Du 1er octobre au 28 novembre 2021 se tient à L’Apostrophe à Chartres, l’exposition “Dans la peau d’un arbre”, par l’enseignante chercheuse en biologie végétale Catherine Lenne. À travers une série de photos, elle nous propose de découvrir de plus près ces êtres vivants qui nous fascinent.
Par Lou Gasparini
Avec son laboratoire de recherches, le PIAF, Catherine Lenne démontre l’intelligence et la sensibilité des arbres. L’Arbre-Monde de Richard Powers, a permis au grand public d’avoir accès à cette information incroyable : les arbres communiquent entre eux. Ces êtres que nous savions déjà vivants, auraient alors une vie bien plus complexe que ce que laisse penser leur sage et apparente immobilité. À l’heure où la question animale s’installe plus que jamais dans le débat public, qu’en est-il des végétaux ? Serait-ce notre rapport au vivant dans son ensemble que nous devrions changer ? Le philosophe et conseiller scientifique pour l’exposition Nous les Arbres qui s’est tenue à la fondation Cartier du 12 juillet 2019 au 5 janvier 2020 Emanuele Coccia écrit dans l’article AOC « Les arbres disent nous » : « Tant que nous ne reconnaîtrons pas l’arbre en tant que personnalité juridique, tout sera inutile. »
La cécité botanique
En 1998, James Wandersee et Elizabeth Schussler ont mis en évidence le concept de « plant blindness », ou « cécité botanique » en français. C’est le fait de ne pas voir les végétaux qui nous entourent, de ne pas reconnaître en eux ce qui nous lie : la vie. Comme un tableau, presque comme une nature morte, ils font « partie du paysage », mais on ne les voit pas dans leur individualité et on ne voit pas en eux la richesse de vie qu’ils contiennent. Et pourtant, on l’apprend en primaire, les arbres sont essentiels à notre survie. Ils stockent le CO2 et produisent de l’oxygène par la photosynthèse, leur transpiration, leur ombre et le vent dans leurs feuilles nous tiennent au frais. Ce qui fait notre fierté de primates, notre pouce opposable, est le résultat de notre évolution au contact des arbres. Nos veines sont en ramifications. Notre vocabulaire pour parler de notre famille est une métaphore végétale : un arbre généalogique, nos racines, une branche de la famille etc.
La militante écoféministe indienne Vandana Shiva, reparlant de son expérience avec le mouvement Chipko, dit qu’elle se sentait ne faire qu’un avec la forêt, que ces arbres que l’on voulait abattre étaient une partie d’elle-même. Peut-être est-ce ce lien que nous devrions retrouver. Il semble que c’est ce que les botanistes cherchent à nous dire : peut-être que si nous connaissions mieux les arbres, si nous les reconnaissions comme nos égaux, nous les verrions et mettrions plus de cœur à les sauver.
Voir aussi :
L’Arbre-Monde de Richard Powers : https://www.lizzie.audio/content/7eee6742-02da-48d1-ae1f-c27c22fe3ee3
Dans la peau d’un arbre : secrets et mystères des géants qui vous entourent de Catherine Lenne : https://www.belin-editeur.com/dans-la-peau-dun-arbre
Les travaux de Catherine Lenne et du PIAF : https://www6.clermont.inrae.fr/piaf/Pages-personnelles/Catherine-Lenne