Expos: nos coups de cœur parisiens

Quand il est encore possible de trouver un train le week-end, les amateurs d’art pourront se laisser tenter avec les nombreuses expositions parisiennes qui restent accessibles selon les conditions sanitaires en vigueur.

Par Bénédicte de Valicourt

-« Vivian Maier » au musée du Luxembourg
Vivian Maier est l’une des figures majeures de la Street Photography américaine, avec Lisette Model, Diane Arbus et d’autres. A la différence près que celle qui fut toute sa vie bonne d’enfant, n’a jamais montré son travail à personne -ou presque-. Il serait donc passé totalement inaperçu si, en 2007, par le plus pur des hasards John Maloof, un jeune agent immobilier, devenu collectionneur n’était tombé sur ses négatifs, diapositives (dont une grande partie non développée) et films super 8, dans une salle des ventes de Chicago. Une partie de ce travail est exposé au musée du Luxembourg. Il y a là des autoportraits aussi nombreux que mystérieux, quelques films super-8 et des photos de rue sélectionnées parmi une œuvre de plus de 120 000 photographies. La photographe surdouée, discrète et solitaire, toujours un appareil photo autour du cou, s’y révèle tendre et empathique avec ses sujets. Elle les prend souvent à leur insu, dans une Amérique en plein essor économique.

Chicago, 1956, Vivian Maier autoportrait @estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection

Plus qu’une passion, la photographie apparaît en effet chez Vivian Maier, féministe et de gauche, comme une nécessité voire une véritable obsession. Témoin, l’impressionnante quantité de cartons, remplis de films qu’elle n’a pas développés, faute d’argent, et d’ archives composées de livres ou de coupures de presse relatant des faits divers, qu’elle a accumulé dans les cartons qu’elle emportait à chaque changement d’employeur. Ils ont servi à John Maloof, pour reconstituer partiellement sa biographie, après sa mort. Tout cela ne dit pourtant pas grand-chose des circonstances qui ont menée Vivian Maier à la photographie. Difficile aussi de décrypter son parcours d’artiste. Et ce n’est pas l’exposition du musée du Luxembourg, sans chronologie qui nous aidera à y voir plus clair. Ne reste plus qu’à y découvrir avec émotion les tirages d’époque parfois très petits et recadrés sur le visage, de la main de Vivian Maier elle-même. Ils sont accrochés à côté de tirages plus récents, au cadrage totalement différent. De quoi malgré tout lever une partie du voile sur les choix qu’opérait la mystérieuse photographe.

Jusqu’au 16 janvier. www.museeduluxembourg.fr

Et aussi « Vivian Maier » aux Galerie Les Douches, 5, rue Legouvé, Paris 10e, jusqu’au 5 février.
A lire : « Vivian Maier, une femme libre », une biographie de l’artiste par Ann Marks, sortie en novembre. Editions Delpire and co.
A visionner : « A la recherche de Vivian Maier », un film de John Maloof et Charlie Siskel, Blaq out.

-« Les flammes, l’âge de la céramique » au Musée d’art moderne.
La céramique et les arts du feu sont aussi anciens que les hommes. Et les productions sont extrêmement variées, comme on le découvre dans le passionnant panorama que nous offre le musée d’art moderne. Un voyage dans le temps et dans l’espace : de déesses néolithiques à des chevaux de la dynastie Tang, des figures Nok aux jarres Mochica, en passant par des céladons et des pièces en rakus. Les visiteurs pourront aussi explorer les techniques, les usages et la symbolique des pièces. Leurs recettes ancestrales, quasi inchangées depuis leur invention, ont inspirées les modernes, comme Gauguin, Picasso ou Lucio Fontana. Mais n’ont pas non plus laissé indifférents des artistes contemporains comme Fontana, Judy Chicago ou Theaster Gates, qui s’en emparent à leur tour.

