En difficultés depuis des décennies le secteur industriel relève la tête. Les entreprises investissent fortement, le taux de chômage baisse, les relocalisations s’intensifient : de bonnes nouvelles portées par la Région. Et cela même si l’industrie reste minoritaire dans l’économie régionale. Vice-président délégué à l’industrie au conseil régional le Radical Harold Huwart veut encore aller plus loin !
Propos recueillis par Jean-Jacques Talpin
Harold Huwart, Vice-président délégué à l’industrie au Conseil régional du Centre-Val de Loire. Photo Magcentre
Comment se porte l’économie régionale au sortir de la crise ?
Harold Huwart : Nous avons retrouvé notre niveau d’avant crise, l’économie a redémarré plus fort qu’au niveau national alors que notre taux de chômage est plus faible que la moyenne française. C’est le fruit de mesures fortes que nous avons portées par le biais du plan de relance et de notre fonds Renaissance. Près de 64 millions d’euros ont été investis dans les entreprises avec le plan de relance. Nous n’avons jamais connu autant d’investissements industriels.
Le rattrapage d’avant 2020 est donc effectif ?
H.H. : Plus qu’un rattrapage il s’agit de la consolidation de notre tissu industriel régional qui est solide. Dans le même temps nous n’avons pas connu d’augmentation du nombre de faillites et on a recréé de l’emploi industriel pour la première fois depuis 30 ans alors que notre balance commerciale reste excédentaire. Notre force reste dans les grandes filières comme la santé, les cosmétiques et le tissu dense de PME.
Pour sauver l’entreprise Alvance Wheels à Diors près de Châteauroux, la région vient d’entrer dans le capital. Une nouvelle pratique ?
H.H. : C’est vrai, c’est la première fois que nous entrons directement au capital d’une entreprise en apportant 5 millions d’euros, aux côtés de l’État et d’autres investisseurs. Mais nous n’avons vocation pas à rester au capital. C‘est un nouvel outil mais nous aidons déjà, par le biais de fonds d’investissements, des centaines d’entreprises par le biais de subventions, de prêts ou de garanties. L’objectif avec Alvance Wheels c’était de remettre l’entreprise sur les rails et de sauver 166 emplois. C’est fait !
Un mouvement de relocalisations
C’est l’arbre qui cache la forêt ?
H.H. : Durant la crise 70% des entreprises ont épargné leur PGE (prêt garanti par l’État) ce qui leur a procuré de la trésorerie et donc des investissements. C’est vrai dans toute la région. Chez moi à Nogent-le-Rotrou B. Braun Médical, Valeo, Eurowipes et Nipro vont investir des dizaines de millions d’euros et créer de nombreux emploi.
On parle beaucoup des relocalisations mais avec des retombées légères ?
H.H. : Au contraire le mouvement est bien engagé. De nombreuses entreprises rapatrient des lignes de production comme All circuits à Meung-sur-Loire qui investit lourdement et créé des dizaines d’emplois. C’est un mouvement qui touche tous les secteurs dans toute la région. La Région a déjà accompagné 40 entreprises et nous lançons un appel à projets pour accélérer le mouvement et cela d’autant plus qu’en réaction on pourrait assister à des délocalisations de services.
Reconquête et réarmement
Même si cela a déplu dans certaines collectivités la Région est dormais seule compétente pour l’économie ?
H.H. : La loi nous a donné cette compétence. L’agence économique régionale Dev’up est notre bras armé sur le territoire régional qui coordonne un réseau de 400 développeurs. Nous allons renforcer nos équipes dans tous les départements pour jouer la carte de l’efficacité et de la proximité. Il faut pour cela un effort financier. Dans le budget 2022 notre participation à des fonds d’investissements a cru de 20 millions, les crédits pour le tourisme ont doublé. Nous mettons en place un fonds de proximité pour le commerce et l’artisanat. Il faut aussi améliorer notre ingénierie financière, renforcer la formation sur le terrain.
La région, peut être devenir ou redevenir une grande région industrielle ?
H.H. : Mais elle l’est déjà avec de grandes filières industrielles. Mais c’est vrai, un tournant historique a été pris vers la réindustrialisation. Il s’agit d’une reconquête et d’un réarmement de notre industrie. Et n’oublions pas que notre industrie finance notre modèle social !