Pour Paris-Nice, ASO a revu Vierzon

La deuxième ville du Cher avait accueilli une étape du Tour de France, en juillet dernier. Huit mois plus tard c’est une étape de Paris-Nice qui s’est élancée de l’esplanade de la Française, place emblématique locale. Outre admirer le peloton de coureurs, les Vierzonnais ont pu mesurer l’efficacité de l’organisation version Amaury Sports Organisations.

Par Fabrice Simoes

Place de la Société Française, le 201 SFV trône en majesté. Deux grands cars-podium, un pour la présentation, un pour les VIP ont été installés à la première heure. Avant que les bus des équipes arrivent, avant que les élus et les spectateurs arpentent le pavé vierzonnais, les invisibles, les petites mains étaient au taf. La machine est parfaitement huilée. Le timing est rigoureux. C’est la marque ASO (Amaury Sports Organisations) : professionnelle jusqu’au bout des ongles et pas de place à l’improvisation.

Pourtant, c’est le début des organisations même si la Course au soleil n’est rien au regard du Tour de France. Une mise en bouche pour les sportifs, une mise en train pour les organisateurs, une mise en haleine pour les spectateurs. Paris-Nice, c’est le début de la saison sportive. C’est le début pour les gentils membres de l’organisation. Le jour levé, au bout de la rangée de barrières, ils font la circulation. Ils font aussi le barrage pour que celui qui n’a pas le badge en bandoulière, celui où y a marqué dessus invité, journaliste, ou autre, ne fourre pas ses arpions n’importe où. Le croissant gratuit ou les chouquettes, les deux pour les plus gourmands, ça se mérite mais en amont du jour J seulement. Comme les pros de la course, ils sont en rodage. C’est à ça que sert Paris-Nice : roder les équipes cyclistes et les organisateurs. En mars on peaufine pour que ça roule en juillet.

Wiwi aura du Quinçy plus tard

Devant les verrières classées aux monuments historiques, apparaît sur grands écrans, William Bonnet. A la fin de la saison dernière, il a troqué sa tenue de coureur pro pour celle de retraité des pelotons. Les aficionados connaissent bien le capitaine de route de la FDJ, celui qui a consolé Thibaut Pinot, blessé, obligé de quitter prématurément le TdF 2019… Mais ici, William, c’est Wiwi. Même né dans la banlieue de Bourges, à Saint-Doulchard, même si son cursus scolaire est passé par le primaire en Sologne, même si désormais il vit, avec sa famille, en Picardie, William est VIERZONNAIS. Pour toujours !

Que le maire de la ville, Nicolas Sansu, lui offre quelques présents pour son départ en retraite, devant un public radieux, était donc bien normal. Une ovation pour Wiwi et basta, on ne va pas passer la journée là-dessus. C’est que les coureurs ont une étape à faire. Alors, que le président du CCV, le club cycliste local, veuille remettre lui aussi un présent, devant la foule en délire, ça va pas être possible a dit un petit chef d’ASO au pied de l’escalier. « Le protocole, le timing, tout ça… Vous comprenez !» A la vue du paquet – un carton du domaine Tatin, producteur Quincy & Reuilly – il aurait pu ajouter que c’était pour son bien. Bon, la santé des ex-coureurs c’est un peu le cadet des soucis du personnel d’ASO…

Tout comme ils se contre-fichent bien de la buvette du comité des fêtes. Perchée dans les jardins de la Française, une vingtaine de marches au-dessus de l’aire officielle, séparée par une grande porte pourtant largement ouverte, l’estaminet temporaire n’a pas eu droit à un espace en bas, à côté des podiums. Le stand de la sécurité routière non plus. Pas plus que celui qui accueillait le parcours de Nicolas Vuillermot. Il devait effectuer des démonstrations de vélo-trial pour faire patienter ! Dans l’anonymat total, avec ses obstacles et son biclou, il avait de quoi être malheureux. Comme quoi un champion du monde trial n’a pas de commune mesure avec un équipier porte-bidon d’une équipe continentale. La visibilité non plus pourrait-on ajouter.

Le public est resté au pied de l’escalier. Lui a monté et descendu les marches, sur son vélo même pas pour faire genre mais pour le fun, simplement le fun. Seule la communauté de commune a pu disposer de quelques mètres d’exposition sur l’esplanade. Là, après le gavage du début de matinée à coup de gueulées de sablés de Nançay, les amateurs de goodies ont récupéré sacs, gobelets plastique, crayons et stylos par poignée. La guerre en Ukraine sans doute…

Tandis que les derniers crayons à mine de bois rejoignaient des poches avides, les cousins des invisibles et des petites mains de l’aube pliaient les gaules, les banderoles et les calicots. Au-dessus, les bénévoles du comité des fêtes ont mangé les derniers croissants et Nicolas a rangé ses obstacles dans la remorque. Les coureurs étaient partis depuis un moment, les fans des courses cyclistes aussi !

Les vélos qui vont avec les coureurs, les voitures qui vont avec les vélos, les bus qui vont avec les équipes, les équipes qui vont avec ASO ont vu Vierzon pour une deuxième année consécutive. Et comme en 2023 aura lieu le tour de France féminin, la passe de trois n’est pas impossible. Une matinée, vite fait, bien fait. Ça passe crème…

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