Cabaret : un beau clin d’œil à Brassens

La compagnie de Gérard Audax propose De Bacchus à Cupidon, un spectacle rassemblant des textes de Georges Brassens. Mis en scène par Aurélie Audax, une histoire tissée avec des moments de chansons approfondit la poésie, l’intelligence et l’humanité du chanteur. David Sevestre s’est chargé de la musique. Rencontre avec les artistes.

Par Bernard Cassat

Après un spectacle sur Michel Audiard que la compagnie Clin d’Oeil a tourné plusieurs années, les initiateurs Jean-Louis Derenne et Gérard Audax pensaient à un autre spectacle du même ordre. Brassens est venu rapidement au comptoir, mais le décès de Jean-Louis puis la Covid ont repoussé le projet.

En automne 2020, « on était confiné, les théâtres étaient fermés mais on avait le droit de travailler », nous explique Aurélie Audax. Qui s’est emparée du sujet et a commencé à monter la pièce à ce moment là. « Le texte, c’est un montage. Ce ne sont que des textes de Brassens tricotés pour raconter une histoire. C’est vraiment du théâtre. Des fois on entend les textes chantés, des fois les textes parlés, ça change totalement les enjeux, et on entend bien les convictions et l’humour de l’homme Brassens. Le point de départ, c’est le seul film dans lequel Brassens ait joué, La porte des lilas, de René Clair. Il joue un peu son propre rôle, un musicien, un inconnu qui arrive dans un village. On a pris l’argument, on est dans un bar, tout le public sont les habitués, et puis un inconnu débarque. Ça fait peur, ça dérange, on ne sait plus comment se tenir ni comment parler. Il y a plein de réactions diverses. »

Pour que vive le cabaret

La pièce a été testée pendant la période encore confinée, « en petit comité, ce qui était ridicule pour un spectacle de cabaret où on joue en pleine lumière, au milieu des gens. Tout spectacle a besoin du public, mais le cabaret particulièrement. C’est très important de continuer à monter du cabaret. Bacchus déroule une histoire qui a un début, un milieu et une fin. Mais il y a plein de cas où on n’a pas forcément une histoire continue à raconter. Une cohérence de temps ou de genre peut suffire. Ce sont des moments qui forment le spectacle. On peut donc reprendre des textes très courts, qu’on n’entendrait plus s’il n’y avait pas cette possibilité du cabaret. On entend de temps en temps Brassens à la radio, mais bon… Son analyse de la société, son regard sur l’humain, son regard sur le vivant, ses colères, ses regards bienveillants, parce que c’était un tendre, tout cela se perdrait. »

Si Aurélie Audax s’est chargée du théâtre, David Sevestre a pris en mains la musique. « Brassens est un musicien qui écrit de très jolies mélodies, et c’est là dessus que je me suis basé. J’étais intéressé pour essayer d’arranger la musique, qu’elle soit un peu plus excitante. Je voulais la sublimer, la faire revivre à mon sens. Les comédiens ne sont pas des chanteurs, même s’ils chantent tous très bien. Mais je ne voulais pas leur mettre de grosses contraintes techniques. Le but, c’était de garder les mélodies des chansons, mais d’harmoniser derrière, d’arranger dans un autre style pour essayer d’avoir une autre lecture de sa musique. Il y a donc une quinzaine de chansons maintenues en tant que telles, et pour les autres, j’ai composé une ambiance sur laquelle les textes sont dits. Ça reste une pièce de théâtre avec beaucoup de chansons dedans, mais ça reste du théâtre. »

En plus de ce travail d’arrangements, les deux musiciens, David au saxo et Vincent Viala au piano, sont sur scène et jouent eux aussi leur propre rôle dans la pièce.