La Fédération nationale des entrepreneurs des territoires (FNEDT) a tenu son 88ème congrès salle du Jeu de Paume à Blois du 17 au 19 février dernier. Plus de 1000 entrepreneurs de travaux agricoles, ruraux et forestiers se sont réunis autour du thème Des énergies dans les entreprises de travaux agricoles, forestiers et ruraux.
Par Jean-Luc Vezon
Forte de 21 000 entreprises et de 124 771 salariés permanents et occasionnels qui réalisent des chantiers au service des exploitants agricoles (1) et forestiers, des propriétaires, des entreprises et des collectivités locales, la FNEDT se porte bien et fête dignement son centenaire puisqu’elle est l’héritière de la Fédération nationale des syndicats d’entrepreneurs de battage et de pressage de France créée en 1922.
Organisé par EDT Centre que préside Serge Renault (1250 entreprises et 5 300 salariés), le congrès a proposé deux journées de travail autour de tables rondes sur des thèmes d’actualité : difficultés de recrutement, hausse des coûts d’entretien des machines agricoles et forestières, nouvelles énergies. Un salon professionnel d’exposants et une conférence de Marie-Amélie Le Fur, championne olympique et présidente du Comité paralympique français ont complété ce programme.
Tension sur les coûts et les approvisionnements
« La hausse du coût de l’énergie impacte durement nos entreprises à qui nous conseillons de la répercuter auprès de leurs clients pour maintenir leur viabilité économique et investir dans la transition énergétique. Elle est de l’ordre de 15 % » a évoqué Gérald Napias, président de la FNEDT dans son discours. Autre sujet d’inquiétude, la hausse et les tensions sur les approvisionnements d’équipements. Il faut ainsi parfois six mois pour obtenir une simple tronçonneuse. La FNEDT demande donc à l’Etat une baisse des charges sociales et un remboursement de la TICPE avancée sur l’année 2021.
Stop au forestier bashing
« Vous tuez des arbres, vous êtes des assassins ». En butte aux écologistes radicaux comme Jonathan Attias qui les dénigrent sur Internet ou tentent même parfois de saboter leurs équipements, les entrepreneurs de travaux forestiers ont profité du congrès pour pousser un coup de gueule. « C’est scandaleux et diffamatoire de dire que nous détruisons les forêts. Nous sommes au contraire des gestionnaires qui mettons en valeur notre patrimoine forestier qui d’ailleurs augmente régulièrement. La déforestation est une vue de l’esprit » soulignait Michel Bazin vice président de la commission forestière à la FNEDT.
« Ces ayatollahs verts propagent l’idée que l’on défricherait impunément. Or il faut savoir que dans notre pays il n’est pas possible de le faire sans autorisation préfectorale ou compensation. Les coupes rases sont également des actes nécessaires de gestion » complète l’élu en précisant que seulement 60 % de la croissance de la forêt est exploitée chaque année.
Soumis à des pressions sociétales, écologiques et économiques, les 6 800 entreprises de travaux forestiers doivent également composer avec une situation de la filière bois complexe. Les exploitants qui peuvent négocier des prix de vente du chêne élevés (de l’ordre de 300 euros le m3 pour les bois de meilleure qualité, 150 euros en moyenne) sont en effet tentés de vendre leurs grumes en Asie et en Chine. Cela rend difficile l’équilibre économique des scieries françaises qui achètent ainsi leurs matières premières plus chères. Cela d’autant plus que celles-ci (elles sont une cinquantaine en région) n’ont pas suffisamment investi ces dernières années pour se moderniser et abaisser leur seuil de rentabilité.
« Nous ne sommes en rien responsable de ces prix de vente tirés vers le haut. Il faut savoir que contrairement à ce qui est allégué l’exportation des grumes ne représente que 15 % selon les chiffres officiels de l’Agreste. L’exportation est nécessaire et les scieurs ne manquent pas de bois même si 50 % des meilleurs grumes s’exportent » précise de son côté Robert Dieudonné, entrepreneur forestier dans les Vosges et président du pôle forêt à la FNEDT.
(1) 60 % des exploitations agricoles (265 000) font appel aux entreprises de travaux agricoles qui constituent une alternative aux CUMA.
(2) Selon l’inventaire forestier de l’IGN, en trente ans, la forêt française a gagné l’équivalent de la superficie de la Bretagne, soit 2,7 millions d’hectares. Elle occupe désormais 16,9 millions d’hectares (9 millions en 1900) et poursuit sa progression à raison de 90 000 hectares par an.