Un beau jour pour Lisa Cat-Berro et son quartet

La saxophoniste d’origine orléanaise vient de sortir un cd où pour la première fois elle chante ses compositions. Des vraies folk-songs, mais aussi des instrumentaux très jazz. Son quartet en pleine forme apporte à ses compos une rigueur et une musicalité intéressante sans jamais étouffer sa voix plutôt frêle mais très sûre d’elle. Dix plages aux ambiances nostalgiques traversées par la douceur du folk et l’énergie du jazz.

Par Bernard Cassat

Lisa Cat-Berro, saxophoniste de jazz, compositrice et chanteuse, comme sa sœur la chanteuse Sonia, a passé toute son enfance et sa jeunesse à Orléans. Elle y a appris la musique puis est montée à Paris pour suivre des études au Conservatoire National Supérieur de Paris. Elle creuse un sillon personnel dans le milieu du jazz, qui l’amène à enregistrer un premier album en 2013, nommé aux Victoires du Jazz avec déjà « son » quartet : Julien Omé (guitare), et les deux Orléanais Nicolas Larmignat (batterie) et Stéphane Decolly (basse). Gilles Olivesi (ingé son) complète le groupe. Lisa participe d’autre part au fameux Lady Quartet de Rhoda Scott.

Avec son quartet originel, elle vient de sortir un deuxième enregistrement, Good Days, Bad Days. La période du covid a été difficile pour tous les artistes privés de lieux de concert, donc de public. Mais pour elle particulièrement, que des problèmes de santé ont en plus immobilisée pendant plusieurs mois.

Un quartet en parfaite harmonie

Période pendant laquelle elle a écrit plusieurs chansons. Mélodiste née, elle déroule des thèmes et écrit des textes pour les mettre en valeur. Ou l’inverse, tant paroles et musique sont imbriquées. Elle ajoute donc au saxo sa voix que le studio permet de superposer parfois. Ces cinq chansons, dans la lignée des folk-songs américaines (d’où la langue anglaise, sauf une, plus parlée que chantée), sollicitent la guitare de Julien Omé, très folkeux (Water Girl, première chanson du cd, par exemple), mais pas seulement.

Il passe à l’électrique sur des instrumentaux, trafiquant le son pour donner au quartet un timbre tout à fait original. Nicolas Larmignat à la batterie, toujours aussi précis et rigoureux (Fifty four, entre autres), se fait parfois très doux pour laisser à la voix toute sa place, parfois plus rock dans les instrumentaux pour rythmer magistralement les mélodies du saxo. Ses entrées impressionnantes sont un vrai plaisir.

Stéphane Decolly n’est pas en reste avec une basse très présente qui ponctue malicieusement les thèmes. Il amène une profondeur au son du groupe. Les quatre musiciens s’entendent superbement dans leur cour de récré et construisent un jeu léger et fort, mené par le saxo de Lisa, plutôt sage mais très expressif, cherchant la communication plus que l’expression pure, exposant les thèmes et les fouillant pour en parcourir tous les recoins. Avec un très beau contrôle du souffle.

Les cinq chansons, un peu nostalgiques, un peu gloomy (Waiting for you) traduisent bien la situation du moment, l’ambiance étrange de ces mois, ces années maintenant, sous cloche, où l’on se sent limité. Mais dans cet aire de jeu qu’elle parcourt, Lisa et son groupe sont d’une liberté fraîche et entraînante. Saxophoniste déjà bien confirmée, Lisa est désormais aussi chanteuse patentée.

Good Days, Bad Days

Lisa Cat-Berro : Chant, saxophone
Julien Omé : Guitares
Stéphane Decolly : Basse
Nicolas Larmignat : Batterie
Son (Prise de son et mixage) : Gilles Olivesi
Label Gaya Music

Distribution : L’autre distribution