Les 26, 27 et 28 novembre 2021, la collecte annuelle des banques alimentaires dans les moyennes et grandes surfaces va permettre d’obtenir des produits alimentaires et d’hygiène variés et de qualité auprès du grand public. Un dispositif complémentaire de celui des Restos du Coeur qui ont leur propre circuit d’approvisionnement et dont la 37ème campagne d’hiver a démarré le 23 novembre.
par Sophie Deschamps
Les Restos du Coeur comptent sur vous. Photo Eric Patin
Le début de l’hiver coïncide pour les associations d’aide alimentaire à une forte activité auprès des personnes dans le besoin. Ainsi, la banque alimentaire du Loiret prépare activement sa grande collecte qui aura lieu les vendredi et samedi 26 et 27 novembre 2021 ainsi que dimanche matin dans 70 magasins, moyennes et grandes surfaces, mais aussi dans certaines mairies des petites communes du département.
Huit pour cent des approvisionnements
Une collecte précieuse à plus d’un titre pour Monique Fantin, ex-présidente et administratrice de la Banque alimentaire du Loiret : « Elle nous permet de nous procurer des produits de qualité comme des plats préparés longue durée ou des petits pots pour bébés mais aussi des produits d’hygiène et des couches pour bébés. Elle nous permet aussi de nous faire connaître auprès du grand public grâce à l’action de nos gilets oranges présents ce week-end à l’entrée des magasins. » Avec aussi très souvent des témoignages de solidarité touchants : « Des personnes viennent à nous et nous disent qu’elles donnent parce qu’elles ont été elles-mêmes aidées dans le passé. Ce sont des messages qui réchauffent le coeur. »
Une collecte rattrapée par la pandémie mais qui est toutefois maintenue : « Le virus galope et des bénévoles se désistent. Mais on va faire face. » Donc si vous souhaitez faire un geste vous pouvez ajouter ce week-end dans votre caddie des denrées non périssables comme des conserves, des pâtes, du riz, de l’huile, du café. Des produits qui ne sont pas redistribués directement aux publics concernés puisque comme le rappelle Monique Fantin : « Nous faisons le pont entre les donateurs et les associations caritatives »
Des paniers solidaires vendus en ligne
Bien sûr vous pouvez aider les banques alimentaires en dehors des collectes sur internet en faisant un don. Des paniers solidaires sont aussi proposés jusqu’au 15 décembre 2021. Selon vos moyens vous pouvez donner entre 6 et 137 euros en cliquant sur le panier virtuel de votre choix, sachant que celui-ci se transformera en un panier bien réel pour les bénéficiaires.
Monique Fantin, ex-présidente de la banque alimentaire du Loiret reste néanmoins très active. Photo Sophie Deschamps
Chaque département du Centre Val-de-Loire possède sa banque alimentaire. À noter une particularité dans le Loiret avec l’ouverture d’une antenne en 2016 à Montargis à cause des forts besoins de ce territoire et de son éloignement d’Orléans.
La banque alimentaire du Loiret, comme les autres banques a plusieurs sources d’approvisionnement pour ses 1400 tonnes de denrées annuelles :
La collecte qui représente donc 8% des produits. Celle de 2020 a permis d’obtenir 97 tonnes de denrées.
30% des produits proviennent de la «ramasse» dans les grandes surfaces avec des produits invendus et en date limite de péremption mais non périmés.
30% sont des dons des industriels de l’agro-alimentaire.
20% viennent de L’ Union Européenne aide aussi les banques alimentaires en fournissant 20% des produits, notamment des plats surgelés. Toutefois, les surplus de l’Europe n’existent plus.
5% viennent des agriculteurs.
Et le reste provient d’échanges entre les banques alimentaires.
