Hélène Thouy, candidate du Parti Animaliste à la présidentielle a fait étape dans notre région ce samedi 12 février 2022. Après avoir visité et encouragé le sanctuaire animalier du Vernou dans le Loir-et-Cher, elle a rencontré la presse avant de donner dans la soirée son premier meeting de campagne, salle Eiffel à Orléans.
Par Sophie Deschamps
Le passage obligé pour tout candidat.e à la présidentielle en campagne est justement de faire un tour à la campagne. Hélène Thouy n’a pas dérogé à la règle. Pour montrer son attachement à la cause animale, elle a choisi de mettre en lumière le sanctuaire animalier du Vernou, près de Chaumont-sur-Tharonne dans le Loir-et-Cher. Un lieu atypique créé il y a six ans par la toute jeune Julie le Hideux. Sur place, pas moins de deux cents bêtes, vaches, cochons, sangliers, moutons, chèvres, chevaux, ânes, et même des chats se partagent 70 hectares et mènent une retraite paisible. Des animaux sauvés des abattoirs, achetés à des éleveurs ou recueillis après un abandon. Un lieu qui détonne dans cette partie de la Sologne où se côtoient de nombreux domaines de chasse.
Sur place, devant les journalistes de la presse nationale et locale présent.es, Hélène Thouy a expliqué sa façon de faire campagne : « Ce qui me pose problème avec la Présidentielle, c’est qu’elle extrêmement personnalisée. Nous nous engageons pour les animaux, pas pour nous. Nous ne sommes pas là pour avoir des postes. Ce que l’on veut c’est arrêter de faire subir aux animaux l’inacceptable. »
Seulement 56 parrainages
Cap ensuite pour la candidate animaliste sur Orléans avec tout d’abord une rencontre avec la presse. L’occasion de faire le point sur ses parrainages. Un point de passage obligé puisque pour être candidat à la fonction suprême, il faut en recueillir 500.
Mais alors qu’Hélène Thouy avait obtenu 300 promesses de parrainages d’élu.es, le compteur restait bloqué ce 12 février à 56 : « Des maires nous contactent pour nous dire qu’ils ont peur des représailles, des pressions. Certains se sont déjà désistés. D’autres attendent le dernier moment. Donc, pour nous c’est inquiétant évidemment pour la cause animale mais plus généralement pour le pluralisme et la démocratie. »
Hélène Thouy est favorable à la proposition de Jean-Luc Mélenchon de désigner les candidat.es à la présidentielle par l’approbation de 150.000 citoyens : « C’est une mesure essentielle d’autant que les maires n’en veulent pas de ce pouvoir de parrainage. C’est une charge pour eux. Donc il faut sortir de ce système qui permet aux trois grands partis de décider qui a le droit ou pas de se présenter à l’élection présidentielle. »
La candidate déplore aussi de ne pas apparaître sur l’application Elyze dont le but est d’inciter les jeunes (et les moins jeunes) à voter en les aidant à choisir leur candidat.es en fonction de leurs propositions : « Nous leur avons envoyé un mail mais nous n’avons pas de réponse pour le moment. »
Un meeting de deux heures salle Eiffel
Vers 20h, militants associatifs et politiques ont convergé vers la salle Eiffel pour le grand meeting de la soirée en présence de 200 personnes.
Une rencontre en deux temps : tout d’bord le témoignage de personnes qui œuvrent au quotidien pour la cause animale comme Ludovic Sueur, photographe animalier dont les images ont été projetées sur grand écran. Des clichés nature qui savent capter des instants de vie. D’autres dénoncent la maltraitance dans les abattoirs, les élevages et les cirques. Ludovic Sueur a aussi rappelé que la faune sauvage ne représente plus que 4% des animaux sur la planète contre 60% d’animaux domestiques qui finissent dans notre assiette.
C’est aussi Dominique Hofbauer, chargé de l’éthique animale chez L214 qui a cité l’attitude exemplaire de la Belgique. On le sait peu ou pas du tout mais nos voisins belges ont trois ministres du bien-être animal, un par province. Ils interdisent notamment le foie gras, la production de fourrure. Les œufs de poules élevées en cage ont été retirés des rayons des supermarchés depuis 2008. En 2014, le parlement belge a voté la fin de la détention des animaux sauvages dans les cirques itinérants à la quasi-unanimité.
