[Archives] “À demain mon amour” : la vie des Pinçon-Charlot à la loupe

Après le décès le 26 septembre 2022, à 80 ans, du célèbre sociologue des “riches” Michel Pinçon, Mag Centre republie l’article consacré au documentaire À demain mon amour relatant leur vie, sorti en mars 2022.

Publication initiale 23 mars 2022

Le célèbre couple de sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon observent de près les riches depuis plus de 30 ans. Ils sont “étudiés” à leur tour dans le film À demain mon amour de Basile Carré-Agostini sorti en salles ce mercredi après une avant-première aux Carmes à Orléans le 6 mars 2022 en partenariat avec Magcentre. 

Par Sophie Deschamps

Basile Carré-Agostini, réalisateur d’À demain mon amour devant l’affiche du film au cinéma les Carmes à Orléans. Photo Sophie Deschamps

Les nombreux spectateurs et spectatrices venus voir À demain mon amour aux Carmes le 6 mars 2022 ont regretté l’absence du célèbre couple de sociologues mais grâce à la présence du réalisateur Basile Carré-Agostini, ils ont pu apprendre beaucoup choses sur les coulisses de ce objet cinématographique sans acteurs professionnels mais avec deux personnages formidables plus vrais que nature, filmés sans filtre dans leur vie publique et privée.

Pour donner le ton, le film s’ouvre sur cette citation de Simone Weil, la philosophe : « Tout ce qu’il y a de plus haut dans la vie humaine, tout effort de pensée, tout effort d’amour est corrosif pour l’ordre » Car c’est aussi une belle histoire d’amour de plus de 50 ans que nous donne à voir Basile Carré-Agostini avec les petites attentions du quotidien l’un pour l’autre. D’ailleurs, quand l’un apparaît sur l’écran l’autre n’est jamais très loin.

Des scènes prises sur le vif

Des scènes non répétées donc, prises sur le vif, et c’est tout l’intérêt du film, celui de nous donner à voir leur quotidien.  Ces chercheurs ont travaillé toute leur vie sur les riches et la grande bourgeoisie pour faire connaître au grand public leur façon de vivre, de penser et surtout de dominer les autres. Bien qu’à la retraite depuis 2007,  ils poursuivent ce travail qui est aussi pour eux un acte militant avec aujourd’hui une liberté de parole qu’ils n’avaient pas en tant que chercheurs du CNRS.

Une vie de travail 

La caméra discrète de Basile Carré-Agostini les a filmés au plus près chez eux dans leur modeste pavillon de banlieue, jusque dans la chambre à coucher devant leur poste de télévision mais sans aucun voyeurisme. Cette maison est aussi leur lieu de travail fait de lecture de journaux, l’oreille sur le poste de radio et l’œil rivé sur celui de la télé. 

L’écriture aussi tient un grand rôle dans leur vie avec au départ des livres de sociologies sur les riches écrits ensemble comme Dans les beaux quartiers en 1989 ( Paris et sa proche banlieue) ou bien encore Paris: quinze promenades sociologiques. Des livres plus politiques après 2007 comme le célèbre Président des riches publié en 2010 et qui a sûrement joué un rôle dans l’échec de la réélection de Nicolas Sarkosy en 2012.

Des fragments de vie qui forment un tout

La force de ce film est aussi de sauter d’une scène à l’autre sans transition. Eux seuls sont le fil conducteur de cette histoire. De plus, ces deux-là  parlent à tout le monde même si Monique est plus à l’aise dans cet exercice comme le reconnaît avec tendresse et humour son compagnon de toujours. On découvre sans surprise qu’ils sont copains avec Philippe Poutou du NPA ou bien encore François Ruffin.

C’est ainsi qu’on les voit avec des lycéens avenue Montaigne pour déconstruire l’intimidation que sont les boutiques de luxe, visibles mais inaccessibles. Un chauffeur de taxi, des gilets jaunes dont la colère commençaient alors à se répandre dans Paris et qu’elle conseille pour leurs interventions sur les plateaux-télé : « Toujours attaquer et ne jamais se justifier », un châtelain, pas rancunier, sur lequel ils ont écrit et qui leur rend visite. C’est aussi une jeune libraire qui les aborde dans la rue pour leur dire qu’elle les adore. Des pépites qui font le sel d’une vie.

On en ressort boosté par l’énergie incroyable de ce couple pourtant vieillissant mais militant plus que jamais, partagé entre espoir et pessimisme sur l’avenir de notre pays. Le mot de la fin est laissé à Michel Pinçon. Après avoir visionné le long-métrage achevé, il a déclaré à Basile Carré-Agostini : « Ce film montre la nécessité de faire la révolution mais pas n’importe comment car c’est une chose très sérieuse la révolution. »

Commentaires

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  1. La participation de Monique Pinçon-Charlot au film complotiste “hold-up” décrédibilise ce couple de “révolutionnaires”.
    Le Canard Enchaîné classe ce film dans “les films à ne pas voir”!

  2. Ruffin c’est bien le condisciple du Président Macron au Lycée catholique privé” la Providence ” qui se prend pour un prolo ?

Les commentaires pour cet article sont clos.

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