Dans le cadre de ses conférences du mardi, le Cercil Musée-Mémorial des enfants du Vel d’Hiv a invité ce mardi 15 Mars Robert Bober, réalisateur, metteur en scène et écrivain français, auteur d’une centaine de documentaires et de sept livres. Cette rencontre avait pour but de cheminer à travers l’œuvre littéraire de Bober, au fil des souvenirs qui s’enchainent et qui se croisent.
Par Antoine Lebrault
C’est en partenariat avec la librairie des temps modernes de la ville d’Orléans que le Cercil recevait Robert Bober, afin de présenter son œuvre littéraire. La discussion était animée par Hélène Mouchard Zay, présidente d’honneur du Cercil, accompagnée de la lecture d’extraits de certaines œuvres par Claire Vidoni, artiste associée au Théâtre de l’Imprévu. La salle était comble pour accueillir cet homme à la carrière très renommée.
Robert Bober nait à Berlin en 1931 de parents juifs d’origine polonaise. En 1933, la montée du nazisme contraint sa famille à quitter l’Allemagne et à se réfugier en France. La famille parviendra quelques années plus tard à échapper à la rafle du Vélodrome d’Hiver, prévenu par une personne de confiance : un commissaire de police.
Le jeune Robert doit alors être caché avec sa sœur, ils seront envoyés en pension pour suivre des études. Après l’obtention de son certificat d’études primaires, il commence son apprentissage en tant que tailleur, métier qu’il exerce jusqu’à ses 22 ans. Il est également potier et éducateur auprès d’enfants dans des camps de vacances.
Une rencontre incroyable
Passionné de cinéma, Robert Bober suit de très près l’actualité cinématographique, et est très admiratif du travail de Francois Truffaut, réalisateur de la Nouvelle Vague, très en vogue à la fin des années 50. Dans le cadre du tournage du film Les 400 coups (1959), Bober envoie un courrier à Francois Truffaut pour lui faire part de son envie d’être assistant sur le film, afin de superviser les enfants. Après un premier refus, Truffaut décide d’engager Robert Bober, trouvant que les mômes sont trop turbulents. Il assistera le réalisateur pour d’autres films comme Tirez sur le pianiste ( 1960) et Jules et Jim ( 1962).
Robert Bober produira des documentaires pour la télévision dans les années 1960 et 1970, avec des thématiques abordant la période d’après-guerre et sur les conséquences dramatiques de l’Holocauste.
Se considérant lui même comme un privilégié d’avoir survécu à l’horreur, il aborde un grand nombre de questions relatives à sa situation d’enfant de parents juifs au sein de ses documentaires. La génération d’après et réfugié provenant d’Allemagne, apatride d’origine polonaise viennent caractériser cette vision très personnelle.
L’écriture de ses romans se fait de la même manière. Son histoire et son parcours sont le fruit de ses ouvrages. Il publie son premier roman Quoi de neuf sur la guerre ? en 1993, et recevra d’ailleurs le prix du livre Inter l’année suivante.
Son second roman Berg et Beck s’inspire de nouveau de sa vie de petit garçon. Il nous raconte l’histoire de jeunes enfants juifs ayant survécu à la déportation de leurs parents, et à leur manière de surmonter l’horreur sans leurs êtres les plus chers.
À travers son œuvre littéraire et ses documentaires, l’auteur et réalisateur parvient à transmettre la mémoire collective de la Shoah et de la Seconde Guerre Mondiale. C’est une vie riche et pleine que Robert Bober retranscrit sur le papier, pour ne rien oublier, et pour garder une trace impérissable de son passé.
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