Les jeunes du campus animaliste
Face aux nombreux jeunes qui s’intéressent à la cause animale un campus animaliste a vu le jour fin 2021. Quatre membres, trois filles et un garçon sont monté.es sur scène pour faire part de leur engagement mais aussi de leur indignation face aux tortures et souffrances infligées aux animaux. Des jeunes qui ont des projets plein leur musette avec notamment un concours de plaidoiries animales le 25 mars à Paris. Hélène Thouy est l’une des membres du jury aux côtés de Brigitte Gothière, directrice de L214 et du naturaliste-photographe Pierre Rigaux. Des jeunes qui pensent «qu’en agissant politiquement pour les bêtes, nous luttons pour une certaine idée de la France. Et nous pourrons peut-être faire de la France le pays de la révolte pour les animaux.»
Quatre élues sur scène
Pour la seconde partie politique de ce meeting, quatre élues se sont succédées au micro. Tout d’abord Sandra Krief, élue au conseil municipal de Grenoble en 2020 pour le Parti Animaliste et déléguée à la condition animale. Une victoire qu’elle savoure tous les jours tout en confiant « qu’il est difficile d’agir sans budget ni service ».
Une élue “chanceuse” lui a succédé : Catherine Dehaye, élue à la Mairie de Montreuil et qui a le soutien de son jeune maire communiste, Patrick Bessac. Et de citer entre autres la première fête de l’animal du 4 octobre 2020. C’est aussi une ville qui va mettre en place une proposition végétarienne quotidienne dans les.cantines scolaires. Montreuil refuse aussi d’accueillir les cirques avec des animaux sauvages comme la ville de Blois où le cirque Zavatta qui s’est installé le 24 janvier 2022 au parc des expositions sans autorisation va devoir quitter les lieux.
Catherine le Troquier ensuite, maire de Valaire, petite commune de 85 habitants. Une maire qui s’était opposée à la vénerie souterraine contre les blaireaux en 2020. Cette élue a bien sûr donné son parrainage à Hélène Thouy. Elle a cité en conclusion cette phrase terrible de Marguerite Yourcenar : « L’homme a peu de chance de cesser d’être un tortionnaire pour l’homme tant qu’il continuera à apprendre sur l’animal son métier de bourreau. »
Enfin, Mira Markovic dite Douchka est élue depuis 2014 à la mairie du 18e arrondissement de Paris. Une élue fière d’avoir obtenu une alternative végétarienne quotidienne dans les cantines scolaires de l’arrondissement ainsi que deux menus exclusivement végétariens par semaine, soit 28 000 repas.
Le discours percutant d’Hélène Thouy
Avocate dans la vie, Hélène Thouy est à l’aise sur scène. Durant une vingtaine de minutes elle a donc déroulé ses arguments et ses propositions : « Ce combat pour les animaux, nous avons décidé d’en faire un combat politique.» a tout d’abord rappelé la candidate reprenant la critique de délaisser les drames humains au profit des bêtes : «Cette interrogation nous rappelle sans cesse cette frontière si étanche et si arbitraire que nous avons érigé entre eux et nous pour cautionner les atrocités commises chaque jour. »
Hélène Thouy a ainsi rappelé que trois millions d’animaux terrestres sont tués par jour en France. Pire, 1000 milliards d’animaux marins sont tués par an dont 400 milliards sont des prises accidentelles, des dauphins par exemple mais aussi d’autres.
Selon elle « le score des européennes où le Parti Animaliste a obtenu en France 2,14% des suffrages a été un tournant ».
La candidate pointe quelques progrès comme l’interdiction du broyage des poussins mâles dès 2023 mais initialement prévu en 2022 et qui ne concerne pas les canetons mâles qui eux continueront de l’être.
Elle a aussi rappelé les promesses non tenues d’Emmanuel Macron et surtout « des mesures pro-chasse comme le maintien des chasses traditionnelles alors que les Français sont contre à 84% ».
Sans oublier la cellule Demeter créée en 2019 par Christophe Castaner alors ministre de l’Intérieur afin de lutter contre l’agribashing et d’interdire l’intrusion dans les élevages par des militants animalistes. Toutefois L214 a obtenu l’arrêt de cette cellule le 1er février 2022.
Reprenant ensuite l’adage que « rien n’arrête une idée dont l’heure est venue » Hélène Thouy a déroulé ses propositions et notamment. sa mesure phare de réduction de la production de 50% des protéines animales à l’horizon 2027 avec un accompagnement. des éleveurs concernés.
Un discours que la candidate a conclu par ces mots : « Oui, un autre monde est possible et ce monde-là nous allons le construire ensemble.»