Dans un communiqué, le groupe d’opposition municipale alerte les Orléanais sur la menace qui pèse sur le Théâtre d’Orléans. Mais qu’est-ce donc que le Théâtre d’Orléans ? En plus d’être un lieu bien connu du public, c’est une coquille hybride qui assure la gestion d’un bâtiment et de ses moyens techniques pour le compte d’un certain nombre de résidents que sont le CADO, le Centre Dramatique, l’Atao, le Centre Chorégraphique (hors les murs), l‘Orchestre Symphonique d’Orléans (non-résident), et la Scène Nationale, structure par ailleurs gestionnaire du Théâtre d’Orléans, le tout financé par la ville d’Orléans, l’Etat, la Région. Le départ de son directeur sans remplaçant nommé augure de tous les dangers.
Par Gérard Poitou
Façade du Théâtre d’Orléans © EG – la Scène nationale d’Orléans
Pourtant, le départ à la retraite de François-Xavier Hauville après quatorze années de direction, était prévisible et annoncée, et l’absence de mise en recrutement d’un successeur à la tête du Théâtre d’Orléans interroge notamment sur les intentions de l’Etat. Il faut dire que cette usine à gaz culturelle qu’est le Théâtre d’Orléans a l’originalité d’être probablement unique en France. Elle est le résultat de l’éclatement des structures initiales qu’étaient le Théâtre municipal et le Centre d’Action Culturelle (MCO) lors de la réforme Lang qui favorisa la décentralisation et l’implantation de structures de création en région, soutenue alors par la Scène nationale (CDNO en 1993 et CCNO en 1995). Orléans en a profité en 1994, pour agrandir son théâtre avec la nouvelle salle Barrault, et plutôt que de disperser les structures, les a regroupées en un lieu unique qui devait favoriser les synergies, avec quelques arrangements comme l’amputation de la programmation théâtrale de la Scène nationale, programmation réservée alors au CADO et au CDN.
Hormis la gestion technique du lieu, les synergies, comme une billetterie commune et autres services communs comme l’animation du lieu, n’ont jamais vu le jour. La mauvaise idée est sans doute venue, pour des raisons d’économie, de confier la gestion du lieu Théâtre d’Orléans à la structure Scène nationale et d’inclure le budget du Théâtre dans celui de cette dernière. Les coût fixes du bâtiment et des techniciens salariés progressant plus vite que les participations des autres structures “résidentes” et, malgré une gestion rigoureuse, la Scène nationale a vu son budget grignoté d’année en année, son directeur, aujourd’hui parti, n’ayant cessé de réclamer une révision de la convention régissant cette co-activité.
Las, deux audits, un de l’Etat et un de la ville d’Orléans sont restés dans les tiroirs, et l’équipe municipale précédente a pratiqué la politique de l’autruche restant sourde aux demandes du directeur du Théâtre. Aujourd’hui, la vacance du poste de directeur envoie un signal inquiétant sur l’avenir du Théâtre dont l’Etat ne semble plus vouloir sans trop avancer pour l’instant, de solutions pour préserver ce qui constitue, malgré ses travers, une vraie richesse culturelle pour la ville d’Orléans dont l’ambition en la matière ne cesse de décliner.