La députée LREM du Loiret a pris la mesure de la place occupée par le sexisme en politique. Elle détaille les attitudes du quotidien qui alimentent cette discrimination.
Par Mourad Guichard
Si Caroline Janvier, députée LREM du Loiret depuis 2017, ne se dit pas directement victime de sexisme en politique, elle note et observe des comportements masculins qui nourrissent ce phénomène récurrent. « Les règles du jeu sont écrites par des hommes, pour des hommes », souligne-t-elle. « Le temps de parole des députés au sein des groupes est ainsi largement utilisé par les hommes. » Phénomène d’autant plus inéquitable qu’en amont, durant le travail préparatoire de commission, les femmes sont naturellement présentes et actives.
Sifflée pour avoir porté une robe à l’Assemblée
Régulièrement, elle dit essuyer des propos déplacés, notamment en lien avec ses tenues vestimentaires. « Oui, ce sont des petites remarques sur les motifs de votre robe, mais ça n’est pas du niveau de violence qu’a pu subir Cécile Duflot », temporise la députée. L’histoire à laquelle Caroline Janvier fait allusion, remonte à 2012, face à la représentation nationale. Alors Ministre du logement, l’écologiste Cécile Duflot s’approche d’un micro afin de répondre à une question au gouvernement. Aussitôt, de nombreux députés de droite la sifflent et la raillent copieusement. Son crime ? Être apparue en robe on ne peut plus classique. Scène du machisme ordinaire.
D’autres signes, que les remarques sur les tenues vestimentaires, s’invitent dans les échanges entre hommes et femmes. « Au regard de mon âge, on va plus facilement me parler de mes enfants et de ma responsabilité de mère de famille quand je présente un rapport sur la légalisation du cannabis », rapporte la parlementaire. « On va aussi plus facilement me servir du Caroline, tandis qu’un homme sera appelé Monsieur le député ». À ces petits détails du quotidien, s’ajoute une habitude plus impactante : celle de l’invisibilisation des femmes, notamment au travers des médias.
Il n’est ainsi par rare qu’un journaliste « oublie » de citer le patronyme d’une femme politique, comme le pointe, sur un ton humoristique, la page Wikipedia Une Femme. « Que voulez-vous, le président de l’Assemblée nationale est un homme, tout comme son directeur de cabinet. C’est une habitude ancrée dans nos racines qui assigne toujours la femme à la cellule familiale, aux tâches ménagères et à la maternité… », dénonce la députée. Selon elle, l’autocensure chez les femmes joue également son rôle. « Des études montrent que dès six ans, vous vous considérez moins fortes, moins intelligentes qu’un homme. Tout se passe naturellement dans la tête. »
Pour contrarier ce sexisme ordinaire que l’on retrouve dans toutes les sphères de la société, notamment dans le monde de l’entreprise, Caroline Janvier compte sur la loi « Égalité économique et professionnelle » récemment votée. « Cette situation qui, pour le coup, permet aux députées de cultiver une solidarité transpartisane, ne peut pas durer. Il faut faire de la politique autrement. Hommes et femmes unis autour de cet objectif d’égalité. »