Ce vendredi avait lieu la première de la pièce Le Mardi à Monoprix, mis en scène par Manouchka Récoché et sa compagnie, le Grand Souk, à la Maison des Arts et de la Musique d’Orléans, avec dans le rôle principal Christa Fromet.
La pièce, écrite par Emmanuel Darley en 2007 est un récit à la première personne d’un transexuel s’occupant de son père chaque mardi. Précédemment prénommé Jean-Pierre, le personnage est désormais une femme portant le nom de Marie-Pierre, nouvelle identité qui a du mal à être acceptée par le père de ce personnage central.
Par Antoine Lebrault
Le Mardi à Monoprix, mise en scène par Manouchka Récoché
La pièce est un long monologue de la part du protagoniste, nous expliquant le déroulé des journées du mardi en compagnie de son père. Un témoignage émouvant et immersif qui plonge le spectateur dans cette relation très tendue entre Marie-Pierre et son père, tout simplement abasourdi par le changement de sexe de son enfant.
Le regard extérieur tient également une place prépondérante au sein de cette pièce. La ville dans laquelle habite le père de Marie-Pierre n’est pas la sienne. Les gens vont la toiser, faire d’elle l’attraction de leur journée en la croisant dans la rue, ou même dans le magasin Monoprix, lieu quasi principal du déroulement de la pièce et de la solitude absolue du trans.
À travers les nombreuses réflexions désobligeantes et désagréables de son père, Marie-Pierre se retrouve de plus en plus accablée. Le point de rupture semble se rapprocher. Marie-Pierre prononce même une mini tirade au futur, mettant fin à ce fameux rituel du mardi « Je ne reviendrai plus le mardi. Nous n’irons plus jamais. Monoprix, c’est fini »
A l’issue de cette scène, la narratrice raconte au passé sa propre mort, intervenue un lundi soir lorsqu’elle travaillait. Elle se prostitue, et sera tuée sous les coups de couteaux répétés d’un client.
C’est la fin de Marie-Pierre, de ces fameux mardis passés avec son père, c’est la fin de la pièce, Monoprix, c’est bel et bien fini.
Un fait social d’actualité
Evidemment consciente que la question des genres est très présente dans notre société aujourd’hui, Manouchka Récoché nous livre sa perception de cette pièce: « Lorsque j’ai découvert ce texte il y a deux ans, j’ai adoré l’écriture et le personnage. Je n’étais pas dans une démarche militante ou quoi que ce soit. J’ai juste trouvé cela magnifique et je l’ai monté. Aujourd’hui cette thématique est très présente dans l’actualité, et ça me fait plutôt plaisir de participer à ce mouvement en libérant la parole par rapport à cela. »
Christa Fromet a livré ce vendredi une prestation émouvante et sensible devant un public nombreux. La comédienne recevra une véritable standing ovation de la part du public, qu’elle partagera évidemment avec Manouchka Récoché, très émue par la prestation de cette dernière.
Chirsta Formet et Manouchka Récoché Photo Antoine Lebrault
Photo : Antoine Lebrault
« Cette pièce est très émouvante. Le sujet est très actuel, et m’a laissée sans voix. Je reste bluffée par la performance de la comédienne et par l’émotion qui se dégage d’elle » nous a confié Rose, spectatrice de la pièce.
La pièce, quatorze années après son écriture s’inscrit bel et bien dans l’air du temps, tant son sujet est un fait de société qui a gardé toute son actualité.
A lire aussi: Orléans, le théâtre de Manouchka Récoché est rouvert