Comme chaque année, novembre est le mois de l’Economie sociale et solidaire animé en région Centre Val-de Loire par la CRESS (Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire). C’est l’occasion d’échanger avec celles et ceux qui œuvrent au quotidien pour une économie plus humaine et solidaire dans votre région. C’est aussi l’occasion de sensibiliser les collectivités territoriales à des formes d’actions locales et citoyennes dans cette période post covid. Et le Prix de l’ESS 2021 viendra récompenser une des trente deux entreprises en lice dans deux catégories: transition écologique et utilité sociale. Rencontre avec Caroline Dumas, directrice de la CRESS Centre Val-de-Loire.
Jean Louis Desnoues (Président) Caroline Dumas (directrice) CRESS Centre Val de Loire photo Gérard Poitou
Propos recueillis par Gérard Poitou
A quoi sert le mois de l’ESS ?
Caroline Dumas Le mois de l’ESS sert deux objectifs, ça sert à travailler sur le sentiment d’appartenance et d’identité des acteurs de l’économie sociale et solidaire pour qu’ils se reconnaissent et qu’ils aient envie de faire parler d’eux de façon collective, et puis ça permet de toucher le grand public, de mettre le projecteur sur ces entreprises et d’expliquer les particularités de ces acteurs de l’économie.
Comment définir la particularité de l’ESS ?
CD La particularité des acteurs de l’ESS, c’est d’être des porteurs de projets ancrés dans les territoires, collectifs et citoyens, ce sont toujours des gens qui vont se retrouver autour d’une problématique qui répond à leur quotidien, soit un service qui fait défaut, soit pour valoriser une activité sur leur territoire, et ensemble ils vont développer une solution pour répondre à ce besoin identifié. Ce sont des projets qui ont toujours une utilité sociale et du coup qui ont un impact positif sur les personnes et leur environnement.
La crise du covid a changé la donne ?
CD Le covid a fait prendre conscience, (suffisamment ou pas ?), de la nécessité de la localisation et de la proximité des services: on constate qu’à chaque crise on se retourne vers l’économie sociale et solidaire. On se rend compte que les valeurs que nous portons d’ancrage et de proximité résistent mieux, même si elles ont aussi souffert de la crise. L’ESS a une autre forme de résistance parce que elle est faite d’entreprises de personnes et pas de capitaux. Cette année, le mois de l’ESS va être différent, d’abord parce que les questions sanitaires sont encore présentes avec des contraintes sur les événements, mais on constate déjà que l’on a une attention tout à fait particulière parce que l’ESS propose des solutions qui répondent aux problèmes qui ont été soulevés, au delà de la crise du Covid, par la crise sociétale et environnementale et la transition que nous sommes en train de vivre.
L’ESS vous semble être mieux comprise aujourd’hui ?
CD J’ai un bel exemple avec les Greniers de Vineuil au sud de Blois, c’est une société coopérative à intérêt collectif qui a reçu ce matin le prix Initiative sociale et solidaire remis par le Crédit Coopératif. C’est un tiers lieu installé dans une vieille bâtisse du XVIIe siècle qui accueille un certain nombre d’activités différentes et néanmoins complémentaires. On a une boutique de créateurs locaux, avec un restaurant qui s’approvisionne en circuit court et valorise la filière des producteurs de ce territoire, on a ensuite des ateliers d’artisans, ébéniste, couturière , mais aussi des artistes en résidence, des ateliers pour les enfants sur l’environnement, ça fourmille d’initiatives qui finalement se nourrissent dans des projets qu’ils n’auraient pas pu imaginer s’il ne s’étaient pas retrouver dans ce lieu. Et le président du lieu nous disait ce matin “il y a cinq ans quand on a commencé les démarches pour trouver des partenaires et des financements, personne ne comprenait rien à ce que l’on voulait faire, et aujourd’hui on nous regarde comme une réponse à tout ce dont on a souffert durant la crise.” J’aime l’idée que nous sommes l’économie de demain car l’ESS répond à nos attentes de citoyens vivants sur un territoire donné.
Et qui dit mois de l’ESS dit Prix de l’ESS avec cette année un nombre record de candidats ?
CD D’une part, nous en sommes à la quatrième édition donc les prix sont mieux connus, on a aussi plus de partenaires ce qui permet d’élargir l’écho de ces prix, je pense aussi que les acteurs de l’ESS ont compris que les prix, celui de la Cress mais aussi les autres, permettent de donner une visibilité à leur action, et les acteurs de l’ESS ont besoin d’être mis en lumière et mieux connus. Certes il y a une donation financière mais avant tout, c’est une action de communication pour se faire connaître auprès des autres acteurs de l’ESS, auprès des porteurs de projets qui peuvent y trouver des réponses, et finalement des collectivités pour favoriser des politiques publiques qui appuient le développement de l’ESS.
Pour en savoir plus sur le mois de l’ESS: lemois-ess.org
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