Mortel tabac. Photo Freepik
Après octobre rose, symbole de la lutte contre le cancer du sein, novembre se teinte en havane. Depuis 2016, en novembre, a lieu la campagne nationale du mois sans tabac. Le tabagisme est la première cause de mortalité évitable, de mortalité par cancer et de mortalité avant 65 ans. Comment sortir de cette addiction qui tue près d’une personne sur huit et un fumeur régulier sur deux ?
Par Jean-Paul Briand
Pour la région Centre-Val de Loire le Bulletin de santé publique de février 2021, indique que « la fraction des décès attribuables au tabagisme chez les femmes était de 5,6 % (France = 6,9 %). Chez les hommes, la fraction des décès attribuables au tabagisme était de 18 % (France = 19,3 %). Le cancer (Hommes = 66,4 % ; Femmes = 52 %), les maladies cardiovasculaires (Hommes = 22,3 % ; Femmes = 26,8 %) et les maladies respiratoires chroniques (Hommes = 11,6 % ; Femmes = 17 %) constituent les causes de décès les plus fréquentes. »
Le tabagisme donne lieu à une hécatombe
Le nombre global de fumeurs diminue mais ils représentent encore près du tiers de la population française adulte. En 2020, plus de trois adultes de 18-75 ans sur dix déclaraient fumer (31,8%) et un quart affirmait fumer quotidiennement (25,5%). Le tabagisme est en progression chez les femmes qui auraient plus de difficultés à maintenir l’abstinence tabagique sur le long terme. Ainsi, le nombre de décès attribuables au tabac chez les femmes augmente de plus de 5% par an. A l’échelle nationale, le tabagisme donne lieu à une hécatombe. La part des décès annuels qui lui est attribuable est de 13%, soit pour 2015 plus de 75 000 décès. Les fumeurs ont un risque de décès prématuré par maladie cardiovasculaire multiplié par trois.
L’arrêt du tabac doit être total
S’arrêter de fumer semble être facile puisque chaque année de très nombreux fumeurs le font. Malheureusement le maintien de l’abstinence tabagique est particulièrement difficile. La nicotine entraîne une addiction pharmacologique, une dépendance psychologique et comportementale. Dans la majorité des cas les tentatives d’arrêt se terminent par un échec et une reprise du tabagisme. Le test de Fagerström permet de mesurer cette dépendance à l’herbe que Jean Nicot rapporta du Portugal au seizième siècle. L’arrêt du tabac doit être total, car même une « petite cigarette » de temps à autre est nocive. Rapportée en 2018 dans le British Medical Journal, une méta-analyse de 55 publications avec 141 études de cohorte conclue : « Fumer seulement environ une cigarette par jour comporte un risque de développer une maladie coronarienne et un accident vasculaire cérébral beaucoup plus grand que prévu. Il n’existe pas de niveau de tabagisme sécuritaire pour les maladies cardiovasculaires. Les fumeurs devraient viser à cesser de fumer au lieu de réduire leur consommation ». Le sevrage durable est vraiment salutaire. Une étude publiée dans l’American Heart Association (AHA) a montré qu’après 15 ans d’arrêt du tabac le niveau de risque cardiovasculaire redevient celui d’un non-fumeur. Pour les cancers du poumon, le bénéfice est également très important comme l’a confirmé une enquête incluant 517 fumeurs, suivis pendant sept ans et ayant un cancer du poumon. Le sevrage tabagique permet une durée de survie bien plus importante, associée à une diminution du risque de mortalité toutes causes confondues.
Le sevrage tabagique demande un soutien
Pour une abstinence totale à long terme, le sevrage tabagique demande un soutien individualisé, prolongé pendant au moins 6 mois. L’aide d’un professionnel de santé augmente de 70% les chances de réussir son sevrage. La e-cigarette à base de nicotine , les produits nicotiniques de substitution (TNS), remboursés par la Sécurité sociale, aident efficacement pour arrêter ou réduire la consommation tabagique. Ils minorent la prise de poids, très fréquente pendant les 3 premiers mois après l’arrêt de la consommation tabagique. Dans la lutte contre la dépendance tabagique il faut se faire aider afin de modifier aussi son alimentation et de reprendre une activité physique personnalisée.
Encourager et accompagner les fumeurs pour aller vers le sevrage total fait parti du programme national de lutte contre le tabac. Son but, d’ici fin 2022 est d’abaisser à moins de 22 % la part des fumeurs quotidiens chez les 18-75 ans et à moins de 20 % la part des fumeurs quotidiens chez les adolescents de 17 ans…
Fumeurs, fumeuses profitez du mois de novembre pour protéger votre santé en vous inscrivant ici afin de relever le défi d’un mois sans tabac puis d’arrêter totalement !