Un conseil municipal extraordinaire a été réuni ce lundi pour mobiliser l’aide à l’Ukraine envahie par l’armée russe. Deux camions sont partis, deux autres sont sur le départ tout comme Serge Grouard qui s’appuie sur la ville jumelle Cracovie pour animer cette solidarité et pour accueillir 150 Ukrainiens. Le maire partira aussi en Croatie pour un dossier plus médical.
Par Jean-Jacques Talpin
Réactive, Orléans a voulu l’être. Face « au drame humain et humanitaire », Serge Grouard a donc réuni un conseil municipal extraordinaire pour lancer un vrai élan de solidarité. « J’ai le sentiment puissant, a expliqué Serge Grouard, que face à cette situation dramatique on ne peut rester spectateurs ». Une série d’actions et de mobilisations va donc être engagée avec un premier budget dégagé de 100 000 euros.
Deux camions sont déjà partis avec divers produits et deux autres vont quitter Orléans chargés de matériel médical en direction de Cracovie. Orléans veut en effet s’appuyer sur sa ville jumelle polonaise pour coordonner l’aide et préparer l’accueil de 150 Ukrainiens, essentiellement des femmes et des enfants puisque les hommes demeurent sur leur sol pour combattre. Deux cars quitteront d’ailleurs Orléans ce mardi matin avec du personnel médical et des traducteurs afin de prendre en charge ces déplacés qui arriveront en fin de semaine à Orléans où ils seront logés à titre provisoire dans des familles volontaires. Dans un second temps, des logements devaient être dégagés, des moyens également afin « d’accueillir dignement ces réfugiés ».
« Ne pas confondre réfugiés et migrants »
« C’est une petite goutte d’eau, se réjouit Serge Grouard, mais tout est important pour répondre à cette tragédie. » De son côté, Serge Grouard sera aussi du voyage pour rejoindre la Pologne et Cracovie, un voyage qu’il effectuera sur ses propres deniers sans remboursement municipal afin d’afficher concrètement sa solidarité.
Évidemment tous les élus du conseil approuvent cette solidarité d’une seule main. Seule la communiste Dominique Tripet aimerait que la solidarité soit universelle et touche aussi d’autres peuples comme les Syriens ou les Afghans. « Il n’y a pas que l’Ukraine », regrette Mme Tripet pour qui solidarité rime avec tous les peuples mais aussi avec des étudiants étrangers discriminés à la frontière ou des femmes polonaises incarcérées parce que militant pour l’IVG. « Mais l’Ukraine est en guerre ; rétorque le maire, il y a urgence, on ne peut pas confondre réfugiés et migrants », oubliant sans doute que nombre de migrants, certes plus éloignés de l’Europe, quittent aussi leurs pays souvent en guerre.
Le conseil a aussi donné son feu vert (malgré l’abstention de toute la gauche) à un déplacement de Serge Grouard et de Florent Montillot à Zagreb en Croatie. Ce voyage doit permettre de clarifier et de définir précisément le contour du protocole d’accord signé avec la Faculté de médecine de Zagreb.
« Y-a-t-il quelque chose à cacher ? »
« Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup », assénait Martine Aubry à son camarade François Hollande, une sentence qu’aurait aussi pu reprendre le socialiste Baptiste Chapuis. Car sur l’ouverture en septembre prochain d’une antenne de la Faculté de médecine de Zagreb à Orléans l’élu y voit d’abord du flou : « On ne connaît pas le contenu de ce protocole, ni le coût de la formation, le contenu des enseignements, le montant des bourses, la reconnaissance des diplômes. C’est flou et même plus ».
« Y-a-t-il quelque chose à cacher », s’interroge-t-il alors que Stéphanie Rist (LREM) y voit au contraire une avancée positive pourvu que cette antenne soit aussi prise en charge par notre université. Pour Florent Montillot comme pour le maire l’antenne croate et la future fac de médecine d’Orléans qui devrait être validée début avril sont complémentaires. Tout en rappelant aux sceptiques et aux incrédules que c’est l’annonce de la création de cette antenne dans la ville johannique qui a « réveillé » le gouvernement avant de lâcher la « bonne décision » d’un CHU et d’une vraie faculté de médecine…
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