Durement touché par une baisse de fréquentation due à la Covid, le réseau orléanais de transports urbains remonte lentement la pente. Face au mécontentement grandissant des usagers, la Métropole va investir lourdement dans une cinquantaine de bus neufs et dans un réseau revu et corrigé. Mais cela passera aussi par l’augmentation du versement transport payé par tous les établissements de plus de 11 salariés.
Par Jean-Jacques Talpin
Il y a quelques mois encore TAO, la Métropole d’Orléans et son exploitant Kéolis croulaient sous les pétitions, les critiques et les manifestations. Il est vrai qu’en quelques mois la situation s’était dégradée : retards, allongement des fréquences des bus, pannes diverses (certains bus avaient plus de 20 ans d’âge), manque de conducteurs, etc. « Nous avions conscience de ces difficultés, explique Christophe Chaillou, président d’Orléans Métropole, il fallait améliorer la qualité de service et moderniser la flotte ». Le vice-président aux transports Romain Roy s’est donc attelé, une fois passée la rocambolesque élection de Monsieur Chaillou, à une revue de service afin de proposer un nouveau réseau qui sera effectif au 1er janvier prochain. Certes on ne parle plus d’un réseau 100% électrique que souhaitait Olivier Carré mais on évolue désormais vers un « mix énergétique » équilibré avec des bus diesel, des hybrides circulant en partie aux biocarburants, des électriques et peut-être en 2023 des véhicules expérimentaux à hydrogène. Pour cela la Métropole va « mettre le paquet » en investissent 45 Millions d’euros pour l’achat de 55 bus dont 29 électriques et 23 hybrides.
Des économies mais plus d’impôts
De premiers résultats sont déjà apparus : baisse des taux de panne, augmentation du taux de passages, baisse des réclamations. Kéolis à même retrouvé un rythme de recrutement normal avec 78 chauffeurs embauchés cette année et 40 en 2022. Pour préparer ce nouveau réseau la Métropole a souhaité aussi ne pas augmenter son budget transports et même réaliser quelques économies en restructurant des lignes très peu fréquentées ou même en supprimant des dessertes hors temps scolaires. « Malgré tout, soupire Christophe Chaillou, nous sommes encore loin des chiffres de fréquentation de 2019 avec donc de grosses pertes de recettes qu’il faut combler. » Pour cela le président d’Orléans Métropole se dit favorable à l’augmentation d’un impôt, le versement transport que payent tous les établissements publics et privés de plus de 11 salariés au profit des transports urbains.
Des transports « ubérisés »
Le réseau va donc être restructuré début janvier prochain. Première amélioration : une fréquence de trams renforcée avec des passages toutes les 15 ou 20 minutes (au lieu de 30) en soirée de 21 à 24h30 les jeudis, vendredis et samedis. Deuxième point qu’apprécieront les étudiants, les fêtards et les noctambules : la création d’une ligne de nuit entre 0h30 et 4h30 (avec la présence d’un agent de sécurité à bord) pour desservir la Source, le centre-ville et Libération en terminus. Par ailleurs, des lignes fortes toutes les 10 minutes sont pérennisées tandis que des lignes scolaires sont adaptées aux heures de rentrée et de sortie des établissements. Mais la plus grosse évolution du nouveau réseau concerne la généralisation du transport à la demande dans les zones peu desservies par les bus. Ce réseau de TAD est étendu à 4 grandes zones de l’agglomération avec un service 7j/7 de 6 à 21 heures assuré par de petits véhicules souvent électriques (la flotte va passer de 20 à 40) assurant des liaisons entre des zones d’habitation et des points de connexion de bus ou de tram. « C’est notre uber de l’agglomération, se félicite Romain Roy, un service de taxi que l’on peut réserver 5 minutes avant son départ pour le prix d’un simple ticket. » Avec cette offre la Métropole espère multiplier par 2 ou 3 la fréquentation actuelle (500 à 600 voyages/jour) de ce TAD.
Conforter la place du vélo en ville
Pas de transports urbains sans mobilité douce et donc sans une place grandissante au vélo. La Métropole réserve chaque année un investissement de 5 millions d’euros dans les aménagements cyclables. Un montant difficile à dépenser (3 millions seulement cette année) et qu’il faut donc relancer et populariser avec la désignation prochaine d’un référent, un « monsieur vélo » dans chacune des 22 communes. Ces investissements payent avec une augmentation annuelle de 3 à 4% du nombre de cyclistes sur la Métropole. Révélateur encore : les passages de vélos sur le pont George V qui sont passés de 400 000 en 2010 à près de 800 000 l‘an passé. De nouveaux axes cyclables devraient rejoindre le réseau : rues Royale, Bannier ou boulevard de Québec. « Mais il y a 69 points durs dans l’agglomération qu’il faut solutionner, détaille Christian Dumas le « M. vélo » de la Métropole, nous les prenons les uns après les autres. » La pratique du vélo bénéficie aussi des aides à l’achat de vélos à assistance électrique ou cargos (442 aides cette année) et du renforcement du parc de Vélo+ qui va passer de 600 à plus de 1500 vélos.
Le grand chantier de la mobilité est donc engagé. Mais le réseau qui avait pris du retard, les efforts à mobiliser sont donc grands. Avec une priorité : reconquérir la clientèle, mécontente ou confinée, qui a fait défaut pendant plusieurs mois.
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