Infirmière de formation, Laurence est monitrice à la clinique de la Chesnaie depuis 11 ans. Cette quinquagénaire a choisi ce métier qu’elle exerce en équipe pluridisciplinaire.
Par Jean-Luc Vezon
A la Chesnaie, vous ne trouverez pas de malades reclus dans leur chambre, abrutis par les médicaments. Ils sont libres (1). Ne cherchez pas aussi les blouses blanches permettant d’identifier les soignants. Ces derniers partagent la vie des malades, alternent dans les différents secteurs (chambres, cuisine, buanderie, hospitalisation de jour, pharmacie … ) ou animent des ateliers sportifs ou culturels en lien avec les associations comme Le Club de la Chesnaie. Objectif : accompagner les personnes dans leur globalité en tissant avec elles un lien de confiance source de mieux-être.
Laurence est actuellement affectée aux chambres. Pendant quatre mois, elle sera ainsi au contact des malades pour les soutenir et les observer dans l’accomplissement des tâches du quotidien qui font partie intégrante de la démarche de soin en psychothérapie institutionnelle.
« Lorsque la personne est dans le faire, qu’elle accomplit les tâches elle n’est plus focalisée sur ses soucis et se sent valorisée », raconte Laurence dont le rôle sera souvent de la motiver. Le malade est en effet souvent apragmatique entendez dans l’incapacité d’entreprendre des actions.
Le travail en équipe est la base
Dans la clinique, dont les 55 ha sont situés près de la forêt de Russy, le travail en équipe est la base du travail et la parole jamais bridée. Chaque salarié apporte un regard particulier compte tenu de sa spécialisation : psychologue, éducateur, infirmier, aide soignant … Laurence est par exemple centrée sur le somatique car « les personnes qui souffrent de psychose ont tendance à oublier leur corps, oublient de parler de leurs maladies ». Ces interactions positives permanentes entre soignants et malades et cette proximité sont essentielles à la réussite de la socialisation qui sera souvent le prélude à un retour à la vie normale.
Les malades sont aussi suivis plus spécifiquement par un aviso, un référent qui aura un regard plus appuyé sur l’évolution de l’hospitalisation. Ils bénéficient également d’une prise en charge par un médecin psychiatre et d’un suivi psychothérapeutique.
Laurence a bien conscience des difficultés de son métier qui peut parfois être stressant. Changement d’horaires, travail de nuit ou de week-end génèrent de la fatigue. La violence est aussi parfois présente lorsque des malades décompensent … « Les malades demandent beaucoup d’investissement, d’énergie mais je me sens utile quand j’exerce mon métier, quand d’anciens malades reviennent se ressourcer », conclut Laurence heureuse d’être actrice d’un audacieux modèle thérapeutique, «un lieu de soin à visage humain ».
(1) Dans les limites de leur projet de soin.