Deux ministres étaient dans le Loiret ce jeudi 24 février pour présenter leur plan d’action contre les discriminations en milieu rural. Après une première halte à Beaugency le matin, la visite s’est poursuivie au Planning Familial d’Orléans.
par Sophie Deschamps
Pour montrer leur détermination à lutter contre les discriminations en milieu rural, deux ministres, Élisabeth Moreno, chargée de l’égalité ainsi que Joël Giraud, secrétaire d’État chargé de la ruralité, ont pris leur bâton de pèlerin ce jeudi 24 février 2022 avec un programme chargé dans le Loiret.
La visite a tout d’abord commencé à Beaugency, à la Maison France Services. Des maisons dont le but est de simplifier la relation des usagers au public. Un petit tour ensuite au planning familial balgencien avec une table-ronde sur l’égalité entre les femmes et les hommes dans les petites villes avant de rejoindre Orléans.
Zoom sur les discriminations LGBT + en milieu rural
Le thème abordé l’après-midi au Planning Familial d’Orléans était lui beaucoup plus inattendu puisqu’il a traité la question des droits LGBT + dans nos campagnes avec la volonté de recueillir les initiatives locales.
Parmi les associations invitées, il y avait bien sûr le Groupe Action Gay et Lesbien GAGL du Loiret. Christophe Desportes-Guilloux formateur pour la prévention des discriminations a insisté « sur les jeunes empêché.es de vivre leur vie que ce soit dans le village où tout le monde se connaît et contrôle tout le monde mais aussi dans la cage d’escalier de l’immeuble ». Élisabeth Moreno qui était déjà venue il y a un an à Orléans a aussitôt pointé le fait que les jeunes des villes ont à leur disposition des associations contrairement à ceux des campagnes qui n’ont pas toujours à leur disposition un moyen de transport adapté.
Heureusement, des solutions émergent comme à la Maison des Adoslescents du Loiret dirigée par Stéphanie Sobrero. Un espace de prévention de santé mentale à destination des jeunes entre 11 et 25 ans. Cette maison a notamment mis en place un camping-car aménagé pour faire des entretiens et qui peut se déplacer dans le Loiret à la demande d’un jeune dans le lieu de son choix.
Monique Lemoine, présidente du Planning Familial du Loiret, a de son côté insisté sur l’importance de l’éducation des jeunes notamment en milieu scolaire où ils passent beaucoup de temps avec cette déclaration qui a fait mouche. « On s’en fout de qui aime qui, l’importance c’est le respect » et martelant dans la foulée : « L’égalité, ça s’apprend. Nous sommes dans un système de domination. Si on n’apprend pas aux jeunes qu’il peut y en avoir un autre, on se retrouvera ici dans 40 ans pour chercher encore des solutions ! »
Des mesures concrètes ces deux dernières années
Les deux ministres ne sont pas venu.es les mains vides avec notamment une rallonge de 1,5 million d’euros pour des appels à projets à distribuer aux associations avant l’élection présidentielle. Concernant le reproche de beaucoup de paroles et de peu d’actes Élisabeth Moreno, un peu vexée, selon ses propres mots, a opposé les mesures concrètes mises en place depuis deux ans : « La PMA pour toutes, ça faisait dix ans que des femmes l’attendaient, on l’a mise en place (fin 2021, NDLR). La loi contre les thérapies de conversion, on en parlait depuis longtemps, elle existe aujourd’hui. Sans oublier notre plan d’action national pour lutter contre la haine LGBT + qui se déverse de plus en plus sur les réseaux sociaux mais aussi physiquement. Ce sont 42 mesures pour rendre plus simple et plus douce la vie des personnes LGBT+.»
Peut mieux faire
Bien sûr les deux ministres reconnaissent que la question des discriminations sexuelles à la campagne et ailleurs est bien sûr loin d’être réglée.
Car cette table-ronde a aussi permis de faire émerger le manque de connaissances des enseignants, des policiers mais aussi des médecins sur toutes les questions LGBT +. Par ailleurs Christophe Desportes-Guilloux insiste sur le fait que le GAGL 45 est le seul en France a être ouvert tous les après-midi.
Sur les discriminations LGBT+, l’association se sent aujourd’hui soutenue par le ministère de l’égalité : « Il y a encore dix ans, il n’y avait pas de crédits de l’État sur ces sujets. Mais cela reste très insuffisant par rapport à l’ampleur du travail à faire. » Notamment. sur la formation avec cette incongruité que ce sont les bénévoles qui forment les agents de l’État : « À la fin de l’année, il y aura deux gendarmes sensibilisés aux questions LGBT dans chaque gendarmerie du Loiret et ça n’existe dans aucun autre département de France. Mais ce sont nous les bénévoles qui prenons des congés pour former des agents de l’Etat afin que la vie des personnes LGBT s’améliore ! »
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