George E. Ohr Sans titre

Jusqu’au 6 février. www.mam.paris.fr

-Samuel Fosso à la MEP Paris.
Samuel Fosso photographe camerounais qui a débuté dans son propre studio photo à 13 ans, navigue entre le Nigeria où il vit et Paris où il a un atelier, a tout vécu. Après avoir subi enfant la guerre au Nigeria, il a dû fuir les violences en Centre-Afrique. Cela ne l’a pas empêché de prendre il y a bientôt 40 ans, le parti de l’humour. Sa passion : se travestir pour incarner des personnages connus ou pas. Du pape à Angela Davis, en passant par Patrice Lumumba, Malcom X ou Nelson Mandela … Des autoportraits époustouflants et drôles qui deviennent cependant au fil du temps de plus en plus engagés. De quoi questionner avec pertinence les identités et les représentations de notre monde. Jusqu’à sa dernière série qui rompt avec son goût de la mise en scène. Son visage y apparaît à nu, sans aucun déguisement. 666 grands formats, où son visage passe par toutes les expressions. Un choc après tant d’années de travestissement.

La plage @Samuel Fosso

Jusqu’au 13 mars à la Maison Européenne de la Photographie. www.mep-fr.org

-Georgia O’Keeffe au Centre Pompidou.
C’est la première grande rétrospective en France de Georgia O’Keeffe (1887 – 1986), l’une des plus grandes figures de l’art nord-américain du 20e siècle. Une artiste, décédée à 98 ans, qui a traversé tous les courants artistiques. Des années 20 où elle est partie prenante du cercle restreint des inventeur.trices du courant moderniste américain, aux années 1930 marqué par la recherche identitaire, avant de devenir dans les années 1960 une pionnière de la peinture abstraite « hard edge ». Une centaine d’œuvres, peintures, dessins et photographies sont réunis à Pompidou.

Black door with red 1954 Georgia O’Keeffe

Jusqu’au 6 décembre 2021. www.centrepompidou.fr

-« Chefs-d’œuvre photographiques du MoMA », au Jeu de Paume à Paris
Décidément les collections privées sont à l’honneur ces derniers temps. Celle du collectionneur suisse Thomas Walther, fin connaisseur de la photographie des avant-gardes américaines et européennes, est exceptionnelle. Elle a été rachetée en 2001 et en 2017, par le MoMA de New York, qui avait organisé dans la foulée une exposition monumentale. 230 photographies sont en ce moment au Jeu de Paume à Paris, enrichie des dernières acquisitions, grâce à Quentin Bajac, nouveau directeur du Jeu de Paume, et ancien responsable des collections photos du MoMA. C’est une sélection de tirages rares, où se côtoient des icônes des avant-gardes européennes archi connus comme Cartier Bresson, Bérénice Abbott ou Walkers Evans présentés aux côtés de photographes moins connus, mais non moins inventifs visuellement, comme pouvait l’être la photographie dans l’entre-deux-guerres.

Steinitz, Kate MoMA

Au Jeu de Paume, jusqu’au 30 janvier. www.jeudepaume.org

Et aussi

-« Botticelli, artiste et designer » au Musée Jacquemart-André à Paris.
Une quarantaine d’œuvres du maître italien de la Renaissance (1445-1510), sont au musée Jacquemart-André. Des prêts exceptionnels à ne pas rater.

Jusqu’au 24 janvier.www.musee-jacquemart-andre.com

-« Signac collectionneur », au Musée d’Orsay
Paul Signac (1863-1935) était peintre mais aussi un collectionneur au regard sûr, comme en témoignent les œuvres de ses amis peintres Seurat, Pissarro, Van Gogh, exposées au Musée d’Orsay.

Jusqu’au 13 février. www.musee-orsay.fr

-« La collection Morozov, icônes de l’art moderne » à la Fondation Louis Vuitton.
Décidément la Fondation Louis Vuitton adore les collections russes. Après celle de Chtchoukine, voici celle de ses contemporains et rivaux moscovites, Mikhaïl et Ivan Morozov. Soit 200 œuvres d’art impressionniste et moderne, dont des toiles de Manet, Monet, Gauguin, Cézanne, Van Gogh et Renoir, jamais sorties de Russie.

Jusqu’au 24 janvier. www.fondationlouisvuitton.fr

Photo de une: Samuel Fosso “Chief”

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