Des agents territoriaux de Saint-Jean-de-Braye (Loiret) font grève les 2 et 3 décembre 2021 entre 11h et 13h. Des agents qui dénoncent des dysfonctionnements internes et une souffrance au travail liés à un manque de concertation et d’écoute.
par Sophie Deschamps
Que se passe-t-il à la mairie de Saint-Jean-de-Braye ? Après une première grève le 28 juin 2021 qui avait rassemblé 150 agents sur les 455 que compte la ville, un nouveau débrayage est programmé aujourd’hui et demain entre 11h et 13h à l’appel du syndicat majoritaire, le Syndicat National des Territoriaux, SNT de la confédération CFE-CGC, dont une section abraysienne a été créée en 2014 pour défendre tous les agents territoriaux.
Échec de la réunion de concertation préalable
À l’issue de la réunion de concertation préalable à tout mouvement de grève du 1er décembre 2021 au matin, nous avons pu joindre Sophie Fournier, juriste de formation, présidente régionale de la SNT et de la section syndicale abraysienne. Cette dernière nous a décrit une rencontre qui s’est déroulée « dans un climat extrêmement tendu où madame la Maire a beaucoup parlé et où il était difficile pour les trois membres du SNT présents de prendre la parole sans être interrompus ». Une entrevue d’une heure quarante, jugée insatisfaisante avec donc le maintien du mouvement de grève. Même si les négociations portaient sur des points précis, Sophie Fournier en appelle à « une prise de conscience de la maire de la désorganisation des services qui persiste depuis de longs mois et crée un profond malaise chez les agents. Les agents qui font grève veulent exprimer leur épuisement total et la dégradation de leurs conditions de travail parce qu’ils ont envie de faire au mieux pour les Abraysiens. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle [ils] ne [font] grève que de 11h à 13h pour ne pas trop les gêner. »
Mise en place du forfait annuel de 1607 heures sans concertation
Toutefois, le principal point de friction entre la direction et le SNT est la mise en place actuelle du forfait annuel de 1607 heures réalisée, selon Sophie Fournier, « sans aucune concertation avec les agents dans certains gros services comme l’animation. Par ailleurs fin novembre, de nombreux agents ne savaient toujours pas s’ils allaient travailler 37h30 ou 36 heures par semaine ! On a donc demandé que les choses soient clarifiées ». Un point que la maire a promis de revoir mais qui laisse la syndicaliste dubitative : « Le problème à Saint-Jean-de-Braye, c’est qu’il y a des paroles mais ensuite rien ne redescend, donc au final on n’a que du bla-bla ! »
Le cas particulier des assistantes maternelles
Sophie Fournier et ses deux vice-présidents ont aussi plaidé la cause des assistantes maternelles abraysiennes. En effet, de part leur statut elles ne bénéficient pas du forfait des 1607 heures et restent à Saint-Jean-de-Braye à 2100 heures annuelles : « Au départ, la maire voulait réduire leurs jours de congés mais elle a accepté finalement de leur laisser 30 jours de congés annuels. » Toutefois, le SNT demande en plus la reconnaissance de la pénibilité de leur métier « par rapport à leur temps de travail, leurs horaires décalés et le port de charges. Une proposition à laquelle madame le maire semble ouverte, mais elle veut que la question soit étudiée donc elle n’a pas donné un nombre précis de jours de repos compensatoires. »
Des postes de cadres en cours de recrutement
La valse des cadres n’aide évidemment pas à une bonne gestion des services. Mais le licenciement du directeur général des services fin septembre n’a pas suffi visiblement à stopper le mal-être des agents. Il n’est toujours pas remplacé à ce jour mais un recrutement est en cours. Tout comme le lancement prochain du recrutement d’une directrice ou d’un directeur des ressources humaines « suite à notre exigence d’avoir des experts de gestion dans les domaines considérés. Car gérer 455 agents ça ne s’improvise pas notamment par rapport au droit statutaire qui équivaut au code du travail pour les salariés du privé ». Sophie Fournier indique également que Saint-Jean-de-Braye cherche à recruter depuis un an un nouveau directeur financier mais sans y parvenir. Selon la syndicaliste, « la réputation négative de la ville » en serait la cause. D’autant que Sophie Fournier estime qu’il y a des communes comme Saran ou Olivet « où les choses se passent de façon sereine, grâce à une bonne organisation des services et au respect des agents ».
Un communiqué de la maire en fin de matinée
De son côté Vanessa Slimani n’a pas souhaité donner d’interview à la presse. La maire s’est exprimée dans un communiqué paru à la mi-journée et dans lequel elle indique « une rencontre constructive » avec les syndicats le 1er décembre 2021 tout en spécifiant « ne pas partager “l’état de la collectivité” présenté par le SNT ». Une rencontre au cours de laquelle « des points de convergence ont été notés, ainsi que des points de divergences » mais sans citer lesquels. Autant de précisions que nous aurions aimé obtenir avec un entretien direct.
Concernant la concertation avec les agents, la maire déclare en fin de communiqué : « La concertation directe avec l’ensemble des agents demeure, comme c’est le cas depuis 2008. C’est ma priorité et celle de la municipalité, ainsi que la concertation très régulière avec les trois organisations syndicales. » À suivre.