Récidive présenté par son délégué général (suite)

Après avoir expliqué comment Cannes 39 avait débouché sur Récidive, Antoine de Baecque, délégué du festival, approfondit maintenant le contenu du festival. Sa grande culture et sa passion de l’histoire l’ont conduit à des choix qu’il nous explique.

Propos recueillis par Bernard Cassat

Comment avez vous choisi les films ?

AdB On a fait une sélection de 26 films de l’année 1940 qui représentent une sorte de panorama géographique. C’était très important pour nous d’avoir du cinéma américain, dont la masse domine complètement cette période, mais aussi des films français, européens, de l’Europe qui est entrée en guerre et de l’Europe qui subit l’occupation allemande. On va montrer par exemple Le Juif Susse, on va montrer un film fasciste italien (Il cavaliere di Kruja), un film soviétique, quelques films français, anglais. Et puis aussi essayer d’aller voir d’un coté que l’on connaît moins, l’Europe du nord, un suédois. On a essayé d’avoir un film japonais, mais c’est très compliqué d’en avoir un de 40, c’est un manque à la programmation, qu’on essaye de rattraper autrement. Et puis on a une petite rareté, un film d’animation égyptien. Donc c’est ça qui est le cœur de la programmation : l’année 1940.

En plus des films de fictions, il y a beaucoup de documentaires

AdB En effet. On a puisé dans deux directions en ce qui concerne les documentaires ou les documents. D’abord ceux sur la débâcle, sur l’exode, sur l’année 40 historique. On a aussi des documentaires sur le cinéma en 40. Des documentaires souvent produits par des chaînes de télévision, parce que c’est une part importante de choses intéressantes : il y a pas mal de cases documentaires dans les programmes des chaînes. On rend compte de cela en donnant un panorama de la création récente.

Avec de très belles recherches d’images ?

AdB Oui. Et sur la guerre, il y a des choses qui sont soudain apparues. La recherche historique a été pas mal renouvelée par le documentaire. Le festival bénéficie de ça.

L’autre chose importante concerne une partie de documents, des choses plus rares, les films amateurs tournés dans la région Centre sur l’année 40 et plus largement pendant la seconde guerre. On a demandé au Ciclic de sortir des documents.

Et puis il y a les rencontres, conférences, tables rondes, qui complètent ce coup de projecteur sur 1940.

AdB Oui, les présentations sont nécessaires. Il y a des films qu’on ne peut pas laisser comme ça, dans la nature. C’est un principe du festival, qui a participé au succès de Cannes 39 : tous les films sont présentés. Certains nécessitent évidemment la contextualisation, on ne peut pas les montrer sans. Un encadrement pédagogique, qui permet à chaque film soit d’être présenté par son auteur pour les documentaires d’aujourd’hui, ou par un spécialiste historien du cinéma ou critique pour les films plus anciens.

Il y a une dernière dimension avec des grands invités

AdB On a voulu une forme de plongée dans l’actualité du ciné d’aujourd’hui avec des avants premières.

Adults in The Room, le film de Costa Gavras, revient sur la période difficile de la Grèce pendant son bras de fer avec l’Europe en 2015. Capture écran

Deux grands invités cette année. Pendant Cannes 39, nous avions remis un prix Jean Zay, qui se voulait l’équivalent d’une palme d’or, à Mr Smith au Sénat. Pour Récidive, on avait l’idée de le donner à Bertrand Tavernier qui était présent à Cannes 39 et qui nous a toujours soutenu. C’était prévu l’an dernier, malheureusement, Bertrand a disparu. Donc on lui rend hommage avec Que la fête commence en clôture du festival. Mais on tenait, et ça a évidemment partie liée de façon amicale et engagée avec Hélène et Catherine, ses deux filles, à décerner un prix Jean Zay. Costa Gavras nous a paru quelqu’un de suffisamment impliqué dans la défense et du cinéma et de la citoyenneté. C’est donc avec son film Adults in The Room qu’il viendra recevoir le prix. C’est lui qui a choisi ce film, montrant aussi son engagement dans le temps présent.

D’autre part, l’autre cinéaste est Benoit Jacquot. L’idée était de faire le point avec un cinéaste important sur l’histoire. Jacquot s’y prête très bien puisqu’un tiers de sa filmographie est historique (entre autres Les adieux à la reine, Le journal d’une femme de chambre, Dernier amour, Sade, Adolphe). Donc il viendra soit les présenter, soit en parler, ce qui est aussi une des caractéristiques du festival, des leçons de cinéma données par des cinéastes. La présence de ces deux invités est importante pour inscrire le festival dans le cinéma d’aujourd’hui.

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Le catalogue est à retirer au cinéma Les Carmes ou au Théatre d’Orléans

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