Les Olympiades : simple, touchant et de son temps

Dernier film du célèbre réalisateur français Jacques Audiard, Les Olympiades est une adaptation des Intrus d’Adrian Tomine, album de bande dessinée, réunissant six nouvelles. Histoires humaines, relations qui se font, se défont et se transforment, dans le quartier des Olympiades dans le 13e arrondissement de Paris, le tout filmé en noir et blanc.

Par Lou Gasparini

Les Olympiades: Makita Samba, Noémie Merlant, Lucie Zhang
Copyright Neue Visionen Filmverleih

Camille, professeur de français en collège, est le nouveau colocataire d’Émilie, conseillère téléphonique. Après des complications dans leur relation, il part. Arrive alors Nora, agente immobilière en reprise d’études en droit dans l’Université Paris 1 – Sorbonne, au campus Pierre Mendès-France. Nora et Camille vont se rencontrer à leur tour.

Noir et blanc, plans resserrés, intrigue très concentrée sur ses trois personnages, on est autant dans le cinéma d’auteur que dans l’univers BD, avec un jeu presque théâtral et des répliques courtes et très écrites. Les histoires d’amour atypiques, les personnages loin d’être parfaits et bien sûr le noir et blanc, on a un arrière-goût du Manhattan de Woody Allen.

Le plus intéressant reste sûrement que le noir et blanc, le quartier années 1970 des Olympiades et les récits d’histoires d’amour (poncif cinématographique), ne réussissent pas à en faire un film classique ou démodé. Il dénote par sa modernité. On y parle, l’air de rien, de relation à tendance incestueuse, de plaisir féminin, de femmes qui aiment le sexe, de travail du sexe par le biais d’un personnage de camgirl, et même de slutshaming. L’occasion aussi de se rappeler que le harcèlement scolaire ne se cantonne pas au collège mais peut arriver en fac et prendre pour victime une femme de trente-deux ans.

Bien de son temps, aussi, l’allusion aux conditions de travail pénibles et décourageantes du métier d’enseignant. Moderne également par l’énergie du montage. La beauté des images urbaines, presque abstraites parfois, vont d’autres fois vers des images de rêve enfantins. Les immeubles, pourtant écrasants, deviennent des décors merveilleux, sortis eux aussi d’une bd. Quant à la beauté des trois jeunes (une Blanche, un Noir et une Chinoise, et ce n’est certainement pas innocent) évoluant dans ces décors graphiques, elle séduit d’emblée, surtout que leur présence naturelle dans l’image facilite le récit.

Les scènes de sexe, très nombreuses et un peu longues, montrent surtout beaucoup de pénétrations. On voit bien plus les corps féminins que les corps masculins. Ça n’ira pas tout de même jusqu’au male gaze qui découpe les corps (surtout féminins) et les réifie en les sur-sexualisant. Non, on y voit des corps qui n’ont pas honte de se montrer dans leur nudité.

Au milieu de tout cela, des relations touchantes, des amours qui se construisent doucement. Rien de dramatisant et même une légèreté presque naïve : si l’on est fait pour être ensemble, ça se fera. C’est même rassurant : chaque personnage a ses défauts et son histoire et doit être aimé-e pour ce qu’il ou elle est.

Les Olympiades

Par Céline Sciamma, Léa Mysius
Avec Lucie Zhang, Makita Samba, Noémie Merlant
 
Sortie 3 novembre 1 h 46

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