Le président socialiste Christophe Chaillou a été mis en minorité dans un vote important ce jeudi soir sur la redéfinition des compétences communautaires. Le clivage classique gauche-droite ou villes du sud contre villes du nord a repris le dessus. La gouvernance sera remise en cause lors d’une conférence des maires mercredi prochain. Démissionnera ou démissionnera pas ?
Par Jean-Jacques Talpin
Le BMX aura eu raison de Christophe Chaillou. Pour ceux qui l’ignorent encore le BMX est une discipline cycliste également appelée bicross à l’image du motocross mais en appuyant sur les pédales. Hier soir lors de la séance d’Orléans Métropole Christophe Chaillou aura été la victime indirecte d’un projet de piste BMX que l’on présente comme unique en France et situé à La Chapelle-Saint-Mesmin. Pourquoi la Métropole doit-elle financer cet équipement alors que dans le même temps elle se déleste de certains équipements et compétences qui vont revenir dans le giron orléanais ? Le débat d’hier soir portait en effet sur une nouvelle définition du périmètre de cette Métropole qui n’a plus les moyens de tout financer.
Elle veut donc se délester du musée des Beaux-Arts, du complexe du Baron, du parc floral et des clubs sportifs de haut niveau (basket et foot). Mais dans le même temps elle souhaite investir de nouveaux champs dans le domaine du sport (handball à Fleury et Saran, piste de BMX à La Chapelle) et des projets d’aménagement à Chécy et Combleux.
Serge Grouard abat ses cartes
« Incohérent» avait clamé mercredi dans nos colonnes le maire divers droite d’Olivet, Matthieu Schlésinger qui voit dans ces choix du « clientélisme au profit des villes de gauche ». Après cette première charge, Serge Grouard a sonné l’hallali ce jeudi soir. Pas question pour lui de parler de compétences sans lier ce débat à celui de la fiscalité (qui devrait augmenter) et du futur PPI (plan prévisionnel d’investissements) qui doit lister tous les projets à financer dans le mandat. « Cela ne passe pas à insisté Serge Grouard, ce PPI n’est pas financé sauf par une hausse sensible de la fiscalité (….). Je suis embarrassé. Et j’avoue mes doutes à finaliser ce PPI qui est la trame déterminante pour la suite de ce mandat bien entamé ». Michel Martin qui tient les cordons de la bourse a d’abord affirmé son « plus grand respect » pour M. Chaillou en refusant une éventuelle « intention politique de déstabiliser le président de la Métropole ». Mais il porte l’estocade : « on ne peut pas tout financer… ».
Démission ou pas de l’exécutif mercredi ?
La plupart des maires de gauche (Fleury, Chécy, La Chapelle sont alors intervenu pour saluer « le compromis » élaboré par Christophe Chaillou, pour lui apporter leurs soutiens face aux attaques de l’opposition de droite mais aussi pour défendre leurs projets qui doivent être communautarisés. Le président de la Métropole lui-même a voulu dénoncer les attaques de Matthieu Schlésinger : « pourquoi ces propos inacceptables et inadmissibles car non fondées ? Il n’y a pas de clientélisme en faveur des villes du nord au détriment du sud. Mais le Métropole ne sera pas mise en péril par une piste de BMX à 3 millions d’euros ».
Mais le vote est impitoyable : les délibérations de Christophe Chaillou sont rejetées par plus de 50 voix sur 89, tous les élus de droite (les groupes Grouard et Schlésinger) s’unissant contre la minorité de gauche. Déstabilisé Christophe Chaillou impose une suspension de séance avec une éventuelle démission à la clef. Il reprend finalement les débats tout en appelant ses collègues à « tirer collectivement les conséquences sur la façon de travailler ensemble avec des répercussions sur la gouvernance ». Ce débat sera tranché mercredi lors d’une conférence des maires où l’exécutif pourrait être remis en cause.
La naïveté de Christophe Chaillou
La Métropole connaît donc sa première crise d’adolescence, fruit d’abord d’absurdes marchandages politiques où un élu socialiste (Chaillou) a été élu à la présidence par une gauche minoritaire aidée par certaines voix de droite (Grouard) pour faire obstacle à un autre élu de droite (Schlésinger). Le vote d’hier soir a montré que la Métropole était majoritairement de droite et qu’un président socialiste pouvait apparaître comme une anomalie. Une rude épreuve pour la naïveté de M. Chaillou, président en liberté surveillée qui pensait peut-être que Serge Grouard serait un président délégué « dormant ». Mais cette crise de croissance traduit aussi l’incohérence dans la construction de la Métropole qui a voulu rayonner loin en voulant imposer un vaste droit de regard sur la vie de l’agglomération et que l’on déshabille aujourd’hui pour lui rendre un habit plus conforme à sa taille et à son rayonnement. La Métropole a pourtant fait ses preuves. Loin de la politique politicienne le coup d’envoi de la future faculté de droit, économie et gestion a été donné hier soir en choisissant le projet d’aménagement conçu par l’architecte Vincent Parreira. La séance d’hier soir n’aura donc pas été inutile…
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