Le projet de huit éoliennes, juste en face du piton de Sancerre, validé par le préfet de la Nièvre, ce n’est pas vraiment le truc de Stéphane Bern. Il vient de le faire savoir par vidéo interposée. Au début du week-end, elle avait déjà fait les 2000 de vues.
Par Fabrice Simoes
La vue sur les coteaux du Sancerrois est imprenable même si, au loin, on peut apercevoir les fumées de la centrale de Belleville
C’est tout juste s’il ne tape pas du pied pour montrer comment il est colère Stéphane. Pas content, vraiment pas content. Dans une vidéo de 1’47, sur sa page officielle, l’animateur de Secrets d’Histoire et de bien d’autres émissions de télévision ou de radio, monte au créneau pour défendre la bourgade qui s’est paré du titre de Village préféré des français 2021, l’été dernier, Sancerre. Il s’oppose à un projet de huit éoliennes dans la plaine d’en-face. « C’est un panorama exceptionnel à 360° sur les méandres de la Loire et le moutonnement de collines viticoles. Aujourd’hui, ce panorama est menacé. Un projet éolien d’envergure, à quelques kilomètres seulement va bientôt émerger, compromettant la renommée du site et l’harmonie de ses paysages » énonce-t-il sur un ton identique à sa prestation publicitaire pour Gamm Vert et son « Il est où le trou ? » . Comme quoi il est bien naturel dans les deux cas…
Le projet Vents de Loire devrait compter huit éoliennes, annoncées à 180 m de haut, dans le secteur de Saint-Laurent-l’Abbaye et Saint-Quentin-sur-Nohain, entre Cosnes-Cours-sur-Loire et les coteaux du Pouilly Fumé. Alerté par le maire de Sancerre, Laurent Pabiot, la possibilité de la construction de Vents de Loire a fait bondir le Stéphane. Pour le moment l’arrêté préfectoral d’autorisation de construction est suspendu à un passage devant le tribunal administratif d’Orléans mais, sans attendre la décision, les élus anti-projets entendent faire connaître leur opposition. Et le soutien de Stéphane Bern en donne un parfait éclairage médiatique. La preuve, on en parle dans Magcentre…
Entre économie énergétique et économie touristique
Plus sérieusement, ce projet démontre parfaitement que le fonctionnement de notre société se heurte à ses propres errements. Quand Stéphane Bern parle des limites du « en même temps » et les obligations de choix entre « d’une part la reconnaissance patrimoniale, et d’autre part le développement effréné des énergies dites renouvelables”, il met en évidence la difficulté d’associer économie liée aux énergies renouvelables – 8,6 milliards d’euros d’investissement et 68.000 emplois en équivalent temps plein selon les données du ministère de la transition écologique- et celle du tourisme. Dans ce dernier secteur, à Sancerre, on chiffre le nombre de visiteurs à 300.000 environ par an. Derrière la simple visite, on retrouve tout l’échantillonnage des prestations associées. Du petit crème matinal à la nuitée hôtelière, en passant par la maison des Sancerre, c’est toute une économie locale qui est revitalisée. Une aubaine d’autant que le secteur géographique est peu industrialisé historiquement. Une spécificité qui permet au paysage d’être ce qu’il est, par ailleurs.
Le piton préféré des Français, des Berrichons aussi, c’est celui de Sancerre@Fabrice Simoes
On peut ainsi rejoindre Stéphane Bern quand il estime que le parc éolien initialement prévu peut nuire à Sancerre, alors que le village est « en pleine démarche de classement Grand site de France et à l’Unesco ». On peut cependant se montrer plus circonspect quant à la séquence « mise en péril de la Loire ». Bon, on ne va pas faire la fine bouche, mais ce n’est pas bien d’occulter les fumées de la centrale nucléaire de Belleville, au nord du piton, qui font aussi partie du paysage. Le diable est peut-être dans le détail mais, du point de vue du Rempart, la vision à 360°, ça va pas être possible. Ce n’est pas que la géométrie soit un point fort mais non, le tour complet, ce n’est pas réalisable. A moins de monter en haut de la dernière des tours du château médiéval, celle des Fiefs, ce n’est pas possible on vous dit ! Un Berrichon vous expliquera que « on veut ben aller jusqu’aux 200°, mais pas pu ! »
Toujours est-il que les huit éoliennes ont été validées par le représentant de l’État de la Nièvre, tandis que Sancerre est dans le Cher, que le Président de la République devrait être justement en Berry la semaine prochaine, et que Laurent Pabiot, le maire du piton est plus encore « pas content » que Stéphane Bern. Le Sancerrois va essayer de profiter de la visite présidentielle pour en toucher deux mots au patron du préfet… C’est pas gagné d’avance !