Association des Maires de France : une bataille musclée à l’issue incertaine

André Laignel, le maire socialiste d’Issoudun se serait bien passé de l’incertitude qui plane sur le renouvellement de la présidence et des instances de l’Association des Maires de France dont il est le numéro deux. Deux camps s’affrontent dans la conquête de la vénérable association. Si depuis des lustres la gauche et la droite ne présentaient pas un candidat unique à la présidence elles faisaient toujours liste commune pour le bureau et le comité directeur. Il n’en est plus question pour le scrutin qui se déroulera le 15 novembre à Paris lors du prochain congrès des maires.

Par Françoise Cariès

100e congrès de l’AMF (novembre 2017) sce Wikipédia

Le 25 août, le président sortant François Baroin (LR) annonce qu’il ne se représente pas et désigne à sa place un ticket gagnant : le maire de Cannes David Lisnard (LR) pour la présidence et l’actuel numéro deux, premier vice-président délégué et président du Comité des Finances locales, le socialiste André Laignel, maire d’Issoudun (36).

C’était sans compter sans le numéro trois de l’Association, actuel secrétaire général de l’AMF le centriste encarté UDI Philippe Laurent, maire de Sceaux (92). Celui-ci crie à la « négation de la de démocratie », se porte candidat à la présidence et forme une liste.

Cette dissidence ne passe inaperçue ni à l’Elysée ni auprès des proches d’Edouard Philippe ancien Premier ministre et actuel maire du Havre (76) qui encouragent fortement Philippe Laurent à maintenir sa candidature. Pour la première fois depuis des temps immémoriaux, il y aura donc une véritable élection pour désigner le président et les instances dirigeantes de l’AMF.

Sous les radars médiatiques

Cette bataille qui est loin d’être négligeable, se déroule pourtant à bas bruit. Pas de sondage et les radars médiatiques ne l’ont pas remarquée ou la tienne pour quantité négligeable. A tort. Cette Association compte 38.400 membres et donc 38.400 potentiels votants et les deux candidats font une campagne en règle avec déplacements dans les départements et interviews à la PQR.

Deux camps s’affrontent désormais : D’un côté les soutiens de David Lisnard auprès duquel se retrouvent des représentants des principaux partis politiques traditionnels à commence par des Républicains dont le président, Christian Jacob, proche ami de François Baroins fait campagne pour lui. Des Socialistes, des personnalités du parti radical de gauche, du Parti Communiste et d’Europe Ecologie les Verts se sont joints à eux. En face Philippe Laurent insiste sur sa « démarche consensuelle, avec l’AMF pour seule ambition », ce qui induit des critiques sous-jacentes qu’André Laignel ne juge pas « correctes, venant d’un secrétaire général en poste ». Il a surtout recruté, en plus de membres de son parti, des maires Macron-compatibles qui se sont détachés des « vieux » partis attirés qu’ils sont par l’aile droite de la Macronie.

Du point de vue strictement utilitaire, on peut penser que derrière son chef de file, la Macronie voit dans cette élection une manière de neutraliser l’AMF avec qui le chef de l’Etat est loin d’avoir entretenu de bonnes relations depuis le début de son quinquennat. « C’est l’indépendance de l’AMF  qui est en jeu dans ce scrutin » ne cesse de répéter André Laignel.

Qui l’emportera ? A l’heure actuelle l’issue de ce scrutin est bien incertaine. En effet beaucoup de maires se veulent non-inscrits, ne dépendant ni de la droite, ni du centre, ni de la gauche. Lors de la dernière élection avec, il est vrai, une seule liste et pas d’enjeu, il n’y avait eu que 2 000 votants. Cette fois les électeurs pourront voter par vote électronique. Cela changera-t-il la donne ?