Un beau concert a eu lieu ce vendredi au théâtre d’Orléans, avec la rencontre entre les Folies Françoises et la violoniste Hae-Sun Kang. Cette artiste d’origine coréenne, soliste de l’ensemble Intercontemporain et professeur à Paris, souhaitait aller à la rencontre du baroque. C’était aussi la démarche des Folies Françoises et de cet élan mutuel a résulté un concert original et de haute qualité.
Par Anne-Cécile Chapuis
Patrick Cohen Akénine et Hae-Sun Kang avec les Folies Françoises au théâtre d’Orléans. Photo AC Chapuis
L’orchestre des Folies est là en grande formation, avec cordes, bois et clavecin, et le concert démarre fort avec une pièce de Jean-Féry Rebel (1666-1747) « Chaos avant l’ordre de la nature » où le compositeur ne ménage pas les effets, évoquant en tutti les secousses de la terre qui tremble, l’eau avec les flûtes, l’air avec le piccolo ou la petite flûte, le feu avec les violons.
C’est ensuite le moment de pièces de Jean-Marie Leclair (1697-1764), un duo et concerto pour violon interprétés avec beaucoup de musicalité et de précision.
L’entrée de Hae sun Kang et sa brillante interprétation de Anthèmes de Pierre Boulez est un moment fort du concert où la violoniste fait montre de sa grande maîtrise de l’instrument, magnifié avec des effets de glissandi, pizzicati, échos..
La pièce finale est la composition de Yan Maresz « TenDances ». Celui-ci a bifurqué vers le classique après un parcours de jazz et du rock. Il s’est inspiré de la forme suite de danses, en l’adaptant aux danses d’aujourd’hui. Sa démarche s’est encore affinée quand il a découvert que les danses actuelles avaient une identité peu marquée, alors il a retenu des formes tango, blues, ou danses d’Asie où la pulsation et la stabilité harmonique font repère.
Une grande précision d’interprétation est requise, avec des interventions très courtes, qui donnent rythme et relief à la pièce. Sous la direction de Patrick Cohen-Akénine qui a posé le violon pour guider les musiciens, l’ensemble fait merveille.
Fin de concert et salut final avec, à droite, le compositeur Yan Maresz. Photo AC Chapuis
Une démarche expliquée aux jeunes
Si les spectateurs n’ont eu ni programme ni explications, les jeunes collégiens ont eu plus de chance. Dans le cadre des CHAM (Classes à Horaires Aménagés Musique) les trois principaux acteurs du projet se sont rendus au collège Jeanne d’Arc la veille du concert. Invités par Philippe Boutonnet, professeur de musique, ils ont pu expliquer la musique baroque, la musique contemporaine et la rencontre entre les deux, devant une classe de Troisième captivée par le propos et les exemples largement diffusés et commentés.
Yan Maresz, Patrick Cohen-Akénine, Hae-Sun Kang ont présenté le concert aux élèves CHAM du collège Jeanne d’Arc. Photo AC Chapuis
Hae-sun Kang défend la musique contemporaine comme une nouvelle musique qui fait avancer car « tout doit avancer dans la vie » Elle rapporte sa démarche vers la musique électro acoustique laquelle est « évidente quand on l’entend, beaucoup moins quand on en parle »
Le compositeur n’hésite pas à s’impliquer avec la question « Quand on sort de sa zone de confort, est-ce qu’on reste soi-même ? »
Ces questions ont trouvé leur réponses dans la brillante démonstration faite dans la salle Jean Louis Barrault par les Folies Françaises et leur programmation recherchée. L’on aurait pu espérer un plus grand nombre de spectateurs mais la concurrence est rude en ces périodes de pleine culture, et personne ne s’en plaint! Et ceux qui ont choisi Tendances n’ont pas regretté leur soirée, séduits par la qualité et l’originalité du concert, dans une volonté d’explorer encore et toujours, les infinies possibilités et prolongements de la musique baroque. Du grand art.
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