Sauf en Indre et Loire, dans les cinq autres départements de la région Centre-Val de Loire et tout particulièrement à Orléans sévit une très importante pénurie de médecins. Les incantations, les pétitions et les alertes au Premier ministre ne suffisant plus le maire d’Orléans, Serge Grouard, a décidé de prendre le sthéto par les cornes.
Par Jean-Paul Briand
Vendredi 21 janvier dernier un protocole d’accord a été signé entre la ville d’Orléans et la faculté de médecine de Zagreb, capitale de la Croatie. En entrant dans l’Union européenne, en juillet 2013, la Croatie a désormais tous ses diplômes reconnus dans la communauté européenne donc en France. Elle peut désormais former des médecins qui viendront exercer en France et plus particulièrement sur le territoire orléanais terriblement impacté par la désertification médicale. « Il y a 123,9 médecins pour 100 000 habitants en France et seulement 59 pour 100 000 habitants sur la métropole orléanaise » a rappelé Serge Grouard.
En 2016, sur le campus de l’université d’Orléans La Source, il y avait eu une tentative de mise en place d’une préparation payante pour intégrer ensuite la faculté de Zagreb et y finir le cursus médical. C’était une possibilité attractive pour les jeunes Français qui voulaient faire médecine sans passer par le couperet de la première année commune aux études de santé. N’étant pas en règle avec la loi Fioraso et devant l’opposition farouche de la conférence des doyens, la formation Médecine Orléans Zagreb (MOZ) avait avorté.
Aujourd’hui le dossier juridique semble être solide et « c’est le premier aspect avoir été étudié » rassure Florent Montillot, adjoint en charge de la santé à la mairie d’Orléans et de l’enseignement supérieur pour la métropole.
Une première sélection de 50 étudiants français
Ainsi, une première sélection de 50 étudiants français devrait être accueillie en première année de médecine à Zagreb dès la prochaine rentrée de septembre 2022. Ils auront tous leurs cours en anglais. La mairie accordera des bourses d’études à toutes celles et ceux qui s’engageront à exercer sur le territoire orléanais. L’hôpital d’Orléans (CHRO) accueillera les futurs médecins pour leurs stages pratiques et l’internat. Les modalités de la sélection ne sont pas connues même s’il est fort probable que ce soit sur dossier et entretien de motivation, complété probablement par un examen sélectif. Les étudiants pionniers devront être “irréprochables“. Par la suite le nombre de postulants aux études médicales devrait augmenter.
Lorsque l’on pose la question au maire d’Orléans si les opposants à cette entreprise municipale novatrice ont été identifiés, il répond d’une voix étonnée mais accompagnée d’un regard de combattant de MMA* « mais qui pourrait ne pas être d’accord avec notre projet. Il en va de la vie des gens, de l’intérêt général ! ». Qui en effet ?
Après le protocole d’accord signé avec les autorités universitaires croates, il reste toutes les modalités pratiques à étudier et mettre en place avant la rentrée.
L’initiative orléanaise sera-t-elle du goût de l’autre métropole du Centre-Val de Loire et du doyen tourangeau de la faculté de médecine par ailleurs patron de tous les doyens ?…
*Mixe Martial Art, sport de combat où tous les coups sont permis
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