de la permaculture », réalise le design du verger et sollicite des partenaires comme La Maison botanique de Boursay ou Les croqueurs de pommes de Touraine qui lui apportent de précieux conseils sur l’organisation ou le choix des essences.
Son épouse et ses deux fils, Félix et Basile, embarquent avec passion dans l’aventure. En 2021, la famille plante une première haie de 400 arbustes et buissonnants qui délimite la parcelle située en bordure de la route de Santenay, à proximité de l’abbaye de Bury et de l’espace naturel sensible des Rinceaux. Une zone humide remarquable géré par le département de Loir-et-Cher. « Nous avons opté pour une haie champêtre mellifère favorable aux espèces dont les insectes pollinisateurs », raconte Fred.
Après avoir préparé le sol avec l’aide de son voisin viticulteur Lee Shony Brault, le jardinier rocker plante ensuite les premières variétés selon le principe séculaire « un noyau, un pépin et des aidants » (petits fruits, médicinale, faune). Parmi ces essences bio, locales et rustiques issues de pépinières locales (Comestible, Gaujard et Bouché), des anciennes comme la poire Beurré Hardy feront la joie des connaisseurs. Protégées par un paillage biodégradable en paille, les plants respectent un strict alignement.
Dans quelques mois, 140 variétés de pommiers, poiriers, cerisiers ou encore prunelliers seront mises en terre, redonnant au site son aspect d’antan, avant sa disparition dans les années 60. Convaincu de l’intérêt de faire partager son projet, la famille Mandard compte ouvrir le site et envisage une halte gourmande type panier pique-nique ou l’organisation de journées ateliers (cueillette, dégustation, cuisine, greffage, bouturage …). Dans un premier temps, ce sont des animations sur le thème de la plantation qui verront le jour.
« Planter un arbre permet de lutter contre le réchauffement climatique et de sensibiliser à la préservation des paysages, à la biodiversité et à une alimentation saine et locale », insiste de son côté Sophie. Soucieuse de la ressource en eau, la famille Mandard prévoit aussi une réserve autonome et une mare tandis que des ruchers donneront une dimension pédagogique supplémentaire à ce conservatoire familial.
Une aide départementale bienvenue
Les Étoiles du verger a bénéficié du soutien financier du département de Loir-et-Cher dans le cadre du programme « Arbres & Haies 41 ». « Sans l’appui du département qui nous a octroyé plusieurs milliers d’€ sur une enveloppe de 5000 €, nous n’aurions pas pu réaliser notre verger conservatoire », se félicite Fred heureux également de l’aide à l’entretien prévue pendant deux ans.
Entouré de ses enfants et de ses moutons de race camerounaise, Fred se projette déjà et entend bien faire des Étoiles du verger un lieu emblématique d’une société plus résiliente face au changement climatique.
Un dispositif inédit
Initié en 2021, « Arbres & Haies 41 » repose sur un appel à projets accessible aux particuliers, associations, entreprises et collectivités. Un comité technique composé des services du département, de la Maison botanique de Boursay, du CAUE et de la fédération départementale des chasseurs de Loir-et-Cher (très engagée dans les actions pour promouvoir la biodiversité notamment via l’Éco-contribution) se charge de valider les projets. Quinze d’entre-eux viennent déjà d’être retenus (avec seulement trois refus) avec des aides pouvant couvrir jusqu’à 70 % du projet lorsqu’il intègre une dimension pédagogique.
« Ils représentent 1 920 m de haies, 234 arbres et 216 m² de bosquets plantés pour une aide départementale de 1 200 € par projet en moyenne. Le département a fait de la biodiversité le cœur de sa politique environnementale » explique Virginie Verneret, conseillère départementale déléguée aux espaces naturels et aux associations environnementales.
Pour accompagner les porteurs, une procédure numérique simplifiée a été mise en place. Elle se fait en ligne jusqu’au 10 juin. Les candidats peuvent aussi bénéficier d’un conseil technique gratuit pour la constitution de leur dossier en s’adressant à environnement@département41.fr.