“Love”, le théâtre à vif au CDN Orléans

Jeudi et vendredi derniers, le CDN d’Orléans proposait “Love”, un spectacle venu d’Angleterre, mis en scène par Alexander Zeldin,   sur la vie dans un centre d’hébergement d’urgence de huit personnages en quête d’un logement. Dans une lumière froide de néon éclairant la scène comme la salle, ces naufragés ordinaires de l’aide sociale nous entraînent dans la difficulté à vivre cette promiscuité comme une double peine.

Par Gérard Poitou

“Love” Photo Nurith Wagner

Depuis les Work Houses du XIXe siècle, on connaît la dureté des services sociaux britanniques, et le cinéaste Kenneth Loach (dont le film “Moi Daniel Blake” sera reprogrammé aux Carmes) ne manque pas de nous rappeler cette réalité du libéralisme anglo-saxon. Mais le sujet de la mise en scène n’est pas vraiment là, les rapports avec les institutions restent extérieurs au plateau, seul leur récit rapporté nous donne quelques informations sur les démarches désespérantes de chacun avec les services du logement ou de l’agence pour l’emploi.

Le huis clos de la pièce, dans un naturalisme minimaliste se concentre sur les relations engendrées par la promiscuité imposée par la vie en foyer d’urgence de huit personnes: un couple avec deux enfants (remarquables), une vieille dame et son fils, et deux réfugiés, tous en attente d’une solution de logement.. Dans la mise en scène de cette salle commune qui nous laisse apercevoir par les portes entr’ouvertes, les restes d’intimité de chacun, les personnages dans l’intensité d’un banal quotidien vont se croiser, se regarder, se toucher, s’aimer enfin, dans la reconstruction d’une sociabilité contrainte. Le traumatisme de cette vie collective se forme, s’agrège, de détails relationnels en crises étouffées, la subtilité du propos est manifestement servie par la qualité des comédiens qui nous restituent dans une finesse théâtralisée, la lente usure d’une situation dont rien n’indique la fin.

Un théâtre témoignage qui magnifie l’amour comme ultime valeur de la vie sociale.

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