Les Restos du Coeur entament leur 37ème campagne. DR
37ème campagne des Restos du Coeur dans un contexte incertain
La campagne d’hiver 2021 a démarré le 23 novembre avec comme le constate Yves Mérillon, délégué régional des Restos du Coeur une augmentation des bénéficiaires : « On a des personnes qui ne venaient pas auparavant et d’autres qui venaient déjà avant la pandémie mais dont la situation s’est aggravée. » Toutefois la typologie des personnes accueillies ne change pas avec deux caractéristiques : « Les jeunes. Une personne accueillie sur deux a moins de 25 ans et 40% sont des mineur(e)s qui viennent avec leurs parents. Cela veut dire malheureusement que l’on est dans une reproduction de la précarité. L’autre caractéristique, c’est l’isolement avec un taux de familles monoparentales trois fois supérieur à celui de la moyenne nationale. » De plus, Yves Mérillon estime que le plus dur reste à venir : « L’arrêt des mesures publiques comme le chômage partiel, la réforme des indemnités chômage risque aussi de nous amener de nouvelles personnes.»
Un approvisionnement centralisé sécurisé
Les Restos du Coeur ne bénéficient pas des produits des banques alimentaires puisqu’ils ont depuis le début leur propre circuit d’approvisionnement centralisé efficace : « L’avantage de ce système c’est que l’on n’a jamais eu de rupture d’approvisionnement. Même quand on ne pouvait pas aller faire la “ramasse” dans les grandes surfaces pendant la pandémie, on a pu acheter des denrées avec notre propre argent et donc il n’ y a jamais eu de difficultés de ce côté-là. C’est l’avantage des grosses associations centralisées comme les Restos.»
Des besoins à la campagne
Comme l’explique Yves Mérillon « le souci, ce sont les zones blanches. Quand le Resto du Coeur est trop éloigné du domicile des personnes et qu’elles n’ont pas de voiture, elles ne peuvent pas venir jusqu’à nous. Donc l’objectif c’est d’ouvrir des nouveaux centres notamment à Beaugency et pour les zones rurales peu denses d’avoir des camions itinérants. On en a déjà dans le Loir-et-cher, l’ Eure-et-Loir et le Cher et on aimerait bien en avoir un au moins dans chaque département ».
Plus qu’une aide alimentaire
Depuis leur création en 1987, les Restos du Coeur ont évolué et se sont diversifiés avec l’objectif affiché d’aider les personnes à améliorer leur situation : « C’est notre objectif premier. Le but n’est pas de faire durer indéfiniment l’aide alimentaire d’urgence, c’est que les gens qui viennent nous voir sortent de la précarité et n’aient plus besoin de nous. D’où l’importance de toutes nos activités annexes car loin d’être une association qui ne fonctionne que l’hiver comme le grand public le pense parfois, on est en fait une association d’aide à la personne qui fonctionne toute l’année. »
Enjeux de cette 37ème campagne des Restos du Coeur du Centre Val-de-Loire :
36 000 personnes accompagnées.
5,6 millions de repas servis dans 84 centres de distribution et 2 centres itinérants.
10 chantiers d’insertion dont 6 jardins du cœur, 22 000 contacts avec les gens de la rue.
1 200 personnes dans des ateliers de français ou de soutien scolaire.
Des milliers de personnes accueillies qui sont accompagnées dans leur recherche d’emploi, les démarches administratives, ou encore l’accès aux droits et à la justice.
Un gros besoin de nouveaux bénévoles
Enfin sans surprise aussi les banques alimentaires que les Restos du Coeur cherchent de nouveaux bénévoles. Paradoxalement, la pandémie a permis de voir arriver des jeunes qui ne pouvaient plus travailler à cause du confinement mais qui depuis ont repris leur activité. Mais comme le pointe avec insistance Yves Mérillon « le but des Restos du Coeur est de permettre aux personnes aidées de sortir de la précarité et de nous rejoindre pourquoi à leur tour comme bénévole ». Pour Monique Fantin, l’arrivée de nouvelles personnes à la banque alimentaire du Loiret est aussi « une vraie bouffée d’oxygène parce que nous avons des bénévoles qui sont là depuis vingt ans et qui fatiguent. Donc moi j’aime bien rencontrer des personnes qui ont des idées nouvelles car nous devons progresser et nous adapter en permanence ». En effet, nul besoin d’être devin pour prédire que les Restos du Coeur et les banques alimentaires seront encore indispensables pendant de longues années.
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