Médecine à Zagreb : le coup de pied dans la fourmilière !

Dans une tribune adressée à Magcentre, le juriste orléanais, Patrick Communal, avocat de droit social et défenseur de nombreux demandeurs d’asile, plaide pour l’initiative du maire d’Orléans et de son premier adjoint voulant créer une antenne universitaire en Croatie, afin de combattre la pénurie locale de médecins.

Patrick Communal

 

La ville d’Orléans veut ouvrir une faculté de médecine privée dès la rentrée de septembre 2022 dans le cadre d’un partenariat avec l’Université de Zagreb et le Centre hospitalier régional d’Orléans (CHRO). Cette faculté délivrera un diplôme reconnu par l’Union européenne et devrait permettre de former une cinquantaine de médecins par promotion. Les études seront payantes (on parle de 5 000 à 10 000 euros par an).

 

 

Les critiques émanent de personnes ou de formations qui ont soutenu le système de numérus clausus

La Conférence des doyens de facultés de médecine est vent debout contre cette initiative. D’autres dénoncent un coup politique à l’approche d’échéances électorales et de l’argent public investi dans l’enseignement privé ainsi qu’une discrimination sociale puisque ces études seront payantes. 

Le problème vient de ce que les critiques émanent de personnes ou de formations qui ont soutenu le système de numérus clausus des études médicales qui a aujourd’hui un demi-siècle. Ce système a été voulu par les médecins et leurs organisations syndicales, pour un motif pudiquement énoncé comme visant  à éviter les problèmes éthiques soulevés par un système concurrentiel, mais en réalité pour maintenir un niveau de revenus confortable dans une démographie médicale contenue.

Aujourd’hui, pour une bonne partie des médecins, praticiens hospitaliers et généralistes de ville, les revenus ont baissé quand les conditions de travail s’aggravaient et que de nombreuses régions sont devenues des déserts médicaux. On compense les manques d’effectifs, à l’hôpital et dans les maisons de santé créées par des collectivités locales, en embauchant à bas coût des vacataires venus de l’étranger, et dans un département comme le Loiret, le nombre de médecins est inférieur de moitié à la moyenne nationale.

L’incendiaire qui crie au feu

Ces dernières semaines, un texte signé par tous les parlementaires du Loiret et les grands élus locaux, adressé au premier ministre, demande la mise en place d’un enseignement médical universitaire à Orléans en lien avec le CHRO. On s’étonne ici et là que tous ces signataires ayant, à un moment ou un autre, exercé le pouvoir ou en ayant été proches, se réveillent aussi tardivement. Quant aux protestations, face à l’initiative de Serge Grouard, des principaux responsables de cette situation, à savoir les doyens des facultés de médecine et singulièrement celui de Tours qui, parait-il, refuse de desserrer le numerus clausus, c’est un peu celles de l’incendiaire qui crie au feu.

Un joli coup de pied dans la fourmilière

Il est rare que je soutienne Serge Grouard et Florent Montillot dans ce que je peux écrire mais, une fois n’est pas coutume et parfaitement conscient des limites et des défauts de l’initiative orléanaise, il me semble qu’après des années de « bla bla », elle a le mérite d’un passage à l’acte qui constitue aussi un joli coup de pied dans la fourmilière. Pour ce qui est de l’engagement des fonds publics dans une initiative privée, il est des investissements moins essentiels à la population que celui consistant à former cinquante médecins supplémentaires dans un désert médical.

Lire aussi : Tirs de barrage sur l’accord Zagreb-Orléans

Commentaires

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  1. Prôner les passages à l’acte est sans doute d’actualité, mais ne pas se soucier de la qualité de l’enseignement dispensé, ni passer d’un trait de plume le coup exorbitant des frais d’inscription à cette faculté croato-orléanaise font preuve d’une légèreté d’analyse pour le moins inquiétante. Bien sûr aucune remise en cause des dirigeants politiques ni du rôle de l’A.R.S !

    • On peut taxer de légèreté le passage à l’acte mais des années d’inertie face à une situation qui a pour effet des conséquences majeures sur l’accès aux soins et la santé de la population sont singulièrement pesantes pour ceux qui cherchent en vain un médecin traitant ou un rendez-vous à échéance rapprochée. S’agissant de la qualité de l’enseignement croate, n’en déplaise à une certaine arrogance universitaire bien de chez nous, il s’avère que dans le classement de Shanghaï, Zagreb est loin devant Tours. Pour ce qui est du coût des études, aujourd’hui, parmi les étudiants qui réussissent le concours de première année, beaucoup ont suivi une préparation complémentaire avec le secteur privé également coûteuse. La Ville indique qu’elle allouera des bourses d’études aux étudiants qui s’engageraient à s’installer à Orléans un certain nombre d’années. Toutes les formations politiques ont des responsabilités dans cette affaire, alors quand des réponses sont proposées, la gauche… la droite…

  2. A quand, enfin, un CHU à Orléans, où tout est prêt pour cela, à condition que ces messieurs les professeurs de haute volée acceptent de venir exercer dans notre bonne ville de province ? Ces guerres pichrocolines entre Tours et Orléans sont obsolètes et nuisibles. Il serait temps d’y mettre fin.

  3. Ne sommes-nous pas en période d’urgence ? Les besoins sont différents par rapport aux années 90, augmentation de la population, allongement de la durée de vie, mais rien ne change ! En zone rurale, c’est problématique… Alors il faut arrêter de vivre dans nos contradictions et que les politiques prennent leurs responsabilités et invite le Doyen de la Fac de Tours à accepter que le CHRO devienne un lieu de formation de futurs médecins ! S’y refuser, ne serait-ce pas assimilable à non assistance à personnes en danger ?…

  4. La necessité d’augmenter le nombre de médecins date du débit des années 1990. Les gouvernements successifs de gauche et de droite ont refusé de faire sauter le numerus clausus. Ce sont eux les premiers responsables, sans oublier le refus d’encadrer l’implantation des médecins comme pour les pharmaciens.
    L’implantation éventuelle d’une fac de médecine ne produira des effets que dans 10 ans.
    D’autres villes de province sans fac de médecine bénéficient d’un taux de médécins par habitants bien supérieur à Orléans, cherchez l’erreur ?

  5. La seule solution viable à long terme est “une faculté, deux CHU”, soit une faculté de médecine à Tours avec antenne orléanaise et deux CHU, Tours et Orléans. C’est la formule qui prévaut dans le Sud avec la Faculté de Montpellier (qui a 800 ans d’existence) associée aux deux CHU de Montpellier et Nîmes. Pourquoi pas la même formule en Centre Val de Loire (avec le soleil en moins, évidemment) ? Qu’est-ce qui bloque ? Le pré carré des universitaires tourangeaux ? Le manque de volonté politique ?

  6. La nécessité de la création d’un CHU.O est une évidence. Je plains les futurs étudiants prêts à sacrifier 10 ans de leur vie pour dépendre d’une université croate qui pourra s’arrêter à n’importe quel moment. C’est de la poudre aux yeux jetée par nos deux trublions orléanais.
    Au fait, où en est l’affaire des masques ?

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